L’eau est le vecteur de transmission privilégié des maladies dites hydriques ou maladies à transmission hydrique. Il est démontré que seul l’approvisionnement en eau salubre et l’aménagement d’installations sanitaires appropriées pour toutes les populations, peuvent réduire sensiblement la prévalence de ces maladies.
Malgré le danger et les campagnes de sensibilisation, les citoyens oranais continuent de s’approvisionner auprès des colporteurs d’eau. A Oran, prés de 150 y ont été recensés. Pire, une bonne partie ne respecte pas les règles d’hygiène et n’ont pas encore renouvelé leurs agréments malgré le délai qui leur a été accordé.
Les mêmes statistiques ont révélé que de nombreux citoyens de la ville d’Oran ont recours aux citernes d’eau et n’ont pratiquement aucune idée sur les conditions d’hygiène ni de l’endroit où s’approvisionnent ces colporteurs. Ainsi et en prévision de la saison estivale les colporteurs d’eau ont fait objet de contrôle. Outre la vérification des citernes et de la qualité de l’eau, les colporteurs sont tenus de renouveler leurs autorisations d’exploitation au niveau des services concernés.
Des équipes mobiles effectuent des contrôles des points d’approvisionnement répartis entre les sites d’El Hassi, Coca, Sidi El Bachir. Nombre d’habitants justifient le recours au colporteur par le fait que l’eau qu’ils proposent est douce, alors que d’autres expliquent qu’ils ont juste pris l’habitude de l’acheter au lieu de l’avoir à partir des robinets.
La majorité de citoyens ignore le danger que représente l’eau de certains puits exploités par ces vendeurs. Du côté du bureau d’hygiène de la commune d’Oran, on apprend que malgré l’exploitation de l’eau de certains puits soit interdite à cause du nitrate qu’elle renferme, certains vendeurs d’eau insoucieux continuent de s’alimenter de ces forages.
UNE EAU NITRATÉE PROPOSÉE AUX CONSOMMATEURS
L’année dernière, une opération de contrôle des colporteurs d’eau a été menée par les services concernés, suite à la découverte de la présence de nitrate dans l’eau distribuée par des vendeurs ambulants.
En effet un taux jugé élevé de nitrate a été découvert suite aux analyses physico-chimiques, menées par ces services sur l’eau de certains colporteurs de la ville d’Oran, notamment les colporteurs qui s’approvisionnaient des puits situés dans la zone de haï Bouamama (ex-El Hassi). Ainsi et en raison du taux élevé de nitrate, le bureau d’hygiène communale a procédé à la fermeture de 17 puits au niveau de cette localité.
Les premières explications fournies par les services concernés font état de la contamination de la nappe phréatique suite à une utilisation excessive des pesticides au niveau de certaines terres agricoles. Cet élément (le nitrate) est indispensable pour les végétaux, mais lorsque son taux de concentration est élevé il devient dangereux pour la santé.
Les arrêtés de fermeture de ces puits, ont été établis, mais certains d’entre eux restent toujours exploités illicitement. Il faut savoir que le taux toléré de nitrates est de 45 mg au litre d’eau. Et à titre indicatif, un litre d’eau minérale contient seulement 4,8 mg de nitrate. Le nitrate (sel de l’acide nitrique) est un acide corrosif, incolore et très nocif pour la santé.
Selon les toxicologues, la consommation d’eau qui contient un taux élevé de nitrate a pour effet la création de méthémoglobines, de l’hémoglobine oxydée dans laquelle le fer a perdu son pouvoir de fixer l’oxygène dans le sang.
Conséquence directe ; une diminution de l’oxygénation des cellules du corps humain, notamment celles du cerveau. Pour les enfants en bas âge, cette diminution d’oxygénation peut avoir des répercussions négatives sur la croissance et peut provoquer dans certains cas, un ralentissement du développement des facultés mentales.
«Une consommation à long terme d’eau polluée par le nitrate, ajoute notre interlocuteur, provoque la formation de cellules cancéreuses». Il est à signaler que la majorité des puits de la zone d’El Hassi sont des forages illicites qui ne sont pas dotés de périmètres de protection pour parer aux risques de pollution et de contamination.
Par ailleurs, le risque de la prolifération des maladies à transmission hydrique (MTH) n’est pas écarté. Il est à préciser que les MTH représentent à elles seules 39% de l’ensemble des maladies déclarées et le taux d’incidence global moyen reste de l’ordre de 40 cas pour 100.000 habitants. Les MTH, selon une étude épidémiologique, occupent la troisième position (en taux d’atteinte) dans les maladies qui touchent les Algériens.
Dans la ville d’Oran, d’autres facteurs, notamment le transport et le stockage de l’eau, favorisent le développement et la multiplication de ces affections. D’autre part, le stockage prolongé de l’eau par des vendeurs de cette denrée rare, activant au niveau de locaux fixes, est un autre danger pour la santé des consommateurs.
Du côté de la cité Lescure, de Saint-Pierre et d’autres quartiers comme Maraval, Saint Eugène, Miramar le constat est le même. Des locaux situés sous des immeubles, des caves et d’autres endroits sont utilisés pour stocker l’eau dans des citernes repoussantes, souvent rouillées.
Et malgré un arrêté établi en 2004, portant fermeture des points fixes de vente d’eau, ce commerce se poursuit en toute impunité. Pire encore, certains de ces vendeurs d’eau assurent en même temps la vente de produits détergents (esprit de sel, lessive, javel, crésyl), ce qui présente de grands risques d’intoxication.
Mehdi A