Adjal Lahouari
Il fallait s’attendre à ce qui s’apparente à une offensive psychologique en vue de déstabiliser l’adversaire. Le joueur ivoirien, Seley Die, a annoncé la couleur dès la qualification de son équipe face au Mali : « Jeudi, ce sera la guerre.
Ce sera un combat à tous les niveaux et ce n’est qu’à la fin du match que l’on fera les comptes ! » Sans jeu de mots, c’est de bonne guerre de la part des Ivoiriens. Les réactions ne se sont pas fait attendre, la plus intéressante étant celle de Belmadi, lorsqu’un journaliste a évoqué la victoire des Ivoiriens en 2015 : « 2015, c’est le passé, et nous on veut passer ce stade des quarts de finale ». Quant aux Verts, plus que jamais décidés à aller le plus loin possible dans cette édition riche en surprises, ils sont unanimes : « Tant qu’on n’a pas la Coupe d’Afrique en mains, on n’aura rien fait ! » Pour sa part, le président de la FAF, Zetchi, bien que très heureux du parcours remarquable de l’équipe nationale, prône la prudence : « Comme ce fut le cas lors des trois derniers matches de la phase de poules, nous avons félicité les joueurs. Toutefois, il faudra garder les pieds sur terre et la tête froide.
Car il nous reste des matches importants à jouer. Si on veut avancer, il va falloir nous concentrer à nouveau sur nos prochaines échéances ». Objectivement, cette équipe de Côte d’Ivoire nous a paru moins forte que sa devancière de 2015. Des cadres ne sont plus là et le jeu collectif est loin d’être au point si l’on se fie à cette rencontre face au Mali, marquée par de l’engagement physique et des duels acharnés mal réprimés par l’arbitre. Or, et vu l’enjeu avec une qualification en quarts de finale, il serait faux de croire que les Ivoiriens ont caché leur jeu. Et le fait que la qualification se soit jouée aux tirs aux buts confirme notre jugement, à savoir que cette formation est à la portée des Verts, lesquels ont impressionné tout le monde par leur organisation, leur état d’esprit et qui sont décidés à atteindre l’objectif tant désiré par tous les Algériens. En tenant compte des forces en présence, le débat s’annonce avec une issue incertaine.
Du fait même que les Ivoiriens ont arraché la qualification sans être convaincants va les pousser à se ressaisir. La confirmation est venue de la bouche de l’attaquant Wilfrid Bony : « Si l’on joue comme ça et on va en finale, moi, je suis preneur ! » Ce qui signifie qu’il reconnaît que l’équipe n’a pas fourni la prestation escomptée. Il s’agit d’un indice qui n’a pas échappé à Djamel Belmadi qui, de la tribune d’honneur où il était installé, a pris des notes qu’il compte exploiter cet après-midi. Peu loquace comme à ses habitudes, il s’est contenté d’une analyse sommaire : « Les Ivoiriens ont de l’expérience et savent jouer sans pression ». Il va de soi qu’il a une idée précise des forces et des faiblesses de cette équipe. Il y a de la technique et des vertus physiques bien évidemment, mais également des lacunes à exploiter. Les observateurs ont relevé la lenteur sur les côtés de la défense et au milieu.
On prête à Belmadi de reconduire le onze qui lui a donné des satisfactions au cours de cette phase de poules et, quelle que soit la tournure du match, il a plusieurs atouts sous la manche dont, notamment, un Ounas qui, bien que remplaçant, est co-meilleur buteur en compagnie d’autres joueurs ayant passé 360 minutes sur le terrain, un ratio flatteur pour le sociétaire de Napoli. Il est tout à fait logique que plus on avance dans cette édition, plus les rivaux sont d’un calibre supérieur. La Côte d’Ivoire fait partie de ce lot de formations que les Verts doivent respecter et qui sont donc contraints d’élever leur niveau dans tous les domaines. Et aussi paradoxal que cela puisse paraître, la progression doit démarrer de la défense, pourtant la plus solide du tournoi. Comment ? En soignant la relance au maximum, ce qui permettra la conservation du ballon, un gage de sécurité dans le football actuel.
Certes, on ne peut pas prendre au pied de la lettre « l’avertissement » du fameux milieu du Barça, Xavi, qui a dit que « dégager le ballon à l’emporte-pièce, alors que la passe est possible vers un coéquipier, est une défaite intellectuelle ». Mais, hormis les situations d’urgence où le danger est pressant, les défenseurs algériens doivent cesser d’envoyer le ballon dans le camp adverse ou en touche. Il faut préciser tout de suite que nos confrères présents en Egypte sont du même avis. Aussi, des réajustements s’imposent dans ce secteur clé, l’euphorie ne doit pas occulter les chaudes alertes qu’ont vécues les partenaires de Mandi. Ces derniers savent que leurs coéquipiers du milieu, Guedioura, Feghouli et Bennacer, dans des styles différents mais complémentaires, sont aptes à remonter le ballon et amorcer les attaques, surtout avec la présence, sur les côtés, non seulement des latéraux Atal et Bessebaïni, mais également de Mahrez et Belaïli.
L’autre point sur lequel Belmadi doit insister, c’est le placement de son fer de lance Bounedjah qui n’a inscrit qu’un seul but sur penalty, lui, le finisseur par excellence. La première explication vient de son isolement en pointe. Ensuite, ses démarrages anticipés qui le font tomber dans le piège du hors-jeu comme ce fut le cas lors du match contre la Guinée. Ceci dit, tout en louant le travail de sape qu’il a effectué au profit de ses coéquipiers.