L’activité de montage d’appareils électroniques, électroménagers et IT & Mobile se dirige vers l’arrêt d’activité dans les semaines à venir. Ce sont quelque 40 000 employés de cette filière qui risquent de se retrouver au chômage suite à l’introduction du mode de paiement différé de neuf mois pour les importations des kits SKD-CKD, en remplacement du paiement cash.
Après une correspondance adressée au ministre des Finances, le 7 octobre, le collectif des fabricants de produits électroniques et électroménagers est revenu, hier, à la charge pour prévenir de nouveau contre les «différents risques» qu’induit ce mode de paiement contenu dans une note de l’Association des banques et des établissements financiers (Abef).
Ainsi, le paiement différé est synonyme d’un «manque à gagner des banques algériennes au profit des banques étrangères», sachant qu’avec ce mode, «l’opérateur algérien n’aura plus besoin du crédit d’exploitation auprès de sa banque algérienne », fait savoir le collectif dans un communiqué. En outre, le refus manifesté par «la grande majorité» des fournisseurs de se conformer au nouveau mode de paiement, est en train de mener vers la «cessation de production début décembre», alerte-t-il. «Nous avons entamé les discussions avec nos fournisseurs dès la production de ladite note dans les médias et nous avons pu vérifier qu’ils ne sont guère prêts à accepter la moindre formule de crédit limité par un timing, qu’il soit sur le court ou le moyen terme », avaient déjà fait savoir les opérateurs concernés dans leur correspondance adressée à la tutelle.
Face au refus des fournisseurs, « la quasi-totalité des opérateurs n’ont pas pu lancer les commandes de matière première et de kits », poursuit la même source, précisant que même dans le cas où la note de l’Abef est annulée d’ici le mois de décembre, un grand nombre de fabricants algériens de produits électroniques, électroménagers et IT& Mobile seront dans l’obligation d’arrêter leur production. « L’arrêt de production est inévitable et surseoir à cette note peut seulement éviter cet arrêt sur le long terme», ont-ils soutenu.
Un nombre minime de fournisseurs a, certes, accepté le nouveau mode de paiement, mais en contrepartie, ces derniers appliqueront une hausse des prix de leurs kits qui varie entre 7 à 10%, afin de couvrir les frais de banque et d‘assurance engendrés par ce type de paiement. « Cette hausse va se répercuter systématiquement sur la facture d’importation de 7 à 10% également, ce qui constitue une perte pour les banques algériennes au profit des banques étrangères », prévient le collectif, avant d’évoquer également le risque de « pénurie des produits concernés avec en conséquence une hausse des prix de ces derniers », de « perte en taux de change surtout que la durée est très longue (9 mois) », de « retour au régime d’importation en produit fini ». « Si on arrive à cette situation, le risque d’augmentation de la facture du fret maritime peut facilement dépasser les 400 millions de dollars, ceci est dû à la multiplication du nombre de conteneurs par quatre, voire plus (car en produit fini le conteneur ne peut supporter que 25% du volume en kit) », poursuit la même source, faisant remarquer que « cette mesure est porteuse de conséquences très néfastes à la filière, laquelle est forte de plus de quarante fabricants et se caractérise par un enjeu économique et social prépondérant ».
Pour rappel, dans une note adressée aux fabricants d’appareils électroniques, électroménagers et IT& Mobile fin septembre dernier, l’Abef les avait informés des nouvelles mesures prises par les pouvoirs publics relatives à l’importation des kits CKD / SKD. Parmi ces mesures, figurait sur la note de l’Abef « la substitution au paiement cash des importations, actuellement en usage, le recours au différé de paiement de neuf mois, sans que celui-ci n’excède une année, s’agissant des opérations d’importations des produits électroménagers (les produits blancs et les produits gris) et de téléphone ».
Feriel Nourine