Le syndicat a adopté une nouvelle démarche à «deux visages». Le premier, officiel, dialogue et le second, tapi dans l’ombre, multiplie les menaces.
Le bras de fer engagé par le Cnapeste pour faire «plier» la ministre de l’Education nationale ne semble pas trouver son épilogue. L’acharnement dont font montre les responsables de ce syndicat pour toujours maintenir le secteur de l’éducation sous tension, a fini par aboutir à la situation «d’anarchie» où des enseignants prennent des décisions à leur niveau et tentent d’entraîner tous leurs collègues. Cette impression que «rien ne rentrera dans l’ordre tant que la ministre est encore en poste» est persistante et se matérialise par la dernière sortie de quelques enseignants ex-grévistes qui menacent de boycotter les cours de rattrapage. Une attitude ostensiblement provocante qui renvoie un message à la ministre: «Tu as gagné une bataille, mais pas la guerre.» Ces enseignants, qui agissent comme s’ils étaient en guerre contre Nouria Benghebrit, n’ont visiblement pas déposé les armes. Ils n’ont fait que les changer. Après la grève illimitée, c’est le boycott des cours de rattrapage. Faut-il rappeler que cette nouvelle tentative de pourrir le climat au sein de l’institution éducative intervient au moment où les deux parties, le ministère et le Cnapeste, ont pris la résolution de dialoguer sur l’ensemble des revendications syndicales, en évitant d’empoisonner la scolarité des élèves et plus spécialement ceux en classe d’examen. Même si le Cnapeste n’a pas officiellement formulé cette menace de boycott des cours de rattrapage, il n’en porte pas moins la responsabilité, en ce sens qu’il a donné à ses partisans un signal assez clair quant à ses intentions de «liquider» la ministre de l’Education. De là à voir dans cette sortie «anarchique» de quelques enseignants un jeu de rôles, il y a une toute petite frontière qu’il n’est pas interdit de franchir. En fait, rien ne nous dit que c’est le Cnapeste qui a adopté une nouvelle démarche à «deux visages». Le premier, officiel, dialogue et le second, tapi dans l’ombre, multiplie les menaces. L’objectif est le même, à savoir mettre la ministre dans une posture tellement difficile à gérer que seul son départ mettra fin au conflit. Coincé par l’échec de sa grève et l’offre de dialogue du ministère de l’Education sur orientation du chef de l’Etat, le Cnapeste cherche une issue qui le sortirait du piège, tout en y mettant la ministre de l’Education nationale. Sinon, comment expliquer le double jeu qui consiste à souffler le chaud et le froid, à tout faire pour maintenir un climat de tension permanent et à systématiquement orienter le tir sur la personne de la ministre en suggérant de manière très nette que la fin de tous les tracas dans le secteur de l’éducation est fonction du départ de la ministre? Même si ça ne transparaît pas clairement, la stratégie des mentors du Cnapeste consiste à jouer le pourrissement pour créer une situation de lassitude généralisée au sein de l’opinion nationale et amener les autorités centrales du pays à «se rendre à l’évidence» que le secteur de l’Education nationale n’est pas réformable et que surtout le courant islamiste est incontournable dans toute équation réformatrice. Les idéologues de l’islamisme ont vu dans la personne de Nouria Benghebrit un danger mortel. Ils ont mis tout leur poids dans une opération de discrédit de la ministre.
Ils ont convoqué leurs anciens ministres, leurs députés, leurs leaders associatifs et ce qu’ils comptent comme «troupes» dans le système éducatif. S’ils n’ont pas réussi à ce jour, c’est en raison d’une volonté présidentielle de conduire la réforme de l’école jusqu’à son terme. Mais force est de constater qu’ils ne s’avouent toujours pas vaincus et, à travers cette guérilla menée par des profs menaçant de boycotter les cours de rattrapage, ils disent aux plus hautes autorités du pays, que le harcèlement ne finira pas, que l’école algérienne ne connaîtra de répit qu’à la condition d’ouvrir de manière officielle ou officieuse des négociations avec les tenants de l’islamisme pour leur laisser un «droit de regard» dans la conduite de l’éducation des Algériens. Le Cnapeste qui semble être leur bras armé, a vraisemblablement choisi de les servir et pour cela, il a lâché les élèves.