Le procès l’ex-directeur de la Résidence d’État de « Moretti », Hamid Melzi, souvent qualifié de « la boite noire » de l’ancien régime de Bouteflika, a été ouvert hier au tribunal de Sidi M’hamed. Les deux anciens premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal étaient également présents.
L’audience d’hier a connu de vives confrontations entre les principaux accusés, tantôt avec le juge tantôt avec le procureur de la République. L’affaire concerne plusieurs grands projets ayant englouti des sommes faramineuses sans qu’ils soient réalisés effectivement sur le terrain.
Il s’agit, entre autres, de la réalisation d’un important parc d’attraction aux normes internationales, d’un grand centre de données internet (Data Center) au niveau de Lakhdaria dans la wilaya de Bouira, l’aménagement de la résidence d’État « Djenane El Mithak » et un nouveau siège pour Air Algérie. Ces projets se sont ensuite avérés que de purs mensonges.
Lors de son audition, l’ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal a souligné qu’il n’était absolument pas concerné par le dossier et qu’il est passé du jour au lendemain de témoin dans l’affaire à accusé. Il déclare d’emblée : « Vous devez me remercier, mais pas me poursuivre ».
Sellal : « je me suis efforcé de préserver l’argent public »
En effet, et après avoir entendu les accusations portées à son encontre, il déclare à l’adresse du juge : « je rejette toutes ces accusations. Je ne suis pas concerné par cette affaire ; je juge instructeur m’avait convoqué comme témoins pour que je me retrouve ensuite accusé ».
Répondant aux accusations le concernant lorsqu’il était à la tête du Conseil des participations de l’État (CPE), Sellal ajoute qu’il devait plutôt être remercié, car « j’ai accompli mes responsabilités ». « Tout au long des années où j’ai occupé de hautes responsabilités, me suis efforcé de préserver l’argent public », a-t-il martelé.
À propos de l’octroi du marché de réalisation des chalets à la résidence de l’État, le juge demande des explications au prévenu. Sur ce, ce dernier affirme qu’en tant que haut responsable de l’État, « la justice n’a pas le droit de me juger. Seuls le président de la République et le parlement le pouvaient ».
Continuant dans ses déclarations habituelles, l’ancien premier ministre ajoute : « je n’avais jamais enfreint la loi, et n’avais jamais fait du tort à personne. Je n’avais fait emprisonner personne … ».
Interrogé sur les biens dont il disposait, Sellal déclare à l’adresse du juge : « je défie quiconque s’il trouve que je détiens des biens. Je n’ai qu’un appartement et mon fils a un travail en dehors du gouvernement. Ils sont arrivés jusqu’à évoquer les biens de mon défunt père ».
« Mon épouse était Directrice à Algérie Poste et conférencier international, du coup, elle pouvait largement me prendre en charge. Elle avait une maison à son nom. Et je n’avais qu’une seule entreprise ».
Ouyahia : « je n’avais jamais octroyé d’indus avantages »
Pour sa part, l’autre accusé, en l’occurrence Ahmed Ouyahia, a également nié catégoriquement toutes les accusations portées à son encontre, notamment la dilapidation de deniers publics.
« Je rejette toutes les accusations. J’avais effectué mes tâches en tant que chef de gouvernement et je n’avais jamais octroyé d’indus avantages d’autant que je n’avais signé aucun accord ou marché », a-t-il déclaré au juge.
Le prévenu continu : « je n’avais pas dilapidé de deniers publics, au contraire j’ai préservé l’argent qui était en danger de dilapidation, que ça soit concernant le parc de Ben Aknoun ou le projet du nouveau siège d’Air Algérie ». Selon lui, le procès en question « contient 5 dossiers, dont trois qui ne me concernent pas ».
Concernant le projet (Data Center) de Lakhdaria à Bouira, Ouyahia a accusé l’ancienne ministre de la Communication Houda-Imane Feraoun. « Nous avons été sur le point de réaliser une coopération avec une société chinoise dans le cadre du projet présenté par la ministre des TIC. Ensuite, elle n’a jamais reparlé de ça ».
Précisant qu’il s’agit du projet d’un groupe économique public, joignant Mobilis et Algérie Télécom, il ajoute que ce n’est pas des prérogatives du Premier ministre de suivre les projets sectoriels, qui renvient exclusivement aux ministres ».
S’agissant du projet du Parc de Ben Aknoune, il déclare que ce dernier « était affilié au Ministère de l’Agriculture et était dans un état d’abandon et de faillite ». « Avec les services du même département et moi-même, nous avons été informés des problèmes du parc », a-t-il ajouté.
Ensuite, continu Ouyahia, « j’ai contacté Hamid Melzi de manière informelle et nous avons discuté de la question. Un mois après, il m’a répondu de manière officielle, où il m’a dit que l’Entreprise pouvait gérer le Parc ». Suite de quoi, « j’ai décidé de ne plus transférer le Parc aux prérogatives de la wilaya et d’effacer ses dettes, qui avaient été prises en charge par le Conseil national de l’investissement ».