Ils étaient au départ 19, aujourd’hui 15 à demander audience au président de la république afin de sauver, selon leurs propos, le pays de la perte de souveraineté nationale.
Que proposent-ils exactement ou bien cette demande fortement médiatisée ne voile t-elle pas un objectif politique pour infléchir la politique économique pour des raisons idéologiques propres au Parti des travailleurs qui est le porte parole ? Au moment où le cours du Brent a clôturé le 17 novembre 2015 à 43,98 dollars et le WIT à 41,10 dollars, avec une baisse officielle drastique du dinar par rapport au dollar coté à 107,70 dinars un dollar contre 115,03 un euro( 170 dinars sur le marché parallèle) , le problème n’est-il pas ailleurs ?
1.-Tous les Algériens aiment leurs pays. Personne ne peut taxer de voleurs, (il faut des preuves), le secteur privé national qui crée des emplois et de la richesse et jeter des amalgames sur le privé international ; comme il ne faut pas culpabiliser les managers du secteur d’Etat qui recèlent des compétences avérées. Que représentent celles et ceux qui crient au bradage et qui taxent d’antinationalistes ceux qui ne partagent pas leurs point de vue, voulant donner des leçons de patriotisme pour protéger souvent des intérêts de rente où pour imposer à la population algérienne une idéologie largement dépassée. L’Etat stalinien ( pas le socialisme humaniste que décrivait Karl Marx ) étant mort à jamais comme le montrent les fondateurs de cette idéologie, la Chine et la Russie qui vont vers une économie de marché concurrentielle maîtrisée et humanisée. La tolérance des idées d’autrui et la confrontation d’idées productives tenant compte de nos différentes sensibilités est la seule voie en ces moments difficiles .L’Algérie a besoin de rassembler tous ses enfants sans exclusive et non de diviser. Le véritable nationalisme en ce XXIème siècle, ère de la mondialisation qui est une dure réalité, où toute Nation qui n’avance pas recule, est de contribuer à la création de la valeur ajoutée interne, de réaliser cette difficile transition d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales et de concilier l’efficacité économique avec une très profonde justice sociale ce qui ne saurait signifier égalitarisme source de démotivation et donc de décadence.
2. Pour éviter toute mauvaise interprétation, j’affirme que selon des sources sûres, que le droit de préemption en Algérie qui existe dans tous les pays du monde n’est pas remis en cause pour des segments qui engagent la souveraineté nationale. Pourquoi donc le groupe des 15 se focalise donc sur cet aspect et qu’il dise ouvertement le but recherché ? Il faut reconnaître à leurs actifs que certains ministres par des déclarations contradictoires les réconfortent en brisant la confiance Etat-citoyens sans laquelle aucun développement ne peut se réaliser. D’ailleurs, l’Algérie est un pays souverain et une simple décision du Conseil des Ministres suffit. La mentalité bureaucratique de certains responsables est de croire qu’il faille faire une Loi pour résoudre les problèmes. Lorsque les USA ont interdit à certains pays du Golfe d’investir dans les ports, ils ont invoqué la souveraineté nationale des USA sans pondre de Lois. Et les pays qui attirent le plus d’investissement n’ont pas de codes d’investissement. Le blocage en Algérie réside en les dysfonctionnements de la société devant s’attaquer à l’essence du blocage et non aux apparences. Mais peut t-on généraliser cette règle à tous segments quitte à ce que l’Algérie supporte tous les surcouts contribuant par là à accroitre tant l’endettement intérieur qu’extérieur et donc à une perte de la souveraineté nationale. Avant d’avancer ces affirmations gratuites pour démobiliser la population à des fins politiques, ne reposant sur aucun fondement scientifique, que les auteurs de la lettre livrent le bilan en public du droit de préemption pour Djeezy et récemment pour El Hadjar.
Et il en est de même pour le Ministre de l’Industrie pour apaiser les tensions inutiles. Car dans tous les pays du monde qui utilisent le droit de préemption, cette décision doit accroître à terme l’efficience économique globale du pays, la sécurité étant indissociable du développement. Car, une Nation qui distribue plus que la création de la valeur est vouée à une marginalisation croissante au sein de l’économie mondiale. Le nationalisme ne saurait s’assimiler à une distribution passive de la rente des hydrocarbures en voie d’épuisement. Il en est de même de la règle 49/51% généralisable à tous les segments stratégiques qu’il s’agira de définir avec précision, car historiquement datés, des segments non stratégiques où la minorité de blocage suffirait. Ceux qui taxent d’antinationalistes ceux qui demandent l’assouplissement de cette règle notamment pour le PMI/PME doivent nous donner un bilan de cette règle depuis qu’elle a été instaurée en 2009. Le président de la république et le premier ministre ont besoin qu’un Etat des lieux sans complaisance, leur soit soumis afin de prendre des décisions appropriées.
3.-Je leur rappelle quelques vérités, dont certains des 19 aujourd’hui 15, qui ont été dans la décision connaissent parfaitement Ainsi, les importations de biens, à prix courants, selon les statistiques officielles douanières et la Banque d’Algérie, ont été de 39, 27 milliards de dollars en 2009 et 58,330 en 2014. En incluant les services, qui ont représenté en 2014, 11,70 milliards de dollars nous avons avec un total d’importation de biens et services de 71,14 milliards de dollars pour 2014. Ce sont les sorties de devises sans les transferts légaux de capitaux dont les transferts courants nets ont été de 3,30 milliards de dollars en 2014.Voilà le résultat de la règle des 49/51% , un accroissement des importations de biens de 48,53% étant alimenté essentiellement par la dépense publique Environ, 70% des besoins des ménages et des entreprises publiques ( qui ont nécessité plus de 60 milliards de dollars entre 1971/2014 pour leur assainissement dont 70% sont revenues à la case de départ ) et privées dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15% pour les deux secteurs provient de l’extérieur. Sans avoir une vision de sinistrose, après une décennie sanglante, il y a eu des réalisations mais le taux de croissance malgré l’importance de la dépense publique a été en moyenne de 3% entre 2000/2014 alors qu’il aurait du dépasser les 10% s’étant concentré sur les infrastructures et négligé les fondements de la croissance, l’entreprise et son fondement le savoir.
Ainsi, le secteur industriel représente moins de 5% du produit intérieur brut et sur ces 5% environ 95% sont des PMI/PME peu initiées au management stratégique, donc non concurrentielles. Et selon l’ONS, 83% de la superficie économique est constituée de petits commerce et services avec une sphère informelle dépassant 40/50% de la superficie économique que l’on ne combat pas pour son intégration par des mesures administratives autoritaires. Il s’ensuit que 97/98% des exportations en devises avec les dérivées provient des hydrocarbures, et il a suffit de la chute des cours des hydrocarbures, au moment où certains des 15 calmaient haut et fort que tout marchait bien, pour que les réserves de change passent de 192 milliards de dollars en janvier 2014 et clôtureront entre 130/135 milliards de dollars fin 2015.
A moins d’un sursaut national dont bon nombre de messages ont été déjà adressés au Président de la République avant la demande d’audience des 15 , il y a risque de l’épuisement du fonds de régulation des recettes courant 2017 et des réserves de change horizon 2018/2019. Où est l’indépendance économique et pourquoi les 15 n’ont pas réagi depuis cette période où cette situation a été relatée dans la presse nationale ? Que proposent concrètement les 15 à l’opinion publique, loin des slogans stériles ? C’est ce qu’attend toute la population algérienne et les patriotes qui ne veulent pas revivre les ajustements structurels de 1994, afin d ‘éviter un retour au FMI. Face aux tensions géostratégiques économiques, culturelles, politiques et militaires, qui se dessinent horizon 2015/2030 au niveau de la région africaine et euro-méditerranéenne, l’Algérie, sous réserve d’une stratégie d’adaptation au nouveau monde (sous intégration régionale), d’un Etat de Droit, d’une haute moralité de ses dirigeants liée au renouveau de la gouvernance et d’un Front national solide, peut surmonter ses difficultés. Elle a les potentialités.
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