Les technologies textiles sont nos meilleurs alliés pour passer l’hiver. A l’aube des premiers frimas, aperçu des dernières innovations.
Que vous soyez amoureux de la montagne, fan de poudreuse ou simplement très frileux, vous aurez peut-être bientôt besoin (ou envie) de vous offrir une veste d’hiver. La vraie. Celle qui vous tiendra chaud sur les pistes, pendant vos apéros en station ou encore en ville, quand le bitume aura gelé. Sauf qu’en 2015 l’exercice peut vite tourner au casse-tête chinois. Plus que jamais, les marques de vêtements de sports d’hiver rivalisent de mots savants pour vanter leurs dernières innovations: entre les Thermolite, Gore-Tex, PrimaLoft et autres Polartec, il y a de quoi perdre son latin. Pourtant, sous ces marques déposées se cachent souvent des concepts très simples. Petit glossaire pour les nuls.
Etanchéité
Une bonne veste d’hiver doit impérativement vous garder au sec, puisqu’un tissu mouillé prive le corps de chaleur. En cas de fortes intempéries, faites donc une croix sur votre belle doudoune en nylon: les plumes seront rapidement trempées et perdront toute capacité isolante. En matière d’étanchéité, le champion toutes catégories est le Gore-Tex, un tissu breveté en 1969 par l’entreprise du même nom. Le Gore-Tex est une couche extrêmement fine de polytétrafluoroéthylène expansé (notamment commercialisé sous le nom de Teflon) contenant plus de 1,4 milliard de pores microscopiques par centimètre carré. Ces pores sont 20 000 fois plus petits qu’une goutte d’eau, ce qui permet à la membrane de laisser s’échapper la transpiration tout en empêchant le passage des gouttes. Pour une imperméabilité maximale, les coutures de tous les vêtements, chaussures et gants fabriqués avec du Gore-Tex sont recouvertes d’une bande d’étanchement baptisée Gore-Seam.
Cet automne, l’entreprise Gore-Tex a annoncé le lancement de la technologie Gore Thermium, une protection encore plus confortable, plus isolante et plus versatile que les précédentes. Elle sera adoptée dès l’automne 2016 par des marques comme Arc’teryx, Salewa ou Millet. En attendant, misez sur les vestes estampillées Gore-Tex Pro, un type de membrane très résistante, adaptée pour les activités de montagne en conditions extrêmes comme l’alpinisme et le ski freeride.
Respirabilité
Une veste imperméable doit aussi être respirante, c’est-à-dire capable de laisser la transpiration s’échapper. Sans cela, vous risquez un effet sauna après le moindre effort! En théorie, toutes les membranes Gore-Tex sont hautement respirantes. Et en pratique? «Il est impossible de garder une veste en Gore-Tex fermée pendant une activité sportive. Il faut l’ouvrir pour l’aérer», assure Nicolas Rochat, patron de la marque suisse Mover.
En guise de substitut aux fibres et aux membranes synthétiques, la maison de vêtements de sports d’hiver haut de gamme a développé le Mover Wool System, une nouvelle génération de vêtements de ski privilégiant les matières naturelles et offrant «une réelle capacité respirante». A l’extérieur, les vestes Mover sont dotées d’une gabardine 100% coton à haute densité, suffisamment serrée pour être étanche et assez ouverte pour être respirante.
Fabriqué à Zurich par l’entreprise Stotz, ce produit très technique mais sans plastique est habituellement destiné aux marques de prêt-à-porter de luxe comme Burberry ou aux designers de tissu wax. «Ce tissu naturel est idéal pour les vêtements de ski, car il permet de se passer de membrane», se félicite Nicolas Rochat. A l’intérieur des vestes, on trouve une ouatine isolante à base de laine d’alpaca suisse, plus chaude et plus douce que la laine de mouton et «qui autorise une véritable régulation thermique». Cette année, Mover se lance également dans le streetwear avec une gamme d’élégantes parkas entièrement étanches, naturelles et respirantes. De quoi faire de l’ombre à Moncler et à Canada Goose, les deux Rolls de la doudoune de luxe.
Légèreté
A l’approche de l’hiver, les citadins ne jurent que par la petite veste en plume d’oie. Exit le look bonhomme Michelin: sous un manteau ou un costumecravate, la doudoune ultralégère passe quasiment inaperçue. Si les enseignes de fast fashion en écoulent des millions chaque année, ce produit vient de l’industrie outdoor, qui sait depuis longtemps que le poids est l’ennemi numéro un des freeriders et des alpinistes. Sans compter que beaucoup de consommateurs veulent voyager léger. «Il y a une course pour développer le produit le plus chaud et le plus léger», reconnaît-on chez Mammut.
En matière de sportswear, c’est-à-dire pour un usage quotidien, la célèbre Ultralight Down Hoody, de Patagonia, est un indémodable. Ultrachaude et ultralégère, elle repousse la pluie légère et la neige et réduit le temps de séchage du vêtement. Pour les conditions plus extrêmes, Gore-Tex vient de sortir C-Knit, une doublure plus légère, plus douce et tout aussi solide. Une technologie à retrouver dès cet hiver chez les spécialistes des vêtements de ski comme Arc’teryx, Mammut, Marmot, Millet, Patagonia, Peak Performance ou encore The North Face. Faire léger, d’accord, mais pas à tout prix, met en garde Nicolas Rochat de chez Mover. «Il faut une masse critique de 180 à 200 g de tissu par mètre carré, sans cela on a froid.»
Empreinte écologique
Toutes les marques de vêtements de sports d’hiver vous le diront: réduire l’empreinte écologique de leurs produits est une de leurs priorités. Depuis 2014, Patagonia n’utilise ainsi que du duvet 100% traçable, provenant d’oiseaux qui n’ont été ni plumés à vif ni gavés. Même engagement chez Mammut, qui se fie depuis cette année à la certification Responsible Down Standard, de l’ONG Textile Exchange.
A l’instar de Mover, qui promeut l’usage de la laine et du coton, les équipementiers sportifs privilégient aussi les matières naturelles. Cet hiver, Mammut lance ainsi une veste rembourrée de laine de yak, une matière qui sèche rapidement et qui repousse sur l’animal. La recherche de matériaux performants et eco-friendly débouche parfois sur des innovations insolites. En collaboration avec le manufacturier de biomatériaux japonais Spiber, The North Face vient de créer la Moon Parka, une veste d’hiver fabriquée avec de la soie d’araignée synthétique, souple et ultrarésistante. La parka n’est pour l’instant qu’au stade de prototype, mais la marque américaine espère la commercialiser en 2016 pour offrir une solution de rechange prometteuse aux matériaux synthétiques à base de pétrole.