Los Angeles, la « Blizzcon » rassemblait ce week-end quelques 25.000 fans de jeux vidéo, venus incarner leurs propres héros.
Au volume sonore, on s’attendrait à voir Michael Jackson de retour sur scène… « Ladies and gentleman. Michael Morhaime !! ». 25000 fans chauffés à blanc hurlent dans le noir quand le patron de Blizzard Entertainment fait son entrée sur le plateau du gigantesque centre de conférences d’Anaheim. Cette véritable forteresse est réquisitionnée ce week-end pour le grand rassemblement des inconditionnels des jeux vidéo Blizzard, la « Blizzcon ». Chaque année depuis 2005, des armées de monstres poilus, d’elfes, de Gobelins, de druides et de guerriers à queue de cheval envahissent pendant deux jours les rues de cette minuscule bourgade plantée à quelques kilomètres de Los Angeles, éclipsant complètement Disneyland, pourtant la seule attraction du coin.
« Alliance et Hordes, Terran, Protoss et Zerg, héros de Storm, futurs héros d’Overwatch, que c’est bon de vous retrouver ! », crie Michael Morhaime d’une voix d’outre tombe qui fait trembler les murs. L’image est retransmise sur cinq écrans géants, le son décuplé par d’énormes baffles. Les fans, qui s’identifient déjà aux héros de « World of Warcraft », le blockbuster de Blizzard, sont galvanisés. Leurs costumes de monstres créent dans la pénombre une ambiance inquiétante. Entièrement vêtue de gris et cachée sous un masque barré d’une impressionnant rangée de dents, « Inquisitor Aura », 35 ans, tend sa carte de visite. Cette « gameuse » est venue de San Diego pour la cinquième année consécutive. A côté d’elle, une créature étrange porte des lentilles de contact dorées et une perruque fluorescente : l’effet est redoutable. Tous les costumes sont faits maison : un concours du plus extravagant est prévu un peu plus tard dans la journée.
« Combien d’entre vous ont rencontré leurs meilleurs amis ou l’amour de leur vie en jouant aux jeux Blizzard ? », demande Michaël Morhaime sous une tonnerre de cris. « Moi j’ai rencontré ma femme par Blizzard, et notre fille assiste déjà aux compétitions de jeux vidéo. Elle n’a pas encore un an ».
Les fans ont payé plus de 200 dollars la place pour assister à cette grande messe annuelle, espérant repartir avec quelques cadeaux, et la promesse de sortie imminente de nouveaux opus de leurs jeux préférés. Ils viennent du monde entier : Afrique du Sud, Australie, Japon. Et bien sûr de Corée. Depuis des années, ce sont les équipes coréennes qui raflent tous les prix des compétitions de jeux vidéo. « Ils prennent des trucs », glisse un fan. Un autre confirme : les contrôles anti-dopage sont courants. Plusieurs compétitions sont attendues ce week-end, mais les fans aussi sont venus pour jouer. Une salle grande comme un terrain de football quadrillée de centaines d’ordinateurs les attend. Dans quelques instants, ils prendront le contrôle de leurs personnages. Ou l’inverse ?
Elsa Conesa