À titre d’illustration, l’œuf, qui valait 9 à 10 DA l’unité, est passé à 15 DA. “Mais, ce n’est pas à l’unité que l’on ressent cette augmentation, c’est au plateau qui augmente de 80 DA”, nous avertit un gérant de supérette à Alger. Le prix du poulet également prend son envol, narguant du haut de ses 350 DA les petits consommateurs qui n’ont plus que leurs yeux pour pleurer.
La même tendance à la hausse a touché les légumes secs, notamment les lentilles qui passent de 160 à 200 DA le kg ; idem pour les pois chiches dont les prix de cession sont repartis à la hausse, soit à hauteur de
150 à 200 DA, en vrac. Parce que les produits sont encore plus chers lorsqu’ils sont présentés dans un conditionnement en plastique. Les couches bébé, le lait en boîte ont vu leurs prix augmenter en moyenne de 10 DA, sans omettre de citer les conserves, les bonbons, etc.
De quoi donner le tournis aux ménages économiquement faibles. Évoquer les raisons de cette flambée subite des prix tient d’un défi que d’aucuns ne peuvent relever, sans risque de se tromper. Sauf pour les initiés, notamment Hadj Tahar Boulanouar, président démissionnaire de l’UGCAA, pour lequel cette flambée des prix n’a pas de secret.
Il estime qu’elle est le fruit d’une conjonction de facteurs, notamment la dévaluation du dinar, l’inflation et la spéculation. Pour cause de dévaluation du dinar, n’y ont pas échappé non plus tous les produits fabriqués localement à partir des inputs importés de l’étranger et ceux conditionnés dans des emballages en plastique, en raison de la hausse des prix de cette matière sur les marchés mondiaux.
S’agissant de l’œuf, les raisons principales sont à rechercher du côté de la hausse de la demande, surtout durant cette période qui s’accompagne de la reprise des activités de restaurants universitaires et cantines scolaires, aux besoins grandissants en ces matières.
Sans omettre de citer les conditions atmosphériques, notamment les pluies qui occasionnent des pertes de poulets de chair, spécialement les aviculteurs qui utilisent des moyens traditionnels pour le chauffage, en sus du renchérissement de la matière première (l’aliment), du reste trop chère car importée. Et pour clore le tout, le monopole du marché, détenu par de gros commerçants qui se sont érigés en seuls revendeurs, est le passage obligé pour tout producteur désirant écouler son produit.
En obligeant plusieurs producteurs à leur vendre leurs produits, ces “grosses légumes” auront ensuite toute latitude de moduler les prix à leur guise. Pour 2016, “il faudra s’attendre à une autre augmentation plus conséquente en raison de l’entrée en vigueur de la loi de finances, qui prévoit des hausses des tarifs des produits énergétiques, essence, gasoil et électricité”, dira notre interlocuteur. “En renchérissant, ces produits ont entraîné la hausse des produits transportés, y compris celle des activités commerciales des services, notamment les agences de voyages, les agences immobilières et même les taxiphones”, a-t-il poursuivi, en voulant pour preuve que cela fait quelques jours, les représentants des transporteurs de voyageurs, de marchandises et les taxieurs ont, pour leur part, menacé de réviser à la hausse les tarifs de leurs prestations. Mais le consommateur n’est pas au bout de ses peines.
Cette courbe ascendante va se poursuivre, voire s’aggraver encore, à court terme, avec l’entrée en vigueur de la nouvelle loi de finances 2016. Et “s’il y a une autre évaluation, les prix doubleront”, avertit notre interlocuteur.