Propos de Macron : la lecture « une pierre deux coups » de Karim Tabbou

Propos de Macron : la lecture « une pierre deux coups » de Karim Tabbou

Les réactions de la classe politique algérienne s’enchainent suite aux propos du président français Emmanuel Macron sur l’Algérie. Le militant et activiste politique Karim Tabbou livre une lecture sur plusieurs volets concernant ces déclarations.

Dans une réaction relayée sur les réseaux sociaux, Tabbou a d’emblée tenu à rappeler « l’histoire millénaire » de « l’actuelle Algérie ». Selon lui, « l’actuelle l’Algérie est l’un des berceaux de l’humanité, les Algériens, dans leur culture et leur organisation sociale, sont les héritiers d’une histoire millénaire ».

Cependant, le militant n’a pas hésité à évoquer l’impact de la colonisation, mais aussi des lectures idéologisées de cette même histoire. « Cette profondeur dément la simplification et les stéréotypes fabriqués par la colonisation ainsi que la lecture orientée et idéologisée de l’histoire officielle de l’Algérie indépendante », a-t-il écrit.

S’exprimant sur les propos interrogatifs d’Emmanuel Macron sur l’existence de l’Algérie avant la colonisation, Tabbou a estimé que cela « est une assertion absurde », tout en mettant en avant « la légèreté intellectuelle du président français ». Il a également accusé des cercles intérieurs refusant l’identité miliaire de l’Algérie.

Ainsi, l’homme politique affirme que « l’ancienneté de la dimension berbère de l’Algérie est une évidence qui ne peut être effacée ni par la légèreté intellectuelle du président français et ni par la bêtise de tous ceux de ‘’l’intérieur’’ qui continuent de refuser à l’Algérien son identité millénaire ».

Retournement de situation : les raisons selon Karim Tabbou

Le coordinateur du MDS, un parti qui reste à ce jour non agrée, n’a pas passé par quatre chemins pour évoquer un « retournement de situation » suite aux dernières déclarations de Macron sur l’Algérie et même les dirigeants algériens.

À ce propos, il rappelle qu’il y a quelques mois, « sous les applaudissements à Alger, le président français affirmait son soutien au chef de l’État Abdelmadjid Tebboune qu’il qualifiait alors de courageux ». Et c’est ainsi que l’ancien détenu d’opinion a mis en évidence les attentes des deux parties suite à ces éloges puis au revirement de la situation.

« Si l’un a cru avoir compensé son manque de légitimité par un tel soutien, l’autre a cru avoir misé sur le ‘’bon cheval’’ pour contrecarrer une révolution populaire porteuse d’un projet authentiquement algérien et démocratique », a-t-il analysé.

D’ailleurs, il estime que Macron espérait, par-delà « son soutien au pouvoir d’Alger » d’assurer « un retour en matière de participation de l’armée algérienne dans les opérations militaires dans la région du Sahel ainsi que dans la prise de mesures dissuasives et de lutte contre les flux migratoires ».

« Intérêts économiques de la France et soutien politique de l’Algérie »

À l’instar de plusieurs autres lectures concernant les déclarations de Macron, Tabbou y voit également une opportunité électorale. Pour lui, ces propos notamment sur l’Algérie montrent « ce profond désarroi d’un homme qui, faute de gagner les grandes batailles, espère tout au moins gagner sa bataille électorale ».

Il s’agit donc, selon le même intervenant, d’une tentative de « remettre le débat de l’Algérie sur la scène politique Française dans une approche faite de surenchères et de populismes ».

Affirmant que « ni la situation des droits de l’homme et ni les questions relatives aux libertés n’intéressent les uns et les autres ! », le militant estime que la « France officielle continue de donner la prime aux intérêts économiques et l’Algérie officielle escompte des soutiens politiques ».

Ainsi, il analyse que « dans peu de temps et loin des préoccupations majeures des peuples, l’Élysée et Alger, trouveront concomitamment les voies permettant de réaliser les desseins des uns et la concrétisation des calculs des autres ».