Prolongation du mandat de Bensalah à la tête de l’état : Jusqu’à quand ?

Prolongation du mandat de Bensalah à la tête de l’état : Jusqu’à quand ?

Quoi qu’il en soit, on serait face à un coup de force qui ne laisse pas beaucoup de chances à la réussite du dialogue.

La désignation d’Abdelkader Bensalah comme chef de l’État pour une durée de 90 jours en vertu de l’application de l’article 102 de la Constitution va dépasser le délai réglementaire. Le choix est fait, la décision prise. La question qui se pose est : quelle sera la durée de cette prolongation d’intérim ? Une question à laquelle il est difficile de répondre, tant manqueraient les éléments qui étayeraient même une conjecture. En ne convoquant pas le corps électoral, le chef de l’État par intérim a, de fait, éloigné l’échéance électorale, c’est-à-dire la date de l’élection présidentielle.

Par ailleurs, en soumettant la question au dialogue, il prend le risque d’un non-consensus et donc de se retrouver devant une difficulté politique de choisir une date. Dans un cas comme dans l’autre, l’élection présidentielle à brève échéance est à exclure. En effet, compte tenu des échecs qu’il a accumulés depuis sa prise de fonction le 9 avril dernier, Abdelkader Bensalah pourrait perdurer longtemps  à la tête de l’État. Depuis son installation, le chef de l’État n’a pas pu réunir la classe politique autour d’une table pour un dialogue en vue de dégager une solution de sortie de crise. Appliquant sans concession la feuille de route du régime, il a raté l’organisation de l’élection présidentielle le 4 juillet. Face aux revendications de la rue, Abdelkader Bensalah n’a apporté aucune réponse pouvant satisfaire un mouvement de plus en plus exigeant.

Mais au-delà de tous ces flops à répétition, le pouvoir s’entête à ne s’en tenir qu’à la solution constitutionnelle. Cela dit et vu les conditions qui ont présidé à l’annulation de la présidentielle du 4 juillet, le risque du rejet du prochain scrutin présidentiel sous la houlette de Bensalah est fort plausible. Les conditions politiques et la situation qui y prévalent incitent plutôt au rejet qu’à l’adhésion. Le Conseil constitutionnel, annonçant l’impossibilité de tenir l’élection présidentielle à la date du 4 juillet prochain, a “chargé” Abdelkader Bensalah de “réunir les conditions adéquates pour l’organisation de cette élection dans la transparence et la neutralité” en vue de “préserver les institutions constitutionnelles” qui “concourent à la réalisation des aspirations du peuple souverain”. 

Une mission quasi irréalisable pour un chef de l’État contesté. Les tenants de la solution constitutionnelle exclusive à la crise, en faisant fi de la nature de cette même crise qui est éminemment politique, vont manifestement reconduire l’échec. Dans ce cas de figure et tant que la date de la tenue de cette échéance n’est pas arrêtée, Bensalah poursuivra de fait  les fonctions de chef d’État. L’illégalité de la prolongation de son mandat ne semble pas poser problème pour le régime. L’illégalité, il pourrait, le cas échéant, l’expliquer par des extrapolations juridico-politiques. Mais quoi  qu’il en soit, on serait face à un coup de force qui ne laisse pas beaucoup de chances à la réussite du dialogue et donc à l’aboutissement de la solution préconisée par le régime.

Un dialogue qui, d’ailleurs, n’intéresserait pour le moment que seuls les partis de l’ex-alliance présidentielle. Mais ces derniers, peuvent-ils apporter un quelconque crédit au projet du pouvoir ? Au sein de l’opposition, aucune formation n’a manifesté un intérêt à l’appel de Bensalah pour des discussions. L’échec annoncé de ces pourparlers participe à la réaffirmation du coup de force et du maintien du statu quo qu’entretient, visiblement, sciemment le pouvoir. 

Mohamed Mouloudj