Projets ANSEJ : Un taux d’échec de 10%, pas d’effacement des dettes

Projets ANSEJ : Un taux d’échec de 10%, pas d’effacement des dettes

Sur plus de 353 000 microentreprises financées depuis le lancement du dispositif ANSEJ, «10% cessent d’activer» et «n’arrivent pas à rembourser leurs crédits bancaires et l’aide accordée par l’Agence», alors que «le taux de réussite est de 65%» (entreprises qui remboursent leurs crédits), affirme Mourad Zemali, directeur général de l’Agence national de soutien à l’emploi des jeunes (ANSEJ), qui était hier l’invité du Forum El Moudjahid. Les 25% restants: «Elles sont actives, mais ont des difficultés de remboursement. Nous les accompagnons à maintenir l’entreprise en vie, parfois en repoussant les échéances de remboursement».

L’échec d’un jeune patron d’une microentreprise à mener à terme un processus de remboursement de ses dettes « n’est pas passible d’une poursuite judiciaire », a tenu à expliquer M. Zemali. Lorsqu’une entité est jugée définitivement non rentable ou non opérationnelle, l’ANSEJ «récupère le matériel et le revend». «S’il rapporte plus que l’investissement (apport personnel et crédits), la différence est rendue au jeune promoteur ». Dans le tableau qu’il a dressé hier, le DG de l’ANSEJ a voulu détruire l’image, parfois véhiculée par la presse, du « jeune qui prend des milliards et s’en va ». Selon lui, « 62% des projets financés ont une valeur inférieure à 3 millions de DA. Ils sont 84% dont la valeur est inférieure à 5 millions DA. Et seuls 16% varient entre 5 et 10 millions de DA », explique M. Zemali. « Le jeune ne touche pas d’argent. Le financement est accordé dans le cadre d’un circuit bancaire. Les véhicules sont sous gage, et ne peuvent être revendus ». En plus d’une décennie d’existence du dispositif ANSEJ, des jeunes promoteurs indélicats se comptent finalement, et selon les chiffres avancés hier par Mourad Zemali, par quelques dizaines. « Le nombre de promoteurs traduits en justice et condamnés est exactement de 160 », souligne le DG de l’Agence.



PLUS DE 6 DOSSIERS SUR 10 SONT ACCEPTES

Concernant le processus allant du dépôt de dossiers à l’accord final de financement, le DG de l’ANSEJ avance un taux de 62% qui « passent l’étape de validation », soit « 38% des dossiers sont ajournés ». L’acceptation d’un dossier n’entraîne pas systématiquement le lancement de l’entreprise. Malgré les accords de l’ANSEJ et de la banque qui finance 70% du montant requis, un projet peut tomber à l’eau faute de persistance de son détenteur. « Il arrive que certains soient dissuadés par les démarches administratives (y compris avec les fournisseurs) qu’ils doivent effectuer avant le lancement réel de leurs microentreprises». Ce qui fait que parmi les dossiers validés, « 82% arrivent à l’étape de financement», soit «18% de déperdition parmi les dossiers acceptés». Concernant la revendication de certaines « associations » de promoteurs de projets ANSEJ de ne plus rembourser, la réponse du DG de l’Agence est catégorique : « Pas d’effacement des dettes », d’autant que l’argent récupéré sert à créer d’autres entités. Selon lui, en 2014, « 2 000 microentreprises ont été financées par le produit des recouvrements. Nous prévoyons de financer 4 000 à fin 2015 par le même moyen ».

PAS DE MESURES D’AUSTERITE

La baisse des prix du pétrole n’influera pas sur le dispositif ANSEJ, a affirmé le DG de l’institution. «Quatre secteurs sont prioritaires: l’agriculture, le BTPH, l’industrie et les TIC», affirme Mourad Zemali. «Des entreprises nous aident à accompagner ces jeunes patrons de microentreprises », affirme-t-il, citant le cas d’Algérie Télécom qui prend en charge la formation des entités versées dans le domaine des télécommunications et des TIC en général. Le DG de l’ANSEJ explique que depuis 2011, « certaines activités ont été arrêtées (transports et location de voitures), d’autres suspendues (boulangerie)». «Mais cela varie d’une wilaya à une autre », selon M. Zemali. « L’octroi d’accords pour des projets de boulangeries est suspendu à Alger et dans les grandes villes, en raison d’une saturation ».

Les secteurs qui représentent les « plus grands taux de réussite » sont : l’agriculture, les services et le transport. Contrairement à une idée reçue, « l’activité de transport est celle qui détient le taux le plus bas » des projets qui échouent et qui sont donc versés à l’étape de « l’indemnisation des banques par le fonds de garantie ». Dans l’activité transport, « beaucoup de gens remboursent par anticipation », affirme le patron de l’ANSEJ.