Hors-la-loi a été projeté deux fois hier à la sélection officielle du Festival cinématographique de Cannes. «Présenté vendredi [hier] matin à la presse, le film a été applaudi», rapporte l’AFP qui trouve qu’«il s’agit d’un thriller politique qui suit trois frères déchirés par la guerre d’Algérie, une lutte d’indépendance que le cinéaste franco-algérien Rachid Bouchareb dépeint comme sale, mais juste».
La même journée, comme prévu, un millier de censeurs, de falsificateurs de l’histoire, portant la haine de l’Algérie indépendante, a participé dans la même ville à une «cérémonie du souvenir organisée en hommage aux victimes françaises de la guerre d’Algérie».
Quarante-huit ans après l’indépendance, ils ont scandé «FLN assassin». A la tête des nostalgiques de l’Algérie française se trouvaient plusieurs élus de droite comme le maire local, Bernard Brochant, et les députés UMP Lionel Luca, Jean Leonetti, Elie Aboud et Richard Mallié.
Mais il y a pire dans ce qui est nommé «la guerre des mémoires» sur la guerre d’Algérie avec l’initiative de cinq députés de la majorité présidentielle qui ont déposé, le 10 mai, à l’Assemblée nationale une proposition de loi.
Les signataires du texte sont Luca, encore lui, fils d’immigré roumain légionnaire en Indochine, Aboud, Thierry Mariani, Michel Voisin et Claude Goasguen.
L’objet de la démarche des parlementaires se trouve dans son intitulé : «Proposition de loi pour la reconnaissance par la France des souffrances subies par les citoyens français d’Algérie, victimes de crimes contre l’humanité du fait de leur appartenance ethnique, religieuse ou politique.»
Un article unique est proposé : «La France reconnaît les souffrances subies par les citoyens français d’Algérie victimes de crimes contre l’humanité commis du 19 mars 1962 au 31 décembre 1963 du fait de leur appartenance ethnique, religieuse ou politique.»
Dans l’exposé des motifs, qui réduit les accords d’Evian à «une déclaration d’intention», les signataires de ce brûlot n’hésitent pas, sans avancer la moindre source, la moindre référence historique, à accabler le FLN et l’ALN des pires crimes. Les libérateurs d’une nation, les combattants de la liberté sont comparés à des hordes sauvages émules des nazis.
Ainsi peut-on lire : «Les musulmans, notables, anciens combattants et en général ceux qui avaient participé d’une façon ou d’une autre à l’administration du pays, par exemple fonctionnaires, furent rackettés, arrêtés, torturés, forcés de céder leurs biens, le plus souvent tués et leurs filles violées ou mariées de force» ou encore : «Ceux qui étaient enlevés lors des attaques menées par les groupes se réclamant du FLN étaient souvent enfermés dans des camps tenus par des responsables du FLN où ils étaient l’objet de mauvais traitements et tortures, soumis au travail forcé pour les hommes, violés et transformées en esclaves sexuels pour les femmes et les jeunes filles […]».
Ce n’est là qu’un aperçu d’un texte nauséabond qui accuse le FLN d’avoir pratiqué «la stratégie d’épuration ethnique». Le fait qu’elle soit signée par cinq députés seulement dénote que cette proposition de loi n’a eu aucun véritable soutien des autres députés, soit 572.
Elle n’a pas eu droit au fonctionnement institutionnel classique qui exige la mise en place d’une commission parlementaire. Elle a été renvoyée devant la commission de la défense nationale et des forces armées. Peut-être pour finir dans une des poubelles de l’illustre assemblée.
Correspondant à Paris Merzak Meneceur