Projet du téléphérique : 25 millions de dinars partis en fumée

Projet du téléphérique : 25 millions de dinars partis en fumée

Au moment où le gouvernement ne cesse de rappeler que la situation financière du pays est au rouge suite à la baisse brutale du prix du pétrole sur les marchés internationaux, à Tizi Ouzou, on gaspille l’argent du contribuable .

Lors du conseil de wilaya de jeudi dernier, consacré au projet de réalisation d’un téléphérique au niveau du stade du 1er Novembre 1954, on annonce que pas moins de 25 millions de dinars alloués au projet sont partis en fumée.

Seule une commission de l’Inspection générale des finances (IGF), avec appui d’une enquête judiciaire, peut révéler les dessous de cette affaire, laquelle peut, selon bien des avis compétents, éclabousser pas mal de monde au-dessus de tout soupçon.

Ce que l’on sait à présent, c’est que le terrain devant accueillir la station, qui est un bien public, s’est révélé exigu, d’où la demande du maître d’œuvre, Promo, adressée à la Direction de la jeunesse et des sports (DJS) de la wilaya de lui céder une surface de 12 mètres, surface jugée initialement suffisante pour accueillir enfin une station téléphérique.

Suite à cette demande, la DJS a aussitôt engagé des travaux de réalisation d’une salle sportive, qui ont coûté pas moins de 25 millions de dinars. Une fois ces travaux réalisés, l’entreprise Promo a saisi, encore une fois, la DJS pour lui demander de lui céder un autre espace de 9 mètres. Telle était la situation présentée à l’issue du conseil de jeudi dernier.

Le directeur de la jeunesse et des sports de la wilaya, M. Oultache, a catégoriquement refusé d’assumer la responsabilité de cette affaire. Même le wali, Abdelkader Bouazgui, n’a pas écarté le risque de poursuites judiciaires contre son subalterne si celui-ci venait à accepter d’assumer la responsabilité de cette perte de 25 millions de dinars.

De leur côté, les responsables de Promo ont clairement laissé entendre qu’il est hors de question de rembourser l’argent n’étant, en aucun cas, responsable de sa mauvaise dépense. Les deux parties ont pourtant essayé de se défendre en exhibant le procès-verbal datant du mois de juillet 2014, mentionnant les engagements de chaque partie.

Qui payera les pots cassés ?

Le responsable du département juridique de Promo, sûr de lui, a clairement laissé entendre qu’il est question de trouver un cadre juridique légal devant justifier le dédommagement pour accepter la signature du chèque au profit de la DJS.

Le responsable a réitéré cette exigence dans des déclarations au Jeune Indépendant : « Moi, dit clairement notre interlocuteur, je suis légaliste, et à ce titre, j’exige d’agir dans le respect du cadre juridique s’il faut vraiment que ce soit Promo qui supporte la dépense d’un montant de 25 millions de dinars à titre de dédommagement ».

Un courrier, en plus du PV en question, a également circulé entre les différentes parties concernées par ce projet, surtout concernant les travaux ayant coûté 25 millions de dinars.

Toujours est-il que bon nombre de participants à cette réunion ont préféré ne pas s’exprimer sur l’affaire. Au terme de la réunion, un responsable de la wilaya avait affirmé que « dans cette affaire, il y a beaucoup de non-dits et la solution est facile pour peu qu’on la désire réellement ».

D’aucuns pensent que ce sont là des propos qui signifient qu’il existe bel et bien des personnages qui ont conduit délibérément à cette situation car ayant pu en tirer des dividendes.

La question est de savoir qui sont ces responsables coupables de cette gabegie, lesquels devraient payer les pots cassés. Notons que les responsables de Promo ont déclaré qu’à l’exception de certaines désapprobations de la part des citoyens voisins du site, qui ont d’ailleurs été prises en charge, les travaux se poursuivent actuellement dans de bonnes conditions. Quant à la date de livraison de ce téléphérique, elle sera connue ultérieurement, selon les responsables de la wilaya.

Gaz et défaillances

Il convient de noter que les travaux de la matinée du conseil de wilaya ont également été consacrés au gaz naturel. Le nombre d’entreprises engagées sur le terrain est à présent de 75, alors qu’initialement, il n’était que de 52. Parmi ces 75 entreprises mobilisées, environ une douzaine d’entre elles ont été tenues responsables de défaillances, selon les propos du directeur général régional de la SONELGAZ de Tizi Ouzou, Salah Bara.

Ce même responsable a averti les entrepreneurs présents à la réunion, dont l’ordre du jour a porté justement sur les défaillances dans la mission, que, dorénavant, des pénalités seront arrêtées à l’endroit des entreprises défaillantes.

Toujours est-il que le DG de la SONELGAZ s’est montré optimiste quant à la finalisation du projet de gaz naturel dans la wilaya de Tizi Ouzou selon les délais prévus. Aujourd’hui, a affirmé Salah Bara, le taux de branchement du gaz naturel est de 63 % et d’ici le mois de juillet prochain, il y aura pas moins de 11 000 nouveaux branchements ; ce qui donnera, en termes de pourcentages, un taux global de 64% ».

Le DG de la SONELGAZ a également souligné qu’il reste à effectuer pas moins de 3 900 km de distribution. Concernant les sanctions déjà prononcées à l’endroit des entreprises défaillantes, Salah Bara a parlé de deux entreprises concernées par la résiliation. Toutefois, ce responsable a refusé de révéler l’identité de ces deux entreprises.

Quant à Abdelkader Bouazgui, si des preuves d’incurie venaient à être étalées contre une quelconque entreprise mobilisée sur ce projet de gaz naturel, la sanction serait lourde : impossibilité définitive à décrocher un quelconque contrat de travail, non seulement à Tizi-Ouzou, mais aussi à l’échelle nationale.

Un jeune patron d’entreprise a déclaré au Jeune Indépendant que la raison principale des retards dans l’avancement des travaux est cette décision des pouvoirs publics quant à l’implication des comités de villages.

« Il se trouve qu’aujourd’hui, nous faisons face à beaucoup d’interlocuteurs dont bon nombre d’entre eux ne sont pas forcément des compétences ou des sagesses », a assuré notre interlocuteur qui a tenu à préciser que le travail avançait mieux autrefois quand il était question d’avoir affaire seulement aux responsables de la Direction de mines et de l’industrie, de la SONELGAZ et de l’APC.

La veille, soit le mercredi l’après-midi, le conseil de wilaya a porté sur la voie ferrée, plus exactement sur le tronçon Tadmaït – Draâ Ben Khedda – Tizi Ouzou – Oued Aïssi.

Là encore, après des études et des travaux bâclés, qui ont coûté plusieurs milliards de dinars à l’Etat, on fait à présent face à des oppositions citoyennes, à Tadmaït et Draâ Ben Khedda. Les difficultés financières concourrent au retard. Dans le document portant « Situation financière arrêtée au 25 mai 2015 », il est constaté que les dépenses engagées sont de l’ordre de 9 447 429 953,90 DA alors que les financements restants à engager sont de 516 554 904,10 DA.

L’auteur de ce rapport note également dans la case « Observations » que la couverture financière des travaux restant à réaliser est insuffisante. Toutefois, cette insuffisance financière n’est pas indiquée en termes de montant exact. Il convient de relever que le voyage inaugural Draâ Ben Khedda – Oued Aïssi a eu lieu le 26 mars 2010.

Lors de cette inauguration, à laquelle étaient invitées toutes les autorités de la wilaya ainsi la presse, bien des satisfecit ont été donnés, aussi bien à la SNTF qu’à l’entreprise qui a réalisé les travaux des chemins de fer, tandis qu’aujourd’hui, elle est perçue comme un fiasco.