Ces derniers jours, le prix des œufs sur le marché a carrément explosé. Un seul œuf coûte désormais 20 DA, 22 DA, voire 25 DA. Quant au plateau de 30 œufs, il faut compter plus de 600 DA pour l’acheter. Ainsi, cette denrée de base du régime alimentaire des Algériens et qui constituait naguère « la source de protéines du pauvre » est en passe de devenir, à l’instar de la viande rouge, un produit de luxe.
Face à cette situation, pour le moins, déconcertante, surtout avec le mois de Ramadan qui approche à grands pas, le dialogue entre les producteurs et les consommateurs est rompu. Les premiers justifient cette augmentation sans précédent par le renchérissement des prix de l’aliment pour volaille sur le marché mondial ; mais les seconds ne l’entendent pas de cette oreille, et les appels au boycott pour « dénoncer la spéculation » se multiplient sur les réseaux sociaux…
Les aviculteurs invoquent la hausse du prix de l’aliment pour volaille sur le marché international
Dans une déclaration au journal El Khabar, le porte-parole de la Fédération nationale des aviculteurs, Djeloul Boudaoud, a attribué la flambée du prix des œufs au fait que le coût de l’aliment pour volaille a quasiment doublé sur le marché international ces dernières semaines. Une hausse qui a fait le prix du plateau d’œufs sur le marché de gros à 570 DA.
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D. Boudaoud a fait savoir que les prix des différents types d’aliments pour volaille sont passés de 3500 dinars le quintal en 2021 à 7500 DA, voire 8000 dinars le quintal dernièrement. Ce qui a porté un sérieux préjudice aux éleveurs et a contraint les plus petits d’entre eux à cesser leur activité. Le nombre de poules pondeuses en Algérie a ainsi chuté de près 40 millions en 2019 à environ 8 millions actuellement. À cela s’ajoutent les maladies, en particulier la grippe aviaire, qui nécessitent l’imposition d’un vide sanitaire pouvant aller jusqu’à six mois.
Toutefois, le porte-parole de la Fédération des aviculteurs s’est voulu rassurant pour l’avenir. Il affirme en effet que les prix des œufs allaient baisser avec l’avènement du Ramadan à 15 DA ou 17 DA l’unité. Il souligne que les poules pondeuses que les éleveurs installent actuellement dans les poulaillers entreront en production dans environ 4 mois. Cela garantira, selon lui, la disponibilité des œufs en quantité suffisante pour ramener les prix à un seuil raisonnable. D. Boudaoud ajoute que le poulet destiné à la consommation nécessite seulement 40 jours pour arriver à maturité, ce qui explique la stabilité de son prix sur le marché.
Les associations de consommateurs, à leur tête l’Apoce, appellent au boycott
Ces arguments ne semblent cependant pas convaincre les citoyens et les associations de protection du consommateur. Ainsi, plusieurs pages Facebook, nationales et régionales, ont décidé de lancer une vaste campagne de boycott des œufs avec le hashtag #n’achetezpaslesoeufs (en arabe #لا_تشتروا_البيض).
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Un appel qui a fait écho chez l’Association de protection et d’orientation du consommateur, l’Apoce. Celle-ci a déclaré ce soir, via une publication sur sa page Facebook officielle, qu’elle soutenait la campagne de boycott. « L’Apoce annonce son soutien total aux campagnes de boycott que certains ont lancées sur les réseaux sociaux », peut-on lire dans le communiqué. L’Apoce ajoute : « Le boycott est l’arme du consommateur pour changer la réalité et dénoncer les situations qui portent préjudice à son pouvoir d’achat ».
De son côté, le président de l’Apoce estime que la courbe ascendante que prennent les prix des œufs devient un phénomène « très inquiétant » attendu qu’aucune mesure à même de garantir la disponibilité et la stabilité des prix du produit n’est en vue. Mustapha Zebdi a conclu son intervention en appelant les acteurs de la filière avicole à « trouver des solutions dans les plus brefs délais », car le mois de Ramadan, période durant laquelle la demande pour les œufs s’accroît, approche à grands pas.