La taxe imposée aux véhicules des touristes algériens à leur sortie du territoire tunisien continue de susciter colère et désapprobation.
La protestation tend à se propager à d’autres postes-frontières. Ainsi donc et après le centre de contrôle frontalier de Betita, situé à 140 km au sud-est de la wilaya de Tébessa, hier c’était au tour du poste-frontière Mahmoud Guenez de Ras Laâyoun, 37 km au nord du chef-lieu, de connaître la même protestation du côté algérien. Pour exprimer leur désapprobation, des citoyens ont tout simplement bloqué le passage d’entrée devant des ressortissants tunisiens, empêchant ainsi ces derniers d’entrer en Algérie.
Plusieurs familles installées des deux côtés de la frontière font presque quotidiennement la navette et ne comprennent pas l’instauration de cette taxe. Pour rappel, des touristes algériens avaient déjà appelé par le passé à l’annulation de cette fameuse taxe estimée à 30 dinars tunisiens, soit l’équivalent de plus de 2.000 DA. Ils avaient également incité les autorités algériennes à imposer une mesure de réciprocité envers les citoyens du pays voisin. Les protestataires semblent décidés à maintenir la pression, afin d’obtenir gain de cause à leur revendication. Le poste frontalier de Ras Laâyoun, relevant de la commune d’Aïn Zarga, constitue le deuxième centre de passage le plus emprunté par les voyageurs, en nombre, après celui de Bouchebka. Plus de 570.000 voyageurs algériens ont transité par les frontières Est à destination de la Tunisie, durant le 1er semestre de l’année 2016.
Dernièrement, un officiel tunisien s’est expliqué sur la question, tout en affirmant que des discussions étaient en cours avec les autorités algériennes au sujet de cette taxe. La suspension de cette taxe a été à maintes fois évoquée par des responsables tunisiens, l’année écoulée où le même mouvement de protestation avait été observé. La Tunisie qui traverse une période difficile sur le plan économique mise beaucoup sur les touristes algériens, surtout après la dégradation de la situation sécuritaire qui a poussé nombre de touristes occidentaux à changer de destinations pour leurs vacances.
« La Tunisie accueille durant les deux mois de juillet et août près de 800 000 touristes algériens », a indiqué dernièrement un gérant d’une agence de voyage. «Les voyagistes s’attendaient à une multiplication des offres promotionnelles avec des réductions conséquentes des prix pour la destination Tunisie, mais le voisin de l’Est n’a pas mis à la disposition des touristes algériens des formules attractives. Mieux, il y a une hausse de 10 à 15 % relativement à l’année passée, faisant que la facture s’élève à 46 000 dinars pour un séjour familial d’une semaine », a expliqué notre interlocuteur qui a lié cet état de fait à « la dépréciation du dinar, l’envolée de l’euro qui s’échangeait en 2015 aux alentours de 160 dinars et qui atteint cette année les 180 dinars et, aussi, et surtout, la banqueroute de la destination Turquie qui a incité les Tunisiens à ne pas verser dans le séjour promotionnel, et garder des tarifs relativement élevés».