L’ancien Ministre de l’Industrie, Youcef Yousfi, a été entendu, ce dimanche, 10 janvier, à la Cour d’Alger, lors du procès en appel des deux anciens Premiers Ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, dans l’affaire du montage automobile et du financement occulte de la campagne présidentielle de 2019.
Selon les informations rapportées par nos confrères de Liberté, après l’audition de l’ancien Premier Ministre Abdelmalek Sellal, la Présidente de la séance a appelé à la barre l’ancien Ministre de l’Industrie, Youcef Yousfi, accusé de « détournement de deniers publics », « abus de pouvoir », « corruption dans les marchés publics » et « octroi d’indus avantages », afin qu’il s’explique concernant sa gestion du dossier de montage automobile entre 2017 et 2019.
« Quand je suis arrivé au Ministère de l’Industrie, en octobre 2017, j’ai trouvé les dossiers dans un état lamentable. Les opérateurs entraient et ressortaient comme bon leur semblait. J’ai limogé la Secrétaire générale, Rabéa Khalfi », a-t-il soutenu en affirmant que « sa priorité était de mettre de l’ordre ».
Interrogé sur la nouvelle liste de 40 opérateurs établie par son département, alors que le décret de 2017 régulant l’activité du montage automobile limitait le nombre d’investisseurs à 5+5, Yousfi a fait savoir que « cette liste a été établie par la Commission d’évaluation technique dans le but d’encourager et de lutter contre le monopole ».
« L’essentiel pour moi était de produire un véhicule de qualité répondant aux normes internationales. Il fallait, pour cela, encourager les investissements dans ce secteur, en luttant contre le monopole qui risquait de se mettre en place avec le 5+5, d’où l’idée de confectionner un nouveau cahier des charges permettant à d’autres opérateurs d’investir dans le montage automobile », a-t-il encore indiqué.
« Je reconnais que c’était une erreur »
Tout en reconnaissant que l’établissement de cette liste de 40 opérateurs était une erreur, l’ancien Ministre de l’Industrie s’est justifié en affirmant qu’ « ils étaient obligé de prendre un nouveau décret », soulignant qu’ « il avait agi en tant que Ministre, avec des prérogatives, dans le seul objectif de diversifier l’industrie et de développer l’économie nationale ».
Par ailleurs, et concernant le dossier d’Ahmed Mazouz, la juge a interrogé Yousfi sur « le lien entre le dépôt d’une somme de 39 milliards de centimes par Ahmed Mazouz, le 19 février 2019, à la Direction de la campagne pour le 5e mandat de l’ancien Président déchu, Abdelaziz Bouteflika, et la signature, le lendemain, de la décision technique, au Ministère de l’Industrie, en faveur du dossier de l’opérateur ».
« Est-ce une coïncidence ? Vous a-t-on appelé pour signer ? », lui a demandé la juge. À cette question, Youcef Yousfi s’est contenté de dire qu’ « il n’avait pas entendu parler de cette affaire ». « Je n’ai aucun lien avec les opérateurs. J’étudie uniquement leurs dossiers. Je n’entretiens aucun rapport particulier avec les investisseurs », a-t-il avancé.