Prolifération du moustique-tigre: les déchets ménagers et les eaux stagnantes pointés du doigt

Prolifération du moustique-tigre: les déchets ménagers et les eaux stagnantes pointés du doigt

Des experts en entomologie et maladies transmissibles de l’institut Pasteur et du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière ont mis l’accent, lundi à Alger, sur la nécessité d’éliminer les déchets ménagers et les eaux stagnantes, et ce, pour mettre fin aux nids du moustique tigre et diminuer leur prolifération.

S’exprimant lors d’une conférence de presse organisée dans le cadre de la prévention des piqures du moustique tigre, les experts ont imputé la prolifération de cet insecte en Algérie, notamment au niveau des wilayas côtières, aux comportements du citoyen, notamment « l’accumulation des déchets ménagers au niveau des cités et aux différents types d’eaux stagnantes au niveau des maisons et près des agglomérations », relevant que ces endroits représentaient « des nids de reproduction pour cet insecte ». 

Pour sa part, le professeur Idir Bitam, spécialiste en maladies infectieuses au niveau de l’institut Pasteur, a appelé à « la préservation de la propreté de l’environnement, à la fermeture des contenants de l’eau et à l’élimination des eaux stagnantes en vue de contrecarrer la reproduction du moustique-tigre et de tous les insectes qui sont à l’origine des maladies de la saison de l’été ».

Il a souligné, par ailleurs, la nécessité de mobiliser tous les acteurs de la société pour diminuer la prolifération de cette espèce « transmissible des maladies et des virus infectieux », à l’instar du Chikungunya, de la dengue et du Zika, ajoutant que ces virus « se propagent particulièrement dans la zone du sud-est de l’Asie, et dont la transmission dans plusieurs pays du monde est favorisée par les vastes échanges commerciaux et le développement du transport aérien des personnes ».

Le même spécialiste a indiqué, par la même occasion, que la mobilisation des agents d’hygiène et l’utilisation des insecticides « ne suffisent pas sauf dans le cas où le citoyen est associé à cette opération de démoustication », affirmant, à ce titre, que l’utilisation récurrente des traitements insecticides pour diminuer la prolifération de cette espèce et ses piqures demeure nuisible à l’environnement et contribue leur résistance à ces produits chimiques dont l’utilisation devient, selon lui, « inefficaces ».

S’exprimant sur la situation épidémiologique, le Pr Bitam a estimé que la prolifération de cet insecte en Algérie était toujours « au premier stade », c’est à dire qu’il ne représente aucun danger et qu’il n’y a pas encore lieu de s’alarmer, citant, dans ce sens, les moyens assurés par l’Institut pasteur en matière de contrôle et de formation des fonctionnaires dans ce domaine.

M.Benallal Kamel Eddine, entomologiste à l’Institut pasteur a présenté un exposé exhaustif sur la prolifération du moustique tigre et le plan national de prévention contre les transmetteurs, ainsi que diverses enquêtes de terrain réalisées par des universités y compris l’utilisation du GPS dans la localisation des zones de prolifération des transmetteurs pour définir les moyens de lutte adéquats.

Il a rappelé, en outre, les mesures appliquées au niveau des aéroports et ports nationaux et la formation périodique des biologistes et fonctionnaires des établissements publics de santé de proximité et des bureaux d’hygiène communale (BHC).

Mme Lynda Cheballah de l’Etablissement d’hygiène urbaine d’Alger est revenu, pour sa part, sur les différentes interventions de l’établissement au niveau de la capitale notamment en ce qui concerne la  pulvérisation d’insecticides dans les quartiers infestés, en sus des campagnes de sensibilisation et de prévention contre les piqures de cet insecte.

Elle a insisté, dans ce sens, sur l’importance de l’hygiène et du lancement de vastes opérations de nettoiement au niveau des jardins publics, notamment en hiver pour se débarrasser des résidus qui attirent généralement les moustiques en été.

L’Institut Pasteur avait enregistré en 2017 la prolifération du moustique tigre dans cinq wilayas côtières, en l’occurrence Annaba, Jijel, Tizi Ouzou, Alger et Oran, notant que les wilayas côtières et les zones humides restent les plus exposées à la prolifération de cet insecte.