Ils seront des milliers de lycéens à plancher sur leur sujet du baccalauréat dont les épreuves débutent ce matin en Algérie pour s’achever le 11 de ce mois. Une échéance décisive dans le cursus scolaire de nos élèves.
Cependant, eu égard à l’année scolaire écoulée meurtrie par les traditionnelles grèves des enseignants, beaucoup de parents d’élèves s’interrogent sur la fiabilité de cet examen du cycle secondaire en matière de contrôle final des pré requis nécessaires à l’accès aux études supérieures. Des observateurs avertis se demandent même s’il n’est pas temps de supprimer le baccalauréat pour une évaluation continue et réaliste des apprenants
Les élèves des classes de terminale, toutes séries confondues, entameront les épreuves du baccalauréat aujourd’hui pour s’achever le 11 de ce mois. Une échéance décisive dans le cursus scolaire de nos élèves.
La ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, donnera le coup d’envoi de cet examen à partir de la wilaya d’Adrar. Plus de 800 000 candidats prendront part à cet examen, soit une hausse de 23% par rapport à l’année précédente. Mme Benghebrit avait annoncé, récemment, que tous les moyens ont été mis en place afin d’assurer un bon déroulement des épreuves.
Elle a averti les candidats que les sanctions seront lourdes en cas de fraude. Des sanctions qui peuvent aller jusqu’à l’interdiction de passer l’examen du baccalauréat durant plusieurs années. Tout cela pour préserver la crédibilité de ce prestigieux examen. Mais depuis plusieurs années, cette crédibilité est remise en cause.
La crédibilité du baccalauréat algérien remise en cause
Les parents dont les enfants ont eu à passer le baccalauréat pensent que le baccalauréat algérien peut ne pas servir à grand-chose. La raison : les moyennes extrêmement élevées obtenues par un nombre important de candidats durant les précédentes années, ce qui sème le doute sur la crédibilité du système.
Alors, ou bien c’est l’Algérie qui, d’un coup, se met à produire des génies en nombre considérable, ou bien les examens étaient faciles, ou bien encore le système des examens et l’attribution des notes sont quelque part anormaux.
Le Conseil des lycées d’Algérie (CLA) remet en cause la crédibilité du baccalauréat et appelle à une réforme urgente de cet examen et à l’organiser sur une durée de 4 ans en deux phases pour pouvoir terminer les programmes pour lui donner plus de crédibilité.
Dans un communiqué rendu public, ce syndicat a déploré le fait que le ministère soit préoccupé principalement par le taux de réussite et la recherche de moyens pour l’amplifier. Le CLA a tenu à préciser dans ce sens que le taux de réussite au baccalauréat reflète pour certains l’efficacité des réformes dans le système éducatif, mais la réalité démontre le contraire.
Ils sont plus de 800 000 candidats à passer les épreuves du bac à compter d’aujourd’hui. Avec ce nombre, et si le taux de réussite est maintenu à près de 60%, ils seront plus de 480 000 en première année universitaire.
Ce flux d’étudiants pour l’année 2015-2016, affirme la même source, posera d’énormes problèmes à l’universitaire qui verra à son tour tous les maux vécus par l’enseignement secondaire de 2012 à 2015 sur tous les plans pédagogiques, le manque d’encadrement ainsi que la montée de la violence.
Ce syndicat estime qu’il est urgent aujourd’hui de réformer le baccalauréat. Pour ce qui est du programme scolaire, le CLA a affirmé qu’il est impossible de le terminer sans bourrer les têtes des élèves, vu le niveau de ces derniers qui arrivent en terminale après avoir fait seulement 5 ans, ainsi que les bas coefficients affectés aux matières essentielles suivant la spécialité, pour assurer un bon taux de réussite pendant toute la scolarité de l’enfant quels que soient les moyens, allant jusqu’à proposer aux candidats deux sujets au choix et avantager la notation de leurs copies pour assurer un maximum de réussite au baccalauréat. Abordant en outre le temps d’enseignement officiel obligatoire dont doit bénéficier l’élève pour pouvoir terminer normalement les programmes, le CLA a relevé que l’élève, cette année, aura un déficit de 16 800 minutes de cours.
« Ce qui est énorme et montre que l’élève algérien qui abordera le baccalauréat cette année ne pourra avoir le prérequis nécessaire pour réussir à l’université, d’où l’explication de l’échec des 60% d’étudiants en première année universitaire », a analysé le CLA. Ce syndicat a constaté que moins de 40% des élèves ont obtenu cette année aux premier et deuxième trimestres plus de la moyenne. Alors qu’au troisième trimestre ce taux a encore diminué.
« Le baccalauréat est devenu chez nous un objectif en soi, plutôt qu’une période transitoire pour la préparation des forces qui peuvent répondre aux besoins du marché de l’emploi et suivre le rythme du développement scientifique ».