L’acquittement des accusés dans le procès du « complot contre l’État et l’armée », a fait couler beaucoup d’encre, dès la prononciation du verdict le samedi 2 janvier par le tribunal militaire de Blida.
En première instance, les quatre intervenants à la réunion du 27 mars 2019 ont été jugés sur la base des articles 284 du code de procédure militaire (portant sur l’atteinte à un commandement de formation militaire), l’article 77 du Code pénal (portant sur l’intention de perpétrer un attentat) et l’article 78 (portant sur la préparation d’attentat).
Pour plusieurs avocats, notamment ceux mandatés par les mis en cause, il est inconcevable de porter des accusations d’attentats ou de complot contre eux. D’ailleurs ils se sont félicités tous du verdict en appel de la cour militaire de Blida.
Me Miloud Brahimi estime dans ce sens que « c’est grossier ». « Pouvons-nous entrevoir Louisa Hanoune préparer un attentat, ou Saïd Bouteflika complotant contre le régime mis en place par son frère ? », s’est-il demandé dans une déclaration rapportée par le Soir d’Algérie.
« Un dossier vide »
Pour lui, « le vrai problème qui se pose n’est pas de savoir pourquoi il y a eu acquittement, mais plutôt comment on a pu en arriver à cette histoire ». D’emblée, il souligne que « l’Algérie nouvelle a besoin d’une justice nouvelle, c’est celle qui a rendu son verdict hier (samedi NDLR) ».
L’avocat espère encore de voir la dernière décision du tribunal militaire de Blida « inspirer les juges dans les délits d’opinion et les délits liés à l’acte de gestion qu’il faut absolument dépénaliser ».
D’ailleurs, continue Me Miloud Brahimi, « le président de la République a lui-même demandé à ce que cela soit dépénalisé, nous attendons, car de nombreux cadres se trouvent aujourd’hui en prison pour ces raisons ».
À titre d’exemple, il cite « Khalida Toumi se trouve en prison pour cela uniquement. Youcef Yousfi est, lui aussi, incarcéré pour avoir géré comme il l’a su, comme il l’a pu. Tout cela est à revoir, et encore une fois, il n’y aura pas d’Algérie nouvelle sans une justice nouvelle ».
Pour sa part, Me Ksentini en sa qualité d’avocat du Général Toufik réitère, selon ce qu’a rapporté le même journal, que le dossier en question était vide, et « on ne peut pas gérer avec des sentiments épidermiques ».
« J’ai toujours dit que ce dossier était vide. Trois personnalités se sont réunies à une période sensible du pays pour discuter, il n’y a rien de plus normal. Pour ce qui est de mon client, il a été invité compte tenu de son expérience ».
C’est le constat qu’a avancé également Me Mokrane Ait Larbi. « Le dossier était vide, ni plus ni moins. Dans les premiers procès, les juges ont décidé de condamner, ce samedi, d’autres juges ont décidé de ne pas condamner », a-t-il affirmé.
« Un dossier politique »
Me Fatiha Chellouche dira pour sa part qu’il ne s’agit pas du tout de « complot », mais plutôt d’une affaire « politique ». À titre d’exemple, elle cite le cas Louisa Hanoune.
« Prenons le cas de Louisa Hanoune. C’est une personnalité politique, un chef de parti. Le pays était dans une situation très tendue et il était légitime qu’elle puisse prendre part à des discussions auxquelles elle a été invitée, ce n’est pas un complot ça… ».
Pour sa part, Me Berghel déclare que « lorsque nous avons eu accès au dossier de Blida, nous avons vite compris qu’il ne reposait sur aucun élément constitutif. Il y avait ordre établi. Il fallait frapper l’imagination des Algériens. Il fallait s’attaquer aux symboles ».
Selon lui, « nous avons toujours dit que le dossier était vide, le temps nous a donné raison. Aujourd’hui, il est du devoir des autorités de réfléchir, car la justice n’a jamais réglé de problèmes de gestion ou de politique ».