Même s’il ne l’a pas dit ouvertement, Abdelaziz Derdouri l’a néanmoins pensé. L’Algérie est loin, très loin même, d’être incorporée dans la Toile mondiale.
C’était hier matin lors de la conférence-débat que le P-DG du SSRI (Société de sécurité des réseaux informatiques) a animé au centre d’études stratégiques d’Echaab.
Centrée sur “la cybersécurité : une menace pour les citoyens ?” la rencontre a surtout prévalu par les nombreux chiffres et définitions lancés par Derdouri et que beaucoup parmi les présents semblaient mal assimiler.
L’urgence de l’élaboration d’une politique nationale concrète de cybersécurité a été longuement abordée par le conférencier. Une action qui serait le meilleur rempart, selon lui, contre les attaques cybernétiques dont la proportion ne cesse d’augmenter au fil des années, des mois… des heures. Cependant, l’Algérie semble surfer sur d’autres vagues.
Tout au long de son intervention, le P-DG de SSRI s’est rarement penché sur le plan local et les attaques virtuelles qui menaceraient le pays. Pourtant, lors du débat, il a été à plusieurs reprises interpellé par les présents. À chaque fois il avait du mal à “répliquer”, se contentant de réponses vagues.
Les seuls points dans lesquels il a cité l’Algérie étaient quelques tableaux comparatifs. Ainsi, sur le nombre des internautes, les DZ sont quatrièmes en Afrique. Avec 3,5 millions “branchés”, l’Algérie est bien loin devant les 10 millions de l’Égypte et du Nigeria. Un chiffre qui, bizarrement, est le même donné par l’UIT (l’Union internationale des télécommunications en… juin 2008. Deux ans après, le nombre devrait logiquement être plus important.
À plus grande échelle la tendance est encore au plus bas. D’ailleurs, le pays musulman qui a le plus grand nombre d’internautes est l’Iran avec 30 millions (11e mondialement). Toutefois, il est mentionné que l’Algérie a adopté en juillet 2009 une loi sur la cybercriminalité “mais elle reste incomplète”, précisera Derdouri.
Ce manque de données est-il étonnant ? En se penchant sur la définition même de la cybercriminalité, l’“inspiratrice” de la cybersécurité, tout devient plus clair. La réalité du terrain est là, flagrante et désolante. L’Algérie ne peut même pas aspirer à subir une cyber attaque.
Les institutions du pays sont aussi éloignées des attaques virtuelles que des performances. Le meilleur exemple visuel reste les sites Internet des organismes gouvernementaux. Néan-moins, le citoyen lambda reste le plus menacé. Le P-DG de SSRI l’a également noté : “Le citoyen doit prendre certaines mesures pour se protéger.
” Les boîtes de réception des émails sont les plus vulnérables et les plus faciles pour les hackers, algériens ou étrangers.
Des menaces qui ne pèsent aucunement devant l’ampleur de ce qu’a désigné Derdouri les “armes d’interruption massive”. Un nom faisant évidemment référence aux fameux ADM (armes de destruction massive) chers à Bush. D’ailleurs, le conférencier était beaucoup plus à l’aise avec la situation aux états-unis “parce que c’est un pays dont on peut avoir les chiffres plus facilement”, dira-t-il.
Il mentionnera ainsi : “Le pays le plus dangereux pour les réseaux d’ordinateurs n’est pas la Chine mais les États-Unis avec 36%.” Insistant sur l’importance de la cybersécurité, le P-DG de SSRI parlera longuement des expériences établies dans les “autres pays”, que ce soit sur le plan civil ou militaire. Concernant l’Algérie, il s’agit encore une fois d’un secteur qui semble “échapper” à la concrétisation palpable. “C’est une question de vouloir et non de capacités”, phrase de Derdouri à méditer.
Salim Koudil