Des experts américains animent depuis hier et jusqu’à ce soir un séminaire sur l’impact des droits de propriété intellectuelle sur le développement d’une économie basée sur la technologie.
La propriété intellectuelle est une expression inexistante dans le jargon algérien!
Le piratage et la contrefaçon sont légion dans le pays. Un véritable drame pour notre économie nationale! Surtout que cela joue un rôle fondamental dans l’attrait des investisseurs étrangers. L’Office national des droits d’auteur et droits voisins (Onda) et l’Institut national algérien de la propriété intellectuelle (Inapi) tentent de stopper le phénomène. Mais ils sont dépassés par l’ampleur qu’il a pris. Les Etats-Unis, qui ambitionnent de conquérir le marché algérien, sont venus à la rescousse de ces deux entités pour les aider à déblayer le terrain. C’est dans ce sens qu’un «séminaire sur l’impact des droits de propriété intellectuelle sur le développement d’une économie basée sur la technologie», se tient depuis hier et jusqu’à ce soir à l’hôtel El Aurassi d’Alger. Cette rencontre algéro-américaine est bien sûr organisée sous l’égide de l’Onda et de l’Inapi, mais également avec la Chambre américaine de commerce à Alger (AmCham), le bureau des brevets et marques déposées des États-Unis (Uspto) et l’ambassade des Etats-Unis à Alger, ce qui montre l’importance de ce rendez-vous dont les USA, référence mondiale dans la protection intellectuelle, ont dépêché deux de leurs plus éminents experts en la matière.
Il s’agit de Raymond Wittig, avocat international doté d’ une riche expérience dans les droits de propriété industrielle, et Aisha Salem, responsable du bureau des brevets et marques déposées des Etats-Unis (Uspto) pour la région Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. La crème de la crème donc pour débattre avec leurs homologues algériens qui sont venus en force avec plus d’une centaine de personnes. Il faut dire que le rendez-vous est primordial pour l’Algérie qui est en pleine reconstruction de son économie. Car la protection des droits d’auteur et des brevets est fondamentale pour bâtir une économie fondée sur la technologie, garantissant une croissance durable et une solide création d’emplois. C’est ce qu’a d’ailleurs tenu à mettre en évidence l’ambassadrice des Etats-Unis d’Amérique, Mme Joan A. Polaschik qui a insisté pour être présente à cette importante rencontre pour les relations économiques futures entre les deux pays. Elle a qualifié même la protection de la propriété intellectuelle comme la clé du succès économique de son pays. «Les Etats-Unis accordent une attention particulière à cette clé du succès économique. En 2015, le Bureau des brevets et marques déposées des Etats-Unis (Uspto) a enregistré plus de 350 000 brevets délivrés, pour lesquels 52% viennent de l’étranger.
Cet indicateur atteste l’esprit innovant de l’économie américaine et comment un système robuste de protection de la propriété intellectuelle est apprécié par les innovateurs et les inventeurs à travers le monde», a t-elle souligné dans son allocution d’ouverture. Joan A. Polaschik a aussi mis l’accent sur le fait qu’en plus d’être le moteur du développement économique, les droits de propriété intellectuelle ont aussi un impact fondamental sur la sécurité, «puisque les produits contrefaits peuvent créer de sérieux problèmes de santé et de sécurité», a-t-elle précisé en insistant sur la problématique des médicaments. «Les médicaments contrefaits sont non seulement un danger pour les finances des compagnies pharmaceutiques, mais peuvent causer des préjudices mortels aux patients. Développer une application rigoureuse des droits de propriété intellectuelle est ainsi fondamental pour protéger les citoyens et aussi pour développer une industrie pharmaceutique forte et compétitive», a t-elle poursuivi. Une déclaration pas aussi «innocente» qu’elle en a l’air. Par là, Mme l’ambassadrice réaffirme l’intérêt des laboratoires pharmaceutiques pour l’Algérie où ils comptent investir, notamment dans la biotechnologie.
En bonne diplomate, elle montre aussi leur inquiétude quant à l’anarchie qui règne dans le domaine. «Comme l’Algérie entreprend la diversification de son économie, l’innovation et l’entrepreneuriat ouvriront la voie à un nouveau modèle économique durable. Le gouvernement des Etats-Unis et l’ambassade se sont associés au gouvernement algérien pour faire des droits d’auteur et de la protection des brevets une priorité absolue pour encourager les secteurs industriels naissants en Algérie, qui incluent la fabrication de dispositifs médicaux et les pièces automobiles», indique-t-elle avec un large sourire. Elle met aussi en avant l’importance de la mise à niveau du pays dans ce domaine pour réaliser son «rêve» d’adhérer à l’OMC. «La protection des droits de propriété intellectuelle est une partie essentielle du fonctionnement de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), et les Etats-Unis sont très honorés d’appuyer les efforts de l’Algérie dans son processus d’adhésion à l’OMC», at-elle assuré avec la même joie. «Les gains potentiels et les pertes de plusieurs millions de dollars liés à la propriété intellectuelle pèsent sur la décision des investisseurs lorsqu’ils décident d’investir ou de renforcer leur présence dans un marché donné, et les compagnies américaines examinent attentivement le régime de la propriété intellectuelle dans les pays où ils souhaitent s’établir avant de s’engager dans des investissements internationaux», conclut-elle en résumant les dangers du laisser-aller actuel…