Même si des citoyens font état d’une baisse sensible à l’approche de la fête de l’Aïd, et qu’une certaine accessibilité des prix des moutons a été constatée, particulièrement ces deux derniers jours, désormais du côté des pères de famille, place à la réticence avant de s’engager à acquérir la bête plusieurs jours avant l’Aïd. Renseignements pris, aucune baisse considérable n’est encore venue égayer les acheteurs.
Abdelhalim Benyellès – Alger (Le Soir) – A l’instar des années précédentes, la fête de l’Aïd el-Adha rime avec la flambée de la mercuriale de tous les produits alimentaires et où le prix du mouton n’est pas en reste. Les avis des citoyens divergent entre ceux qui considèrent que, cette année, les bêtes demeurent inaccessibles, et ceux qui estiment que les prix sont alignés sur ceux de l’année précédente. Tandis que d’autres préfèrent attendre le dernier jour pour s’offrir un mouton à leur portée.
Cependant, ce qui mérite d’être signalé particulièrement cette année, c’est l’abondance du cheptel. Il suffit, à titre d’exemple, d’emprunter les routes menant vers les localités de Bouchaoui et de Souidania pour constater de visu la multiplication des points de vente improvisés dans des pâturages, ou même dans des garages, aménagés pour l’occasion, bien que la vente en dehors des marchés formels soit interdite. Sur place, les vendeurs, qu’ils soient éleveurs ou revendeurs, assurent qu’ils disposent de produits accessibles à toutes les bourses. Mais c’est l’éleveur qui se montre le plus sensible à la préoccupation des pères de famille, en pointant un doigt accusateur en direction du revendeur, comme étant à l’origine de la hausse des prix décriée chaque année.
Un éleveur, rencontré dans un carré improvisé peu avant Souidania, juge que le prix du mouton varie selon le goût de l’acquéreur. «Un mouton moyen est fixé à 40 000 DA ou un peu plus, mais pas moins», nous signifie-t-il, tout en considérant que le bénéfice récolté n’est guère exagéré, eu égard aux multiples charges d’élevage et de nourriture des bêtes. Son compagnon enchaîne en nous affirmant qu’il s’étonne de ceux qui prétendent acquérir une bête à 30 000 DA. Cependant, le même interlocuteur n’écarte pas les baisses attendues les jours à venir et, notamment, juste à la veille du jour du sacrifice.
Il s’agit là d’une thèse convaincante si l’on prend en compte la multiplication des enclos improvisés au bord des routes par les revendeurs. D’autant plus qu’à quelques jours seulement de l’Aïd, l’engouement n’est guère significatif. Un père de famille, habitué aux bonnes affaires en cette circonstance, promet des baisses allant jusqu’à 5 000 DA ou un peu plus.
Il faut noter, d’autre part, que les discussions qui avaient plongé les acquéreurs dans la désolation étaient animées par la frénésie qui a marqué le week-end dernier, annonçant des hausses surprenantes variant entre 65 000 DA et 80 000 DA pour l’acquisition de l’animal. Chose qui a, en quelque sorte, alimenté la rumeur de la frénésie insoutenable qui a marqué l’Aïd el-Adha 2018, jugent certains au fait du marché à bestiaux.
Enfin, ce qui mérite d’être noté, c’est que jusqu’à hier mercredi, les souks n’ont pas désempli, alors que le taux de vente n’a pas atteint les espérances des maquignons, nous affirme un témoin, qui dit temporiser encore quelques jours avant de prendre la bonne décision. Il s’agit là d’un message significatif qui dénote le degré de résistance de l’acheteur face à la loi des revendeurs spéculateurs « véreux ». Ces derniers sont accusés comme étant à la source de tous les malaises qui guettent les pères de famille en pareille circonstance.
A. B.