Projet de suppression de la retraite anticipée: Lettre ouverte de 17 syndicats au président Bouteflika

Projet de suppression de la retraite anticipée: Lettre ouverte de 17 syndicats au président Bouteflika

Les syndicats autonomes souhaitent que soient gelées les mesures destinées à réaménager le système de retraite, que les autorités fassent en sorte que la prochaine rentrée sociale soit apaisée, a indiqué Meziane Meriane.

Dix-sept syndicats autonomes, dont le Syndicat de l’éducation nationale, le Syndicat de la  santé, celui des vétérinaires… ont envoyé une lettre ouverte au président de la République. Dans ce courrier, ils demandent l’arbitrage du chef de l’État, quant aux décisions relatives au régime de retraite.

Dans une déclaration qu’il nous a faite hier, Meziane Meriane, porte-parole du Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest), nous a expliqué que l’organisation dont il est membre fait partie des signataires de cette lettre. Et que les syndicats autonomes souhaitent que soient gelées les mesures destinées à réaménager le système de retraite, que les autorités fassent en sorte que la prochaine rentrée sociale soit apaisée. Car, a-t-il ajouté, elle s’annonce chaude. Meziane Meriane a affirmé que les syndicats autonomes continuent à se réunir et à décider des actions (grèves, marches…) à mener à l’automne prochain. Nous estimons, dit-il, que le gouvernement a opté pour “des solutions de facilité”. Et de poursuivre : “Plutôt que de chercher à toucher à la configuration actuelle du régime de retraite, en supprimant la retraite anticipée, entre autres, nous recommandons à l’Exécutif d’obliger les employeurs indélicats à déclarer tous leurs employés et à élargir l’assiette de cotisations pour faire face aux problèmes d’ordre financier dont souffre la Caisse des retraites.” Il est vrai qu’il y a peur sur la CNR. La crise et sa cohorte d’incertitudes pèsent sur un organisme vulnérable. Une situation inéluctable ? Rappel des faits. En désespoir de cause, le gouvernement a décidé, en accord avec l’UGTA et des organisations patronales, de remettre en cause la retraite anticipée. Il l’a fait à l’occasion de la tripartite du 5 juin dernier.

La décision est chahutée. Elle n’est pas consensuelle en dehors des murs de la tripartite. Les syndicats autonomes la contestent à l’unisson. Ils sont remontés. La Centrale syndicale qui s’est rangée aux côtés de l’Exécutif semble, elle, inaudible. Les syndicats autonomes retrouvent ainsi de la voix, dans un contexte de crise relativement analogue à celui que le pays avait connu à la fin des années 1990, une période pas lointaine marquée par une restructuration douloureuse de l’économie nationale. C’est à cette époque que la retraite anticipée avait été instituée. Si le gouvernement l’avait fait, c’est parce qu’il n’avait pas suffisamment de ressources pour payer les salaires.

Il fallait ainsi opérer un tour de vis dans le budget de l’État, compresser dans les entreprises et pousser à la retraite anticipée, peu importait l’âge de la retraite. Le pays était  lié au FMI par des accords de stabilité économique. Il avait été contraint d’élaborer un “package” de décisions qui fassent en fait plaisir à l’institution multilatérale.