Prix des produits alimentaires : Le gouvernement annonce… le marché décide

Prix des produits alimentaires : Le gouvernement annonce… le marché décide

Les prix des produits alimentaires s’envolent. Les commerçants annoncent d’ores et déjà les couleurs. Les ménages, quant à eux, commencent à s’inquiéter. La situation, si les choses restent en l’état, n’est guère rassurante pour un Ramadhan moins onéreux.

Aujourd’hui le constat est là : la tomate est affichée à l’ordre de 40DA/kg, la pomme de terre est cédée à 40DA/KG, la salade à 60DA. Les viandes ne sont pas en reste : le poulet évidé frôle la barre de 280DA/kg, les viandes rouges oscillent entre 650DA et 900DA, la dinde est affichée à 700DA. Même le congelé, considéré jadis comme étant un refuge par excellence pour les ménages, est loin d’être à la porté des consommateurs.

Ces derniers auront, sans conteste, à se mordre les doigts pour se les procurer. Les différents intervenants de l’activité du producteur aux commerçants en passant par les ministères concernés, en l’occurrence le commerce et l’agriculture, se rejettent la balle dans leur tentative d’expliquer le pourquoi du comment de la hausse.

Chaque partie se dédouane de la situation, imputant la responsabilité à l’autre. Les commerçants du détail estiment que les prix sont également élevés au niveau des marchés de gros. Les grossistes indiquent qu’eux même achètent au prix fort auprès des producteurs.

Ces derniers soutiennent que les prix appliqués à leur niveau sont raisonnables et que ce sont les marchands, forcément tentés par un gain rapide, qui procèdent à des augmentations qui restent à la fois incompréhensibles et injustifiables.

Un autre paramètre important, lui aussi, revient toujours dans le raisonnement des commerçants à chaque fois que la question des hausses des prix refait surface : le marché. Aux dires des marchands, et c’est devenue une constante, les prix «sont libres et décidé selon la loi de l’offre et de la demande».

L’État qui est censé, et c’est sa mission de régulateur, d’intervenir afin de stabiliser un tant soi peu la flambée des prix, s’est vu transmuter, au grand dam des ménages mais au grand bonheur des commerçants, à un spectateur sans daigner bouger le petit doigt, du moins jusque-là, pour y remettre de l’ordre.

Laissant ainsi les prix poursuivrent leur voie ascendante pour toucher sous peu les « plafonds », si des mesures ne sont pas prises, dans le vif, par le gouvernement. Et pourtant, les déclarations, dans ce sens, sont légion…

AU-DELÀ DE L’EFFET D’ANNONCE

Le ministre du Commerce, Mustapha Benbada a indiqué récemment que le gouvernement va sévir pour réguler le marché. Il a mis en exergue, devant les députés à l’Assemblée populaire nationale (APN) son tout « new » plan d’action. Celui-ci est basé sur trois points : plafonnement, fixation et l’homologation des prix.

Le premier responsable du secteur est serein : le marché sera maîtrisé. La flambée qui le caractérise ne serait qu’un mauvais souvenir. Mais voila que l’application de ce fameux plan, tant attendu, n’est pas prévues pour ce Ramadhan ni encore moins pour les tout prochains mois. Mauvaise nouvelle pour les ménages.

Ces derniers devaient, une fois de plus, faire un effort financier pour pouvoir s’approvisionner, à leur aise, en produits alimentaires de base. Et ce n’est assurément pas la décision de l’État de miser sur l’importation qui mettra les pendules à l’heure en matière des prix notamment en ce qui concerne les produits de large consommation durant le Ramadhan. Et ce pour la simple raison que les ménages soulèvent d’ores et déjà des doutes sur la qualité des produits importés.

Et quand les doutes s’installent, il est tout à fait légitime de s’interroger sur le sort de cette opération qui, de l’avis de certains commerçants, est vouée d’avance à l’échec. Alors que son objectif primordial est de venir en aide à la production locale qui peine à satisfaire la demande provoquant, ainsi, cette «folie» des prix. Il faut rappeler que la situation qui prévaut aujourd’hui dans les marchés n’est pas sans donner matière à réflexion au gouvernement.

Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait même souligné que la loi de l’offre et de la demande ne veut pas dire « anarchie » et que les règles du marché se doivent d’être bien clarifiées à même de permettre à tout le monde, commerçants et consommateurs, de trouver leurs comptes dans un marché onéreux.

C’est ainsi, qu’il mit en lumière la révision de Code de commerce en vigueur. Au jour d’aujourd’hui, les choses n’ont pas bougé d’un pouce. La flambée des prix occupe une bonne partie des discussions des citoyens.

Ces derniers continuent de payer très cher leurs courses quotidiennes à telle enseigne que le marché leur fait…peur. C’est pourquoi, ils estiment qu’ils n’accordent que peu d’intérêt et d’attention aux différentes déclarations des membres du gouvernement. Pour eux, il s’agit plutôt des «effets d’annonce dont il faut se méfier», avertit le plus « naïf » des consommateurs.

Amokrane Hamiche