Quel est le poids du FCE au sein de l’économie algérienne ?

Quel est le poids du FCE au sein de l’économie algérienne ?

Par Dr Abderrahmane Mebtoul

Mr le Président du FCE, évitez l’amalgame : un programme de privatisation/démonopolisation doit s’inscrire dans le cadre d’une vision stratégique : Sonatrach n’est pas à privatiser et l’investissement dans les segments militaires suppose la maîtrise de la haute technologie !

Le président du FCE vient de déclarer qu’en Algérie tout est privatisable sans délimiter les segments. Pour éviter toute interprétation byzantine, de cette présente contribution, j’ai toujours défendu l’économie de marché concurrentielle à vocation sociale, n’ayant jamais fait de différences entre secteur d’Etat performant et secteur privé productif, qui a été inscrite dans la nouvelle constitution. Au moment fort du socialisme de la mamelle, j’ai dirigé le premier audit sur le secteur privé pour le compte du comité central du FLN entre 1979/1980. Puis , j’ai  été membre fondateur avec de nombreux amis  du secteur d’Etat qui recèle de nombreux managers  brillants et du secteur privé des 48 wilayas,  l’Association Algérienne  de Développement de l’Economie de Marché  ADEM , agrément national du ministère de l’intérieur  63/92 dont j’ai eu l’honneur d’être président de 1992 ( date ou certains préconisaient  l’économie de guerre) , tout en ayant  exercé   l’importante fonction gouvernementale de président du conseil national de la privatisation entre 1996/1999. J’ai toujours insisté sur le couple indissociable efficacité économique, répartition juste du revenu national par une profonde justice sociale qui n’est pas l’antinomie de l’efficacité. Donc, je n’ai de leçons à recevoir de personne vis à vis de la défense du secteur privé créateur de richesses qui a besoin d’être développé et soutenu en symbiose avec le secteur d’Etat, en levant les contraintes du milieu des affaires loin des rentes .

Le président du FCE dans son allocution reprise par la presse  affirme «  tous les secteurs sont privatisables  et le FCE est prêt à investir au niveau de certains segments  militaires ». Avec sa technologie et ses fonds propres ?  Mais le grand problème n’est pas d’être pour ou contre mais les membres du FCE ont-ils les capacités managériales et technologiques pour investir dans tous les créneaux. Le Président du FCE doit engager la responsabilité de son organisation, qui n’est qu’une simple association et non un syndicat,  et non toutes les autres organisations. Comme  ne pas rappeler le manque d’unification des organisations patronales  privées, ce qui pose un grand problème pour la présidence de la république et le  gouvernement  afin d ‘avoir des propositions cohérentes. Sans être exhaustif nous  avons la  Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA)  la Confédération générale du patronat (CGP-BTPH), la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA), la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA, la Confédération algérienne du patronat (CAP) , le Conseil supérieur du patronat algérien (CSPA),  l’Association des femmes chefs d’entreprises (Savoir et vouloir entreprendre-SEVE), le Club des entrepreneurs et des industriels de la Mitidja (CEIMI). Quant au Forum des chefs d’entreprises (FCE), qui veut  s’ériger en syndicat,  il est   considéré comme un Think tank (laboratoire d’idées) et non comme une organisation syndicale.

Ayant de  nombreux amis au niveau de différentes organisations patronales dont le FCE, je pose en tant  que défenseur  depuis plus de trois décennies  de l’économie de marché à vocation sociale dix huit (18) questions pour déterminer le poids réel du Forum des Chefs d’entreprises (FCE) au sein de l’économie algérienne et si les membres de cette organisation sont  capables de prendre des parts de participation dans Sonatrach avec leurs fonds propres et  leur technologie  et investir( sous réserve du secret militaire) , dans l’industrie militaire qui requiert des techniques de pointe.

Dix-huit questions pour le FCE..?

Première question  , le président du Forum des chefs d’entreprises, dans plusieurs placards publicitaires en date du 01 août 2017, ( et depuis plus d’annonce sur son site ) avait annoncé sans donner de détails de ses données statistiques qu’il représente 2000 chefs d’entreprises, qu’il emploie 300.000 travailleurs et qu’il réalise un chiffre d’affaires de 40 milliards de dollars et que très prochainement ses membres allaient exporter massivement vers l’Afrique. Qu’en est-il en réalité ?

Quelle est la nature juridique des sociétés : SARL, sociétés par actions ou autres, et quelle est la part de l’emploi créé par rapport à la population active d’environ 12 millions et quelle est la masse salariale octroyée et sa ventilation par qualification !?

Etant à l’aube de la quatrième révolution économique, le capital argent n’étant qu’un moyen, combien de ses adhérents ont des laboratoires de recherche et quel est le montant du chiffre d’affaires qu’ils consacrent à la recherche et particulièrement au développement de l’intelligence artificielle et du digital ?

Quelle est la structuration par secteur d’activité des 2000 entreprises entre 2016/2018 distinguant le chiffre d’affaires  relevant de la production locale, de la sphère commerciale interne et des activités  liées à l’importation ? Sa part dans le chiffre global rapporté respectivement au pays secteur d’Etat et au secteur privé y compris le commerce services, ainsi que sa part par rapport au chiffre d’affaires de Sonatrach, sa part de ce chiffre d’affaires par rapport au chiffre d’affaire de la sphère informelle en dinars et en euros ou dollars et la part de l’investissement productif du FCE dans le total investissement public/privé entre 2006/2018 ?

Quel est l’apport réel du FCE  dans la campagne des emprunts obligataires, la création de valeur ajoutée du FCE et ses investisse, le paiement des impôts à l’Etat des membres du FCE, la participation du FCE  aux exportations hors hydrocarbures par produits et le montant des  crédits bancaires et le montant des  exonérations fiscales  reçus  par cette organisation et ses membres ont-ils remboursés les  banques !?

Combien sur ces 2000 entreprises, si cela est vrai, sont-elles une comptabilité analytique, pour cerner leurs couts et combien sont-elles initiées au management stratégique et aux pratiques du commerce international afin d’être concurrentielles ? Et combien ont couté toutes les rencontres nationales et internationales du FCE largement médiatisées en présence de bon nombre de membres du gouvernement, et ont –elles eu un impact sur la valeur ajoutée de l’économie nationale et notamment des exportations de l’Algérie à travers ses membres notamment en Afrique ?