L’action survient trois jours après l’annonce par les services de la wilaya de la signature de 15 contrats d’investissement dans l’aquaculture.
Un rassemblement citoyen a été organisé, avant-hier en fin d’après-midi, à la place du 1er-Novembre (ex-place Gueydon), au centre-ville de Béjaïa, à l’appel d’un groupe d’associations écologiques, dont l’ARDH (une association à caractère écologique) que dirige Karim Khima.
L’action survient trois jours seulement après l’annonce par les services de la wilaya de la signature de 15 contrats de concessions pour des projets d’investissement dans l’aquaculture. Une décision qui vient de susciter une polémique sur les réseaux sociaux.
Lors d’une prise de parole, le militant associatif Karim Khima a tenu à préciser que le développement de cette filière sur la côte ouest de Béjaïa peut causer par endroits de “véritables pollutions”. L’orateur a rappelé que ces concessions avaient été accordées par l’ancien wali, Hammou Ahmed Touhami, dans le cadre du Calpiref.
Il a, par ailleurs, affirmé que “l’Algérie est devenue une décharge publique de l’Occident”. Il se fonde pour cela sur le fait que le développement de cette filière est l’objet de critiques en Europe car ces fermes aquacoles pollueraient leur environnement direct, donc les eaux côtières.
En Occident, explique-t-il, “on se débarrasse de l’aquaculture, des technologies obsolètes et polluantes. Ils en profitent pour se sucrer, au passage, à coups de milliards : ils nous vendent les équipements et les tonnes d’aliments pour nourrir ensuite les poissons”.
Plus grave, poursuivra-t-il, au moment où les pays précurseurs dans l’élevage commercial d’espèces aquatiques dénoncent l’aquaculture car elle pollue les mers et qu’elle est nocive pour la santé publique, “nos dirigeants, restes d’el-îssaba (la bande), ont annoncé le plan aquaculture 2020”.
Avant de céder la parole à des animateurs associatifs, à des patrons de pêche et à des mandataires, M. Khima a souligné : “Non à la dilapidation de l’argent public ; non à la pollution de notre mer”, rappelant que pour le développement de cette filière, jugée hyperpolluante dans la wilaya de Béjaïa, “on a distribué 33 milliards de centimes au profit de 7 ou 9 aquaculteurs”.
Il n’a pas manqué de dénoncer qu’auparavant, “on avait bloqué des porteurs de projet dans la gestion des déchets ménagers, dans l’agriculture et dans d’autres domaines. Projets, financés sur fonds propres”. Occasion, pour lui, de citer un investisseur de Béjaïa qui était disposé à mettre 20 millions d’euros pour le traitement des déchets ménagers. “Il a réussi en Europe, on l’a bloqué ici”, a-t-il déploré.
À noter que l’actuel wali, Ahmed Maâbed, a présidé effectivement, le 28 août dernier, une séance de travail au siège de la wilaya, en présence des investisseurs ayant bénéficié de contrats de concession pour des projets d’investissement dans l’aquaculture, prévus sur la côte ouest béjaouie. Une séance à laquelle ont également pris part des directeurs de l’exécutif, qui ont promis, selon un communiqué de la wilaya, de “prendre en charge les besoins de ces investisseurs”.
La cellule de communication de la wilaya, qui rapporte les propos du chef de l’exécutif, a fait également savoir que “la wilaya de Béjaïa recèle des atouts l’habilitant à se placer sur le marché méditerranéen”. Et d’ajouter : “Des opportunités prometteuses existent : la largeur de la mer, l’importance du marché, les prix rémunérateurs pour les investisseurs et la maîtrise sanitaire de la production.”
M. OUYOUGOUTE