Trois heures d’entretien avec son homologue Sergueï Lavrov suivies de trois heures de discussion avec le président russe Vladimir Poutine, tel est le premier constat de la visite mardi à Moscou du secrétaire d’Etat américain John Kerry.
Trois heures d’entretien avec son homologue Sergueï Lavrov suivies de trois heures de discussion avec le président russe Vladimir Poutine, tel est le premier constat de la visite mardi à Moscou du secrétaire d’Etat américain John Kerry, venu préparer la réunion «cruciale» de demain, à New York, consacrée à la Syrie.
Contrairement à ce qui a été annoncé, aucun progrès n’a été obtenu depuis les rencontres du 30 octobre puis du 14 novembre à Vienne dans le cadre du processus de règlement du conflit syrien selon les propositions des pays occidentaux.
L’objectif des Américains, fort des recommandations issues de la réunion trois jours plus tôt à Paris, entre pays occidentaux et pays arabes du Golfe, était de tenter un rapprochement des points de vue afin de relancer efficacement le processus diplomatique qui bute sur plusieurs points d’achoppement.
Au final, il a été convenu de poursuivre le dialogue lors de la tenue à New York de la conférence ministérielle du groupe international, composé de 17 pays dont la Russie et l’Iran pour affiner la feuille de route politique adoptée le 14 novembre dernier à Vienne qui demeure sujette à caution tant que le régime de Bachar al Assad n’a pas donné son aval à des pourparlers avec l’opposition.
Soucieux de brûler les étapes et de mettre en quelque sorte la Syrie au pied du mur, les Etats-Unis et les pays occidentaux, suivis pas à pas par les pays du Conseil du Golfe qui viennent de s’illustrer par la création d’un Otan musulman dont la finalité sera de contraindre la «menace» chiite dans la région moyen-orientale, cherchent à obtenir l’aval de la Russie pour la présentation d’un document contraignant au Conseil de sécurité de l’ONU, un projet de résolution plus exactement, entérinant la somme des «principes établis par les documents de Vienne».
Lavrov aurait réservé sa décision, sans manifester pour autant une franche hostilité. Or, à Vienne comme à Moscou, les questions essentielles de la qualification des groupes armés présents sur le terrain en Syrie sont loin d’être réglées et la détermination des représentants de l’opposition appelée à négocier avec le régime de Bachar al Assad en reste largement tributaire. Si pour Al Qaîda et Jabhat Al Nosra, la cause est entendue, les autres factions sont encore appréciées différemment selon que l’on se place du point de vue syro-irano-russe ou du point de vue des coalisés. Convaincu que, demain, à New York, sera scellée une décision commune entre les deux camps, John Kerry veut faire table rase des sujets qui fâchent pour sortir des débats avec la consécration des principes édictés à Vienne, à savoir une rencontre début janvier entre les représentants de l’opposition et ceux du régime syrien, la mise en place d’un gouvernement de transition dans les six mois et des élections dans les 18 mois.
Tout en admettant que le sort de Bachar al Assad continue à les diviser, Lavrov et Kerry ont affiché un certain optimisme pour laisser entendre que ce différend ne doit pas contrecarrer les discussions, alors même que les Occidentaux demeurent certains quant à son retrait forcé après la résolution de toutes les autres entraves.
«Aujourd’hui nous ne nous sommes pas concentrés sur nos divergences à propos de ce qui peut et ce qui ne peut pas être fait immédiatement au sujet d’Assad, nous nous sommes concentrés sur le processus politique au moyen duquel les Syriens pourront prendre des décisions sur l’avenir de la Syrie», a dit John Kerry qui n’a pas manqué de critiquer les Russes sur les cibles de leurs bombardements, des groupes armés «modérés». Ce à quoi Sergueï Lavrov a répondu qu’il «reste encore du travail» pour une véritable approche commune du problème syrien.