Quand une plainte fait peur à Bouguerra Soltani

Quand une plainte fait peur à Bouguerra Soltani

Bouguerra Soltani risque de ne plus oublier son voyage en Suisse. Surtout de ne plus retourner dans ce pays des droits de l’homme.

Et pour cause : le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP) fait l’objet d’une plainte pour actes de torture. Ainsi, à peine a-t-il posé les pieds sur le sol helvétique qu’il était contraint de le quitter. En se rendant dans ce pays, qu’il a « fui » vendredi dernier, le leader du MSP ne savait certainement pas qu’une plainte avait été déposée contre lui. Une plainte qui a été enregistrée auprès du tribunal fribourgeois le 12 octobre dernier.

Derrière cette affaire qui risque d’éclabousser le chef du MSP déjà en difficulté au sein de sa formation politique, il y a Track Impunity Always (Trial), une association suisse contre l’impunité. C’est cette ONG qui a intenté le procès contre Bouguerra Soltani au nom d’une victime, Abdelmalek Nouar, de nationalité algérienne. Trial avait déjà saisi le Comité des Nations unies contre la torture, d’une plainte contre l’Algérie, « en raison de nombreuses tortures subies par Abdelmalek entre 2001 et 2005 ».

Bouguerra Soltani figure parmi les personnes dénoncées par la victime comme ayant orchestré des séances de torture. Dans une déclaration reprise par le site de Trial, Me Damien Chervaz, avocat de la victime, a précisé qu’ « il a été prévu au terme de l’audience que M. Soltani serait appréhendé et qu’une confrontation directe serait ensuite organisée entre les deux protagonistes ».

Du côté de Bouguerra Soltani, c’est le silence total. Toutes nos tentatives pour prendre attache avec lui se sont avérées vaines. Réfugié en France depuis trois ans, Nouar Abdelmalek, ancien fonctionnaire au ministère de la Défense nationale, a accusé ouvertement Bouguerra Soltani d’ « avoir dirigé une séance de torture » contre lui, en 2005. Selon l’ONG Trial, qui se base sur les propos de la victime, Nouar Abdelmalek a « subi » les foudres du chef du MSP en raison d’un rapport qu’il aurait publié en 1998, « dans lequel il mettait expressément en cause les agissements de Bouguerra Soltani dans une affaire de recrutement d’un jeune islamiste algérien envoyé en Afghanistan ». « Nouar Abdelmalek a été entendu, comme le précise l’association Trial, vendredi 16 octobre 2009 par un juge d’instruction, en présence d’un expert psychiatre, lequel a conclu à la grande crédibilité de son témoignage. »

Par M. A. O.