Qui est Amar Abba, le nouveau conseiller diplomatique de Tebboune ?

Qui est Amar Abba, le nouveau conseiller diplomatique de Tebboune ?

La récente nomination d’Amar Abba au poste de conseiller diplomatique auprès du président Abdelmadjid Tebboune n’est pas un simple retour d’un diplomate à la retraite — c’est un signal fort envoyé dans un contexte régional complexe. Mais qui est donc Amar Abba pour que sa désignation à ce poste stratégique suscite autant d’attention ? Pourquoi ce choix semble-t-il porter une telle portée symbolique et politique ? 

Alors que l’Algérie cherche à renforcer sa voix sur la scène internationale, notamment en Afrique et au Moyen-Orient, le président Tebboune s’appuie sur une figure chevronnée, discrète mais influente, pour l’épauler dans la gestion des grands dossiers diplomatiques. Un regard sur le parcours d’Amar Abba permet de mieux saisir pourquoi sa présence au sommet de l’État résonne comme un retour à l’essentiel, entre continuité historique et impératifs contemporains.

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Né en 1948 à Ighil-Mahni, dans la région d’Azeffoun en Kabylie, Amar Abba est un pur produit de l’École nationale d’administration (ENA) d’Alger. Diplômé de cette institution de référence, il entame une carrière diplomatique brillante qui le mènera à occuper les postes d’ambassadeur à Londres, Moscou, Athènes, Dublin et Dar Es Salaam. Ces fonctions dans des capitales stratégiques illustrent la confiance que l’État algérien a toujours placée en lui. Discret mais efficace, Amar Abba a su conjuguer vision géopolitique et réalisme diplomatique au fil de décennies de service.

Un auteur engagé pour la mémoire diplomatique 

Même après avoir quitté ses fonctions officielles, Amar Abba n’a jamais cessé de participer au débat public, mettant sa plume au service de la réflexion stratégique et culturelle. En novembre 2022, il publie La politique étrangère de l’Algérie 1962-2022 aux Éditions Frantz Fanon. À travers une relecture minutieuse de six décennies d’engagement international, l’auteur y retrace les grandes lignes de la politique étrangère algérienne depuis l’indépendance, en identifiant ses invariants – comme le soutien aux causes justes et aux mouvements de libération – mais aussi ses inflexions dictées par les bouleversements régionaux et mondiaux.

Ce livre, à mi-chemin entre l’essai historique et l’analyse géopolitique, est nourri de sa propre expérience de diplomate, ce qui lui confère une profondeur singulière. Amar Abba y examine également les défis actuels de l’Algérie, notamment dans sa capacité à se repositionner dans un monde multipolaire, à consolider ses alliances africaines, et à réinventer ses outils diplomatiques.

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Un an auparavant, en 2021, il surprend par un ouvrage d’un tout autre genre : INIG – Voyage dans l’œuvre poétique de Lounis Aït Menguellet. Dans ce livre intimiste et érudit, il explore la poésie de l’un des plus grands chanteurs kabyles à travers une grille de lecture à la fois littéraire, linguistique et profondément humaine. Ce travail de décryptage poétique révèle chez Amar Abba une sensibilité particulière pour le patrimoine culturel algérien, ainsi qu’un souci de transmission. Il y met en lumière la richesse symbolique de la langue amazighe et l’universalité des thèmes abordés par Aït Menguellet, tels que l’exil, la liberté, l’identité ou la résistance.

Une voix pour l’Afrique et la diaspora 

Fidèle aux idéaux de la révolution algérienne, Amar Abba défend une politique étrangère fondée sur la solidarité, la justice et la défense des intérêts stratégiques de l’Afrique. Dans une récente intervention sur les ondes de la Chaîne 3, il a rappelé la nécessité d’une mobilisation continentale face aux enjeux géopolitiques contemporains, plaidant pour une intégration économique renforcée et une souveraineté décisionnelle accrue au sein des grandes instances internationales. À ses yeux, l’Algérie a toujours joué un rôle moteur dans cette dynamique, notamment à travers son engagement historique dans la création de l’Union africaine et son soutien aux mouvements de libération.

Il met également en avant un pilier souvent sous-estimé de l’influence algérienne : sa diaspora. Pour Amar Abba, les Algériens de l’étranger constituent un puissant levier de soft power, capable de porter la voix du pays sur les scènes culturelles, économiques et politiques. « Ce n’est pas tous les pays qui ont une diaspora aussi importante et dynamique », souligne-t-il.

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Reprenant le célèbre slogan de Massinissa, « L’Afrique aux Africains », il appelle à un réveil stratégique du continent, dans lequel chaque État, et notamment l’Algérie, doit assumer pleinement ses responsabilités. Il insiste enfin sur l’importance de distinguer la politique étrangère – ensemble des orientations stratégiques d’un pays – de la diplomatie, qui en est l’outil principal de mise en œuvre. Dans cette optique, il réaffirme que la médiation demeure l’une des signatures les plus efficaces de la diplomatie algérienne.

Un retour stratégique au sommet de l’État 

Dans un monde en pleine mutation géopolitique, le retour d’Amar Abba au sommet de l’État symbolise un choix de continuité et de rigueur. Sa nomination s’inscrit dans la stratégie du président Tebboune de s’entourer de personnalités aguerries, capables de défendre les intérêts de l’Algérie sur les scènes régionale et internationale. Plus qu’un retour, c’est une transmission : celle d’une mémoire diplomatique au service du présent et du futur.