Le mouvement populaire et inédit des «gilets jaunes» – ces Français mobilisés depuis mi-novembre contre la politique sociale et fiscale du gouvernement, lors d’actions qui ont été ponctuellement très violentes – a fortement déstabilisé le chef de l’Etat.
Après une année 2018 éprouvée par de «grands déchirements», le président français, très impopulaire, a tenté de reprendre le cap de son quinquennat lundi soir lors de ses voeux aux Français, les exhortant à «faire mieux» et à retrouver la «maîtrise» de leur «quotidien» et de leur «destin».
«Cessons de nous déconsidérer ou de faire croire que la France serait un pays où les solidarités n’existent pas, où il faudrait dépenser toujours davantage», a déclaré le président depuis le palais de l’Elysée, alors que des rassemblements de «gilets jaunes» avaient lieu à Paris et dans plusieurs villes de province. «Nous pouvons faire mieux et nous devons faire mieux», a-t-il lancé.
Le mouvement populaire et inédit des «gilets jaunes» – ces Français mobilisés depuis mi-novembre contre la politique sociale et fiscale du gouvernement, lors d’actions qui ont été ponctuellement très violentes – a fortement déstabilisé le gouvernement d’Emmanuel Macron et fait douter sur sa capacité à poursuivre son programme de réformes.
Les controverses autour de son ex-collaborateur controversé Alexandre Benalla, la démission de deux de ses «ministres stars», des déclarations jugées méprisantes par une partie de l’opinion: 2018 a été une année éprouvante pour Emmanuel Macron, arrivé à la présidence en 2017 à 39 ans, et dont la côte de popularité s’est effondrée.
La «colère» des «gilets jaunes» a montré que «nous ne sommes pas résignés», a lancé M. Macron lundi soir. Sans citer les «gilets jaunes», il a évoqué dans son allocution «de grands déchirements et une colère qui venait de loin: colère contre les injustices, contre le cours d’une mondialisation parfois incompréhensible, colère contre un système administratif devenu trop complexe et manquant de bienveillance (…)».
M.Macron n’a pas fait de nouvelles annonces sociales, trois semaines après son allocution télévisée du 10 décembre au cours de laquelle il avait annoncé 10 milliards d’euros d’aides en faveur du pouvoir d’achat pour tenter de répondre aux demandes des «gilets jaunes». A Bordeaux (sud-ouest), où les «gilets jaunes» ont appelé à «faire la fête» pour le réveillon, très peu parmi la grosse centaine de manifestants présents ont regardé le président sur leur smartphone. Plusieurs partis d’opposition n’ont eux aussi pas été convaincus par cette allocution.
«Le président de la République a récité un texte sans émotion, sans conviction et si loin de la réalité des Français. Un clip de campagne plus que la parole d’un homme d’Etat», a commenté Laurence Sailliet, porte-parole des Républicains (droite).
Le secrétaire national du Parti communiste français (PCF), Fabien Roussel, a décrit «un président moralisateur qui va poursuivre ses réformes sans tenir compte des colères, des attentes de ceux qui aspirent tout simplement à vivre mieux». La présidente du Rassemblement national (extrême droite) Marine Le Pen a, elle, tweeté: «Ce président est un imposteur.» Et dans un autre tweet: «Et un pyromane…».
Après des voeux de «vérité» et de «dignité», M.Macron a souhaité formuler un «voeu d’espoir en nous-mêmes comme peuple, en notre avenir commun, espoir en notre Europe».
«Ce que nous voulons profondément, c’est retrouver la maîtrise de notre vie, c’est assurer la justice fiscale, c’est nous protéger contre nos ennemis, c’est investir pour innover, c’est apporter une réponse commune aux migrations; je crois très profondément dans cette Europe qui peut mieux protéger les peuples et nous redonner espoir.» C’est aussi cela qui doit guider le projet européen renouvelé, que je vous proposerai dans les prochaines semaines», a-t-il ajouté, évoquant ainsi les élections européennes de mai 2019.