Projet-pilote à Oran : De l’électricité à partir des biogaz

Projet-pilote à Oran : De l’électricité à partir des biogaz

La wilaya d’Oran a été retenue pour abriter un projet-pilote pour produire de l’énergie électrique à partir des biogaz générés au niveau du Centre d’enfouissement technique (CET) de Hassi Bounif (Oran Est), a appris l’APS du Directeur de l’Agence nationale des déchets (AND), Karim Ouamane. Les biogaz sont des gaz générés par la fermentation de la matière organique en absence de l’oxygène. Dans les CET, une fois qu’un casier est saturé, après avoir contenu quelque 800.000 tonnes de déchets, il est fermé avec une épaisse couche de terre. Les ordures ménagères dans la wilaya d’Oran sont composées à 50% de déchets organiques, selon la directrice de l’EPIC CET Oran, Dalila Chellal, qui estime que les quantités de biogaz produites constituent un important gisement pour la production de l’énergie électrique à partir de la biomasse. L’AND, initiatrice de ce projet écologique, compte le réaliser en partenariat avec une entreprise algéro-italienne, spécialisée dans le domaine, note son Directeur, ajoutant que sa mise en œuvre attend la promulgation de la tarification de la reprise de l’énergie issue de biomasse. En effet, l’exploitation et la commercialisation des énergies nouvelles, dont la biomasse, ne sont pas encore réglementées à l’échelle nationale. Le potentiel énergétique que représentent les déchets urbains et agricoles au niveau national est estimé à 5 millions de tonnes, ce qui correspond à un gisement de l’ordre de 1,33 millions de TEP (Tonnes équivalent pétrole) par an, lit-on sur le site internet du ministère de l’énergie et des mines, sur une page dédiée à la présentation du potentiel des énergies renouvelables en Algérie. Le biogaz a les mêmes caractéristiques que le gaz naturel, tout en ayant l’avantage d’être renouvelable. La biomasse (déchets organiques) dont il est issue étant elle même renouvelable, contrairement au gaz naturel d’origine fossile et dont les quantités sont limitées. Le coût de l’énergie électrique issue des biogaz est néanmoins supérieur à l’électrique issu du gaz naturel, souligne M. Ouamane, estimant toutefois que la préservation de l’environnement n’a pas de prix. Le biogaz, une source à risque… Ce projet-pilote représente une solution pour la pollution que causent les biogaz et les risques d’explosion qu’ils comportent. Le biogaz, riche en méthane (jusqu’à 80%), est considéré comme un gaz polluant, nocif pour l’atmosphère. Rares sont les CET à travers le territoire national qui le traitent, en le brûlant, indique-t-on. Quelques CET, à l’instar de celui de Sétif, se sont mis au traitement des biogaz, qui consiste à les capter et les brûler, a indiqué M. Ouamane, ajoutant que le brûlage de ce gaz génère du CO2, moins polluant que le méthane. Pour ce responsable, la meilleure solution serait la valorisation de ces gaz, en les transformant soit en énergie électrique, comme pour le projet-pilote d’Oran, soit en les exploitant pour la fabrication de biocarburant. La directrice de l’EPIC CET Oran se dit impatiente de voir ce projet se concrétiser, rappelant qu’une déflagration due au biogaz est survenue en juin 2015 au CET de Hassi Bounif, causant la destruction d’un bassin dédié au stockage du lixiviat. Les risques d’explosion du biogaz ne sont pas négligeables au niveau des CET et le lancement de ce projet pilote peut les réduire, a estimé Mme chellal. Par ailleurs, le directeur de l’AND n’a avancé aucune date pour le lancement de ce projet-pilote soulignant, toutefois, la nécessité de promulguer d’abord les textes réglementaires par le ministère de l’Energie et des mines. Si l’expérience s’avérerait concluante, elle sera élargie aux CET pour une prise en charge écologique et efficace des biogaz, a-t-il assuré.