Le marché des startups en Afrique du Nord a connu une croissance surprenante ces dernières années. Qu’est-ce qui fait la différence dans ce nouveau secteur ?
La nouvelle montée des startups en Afrique du Nord
La start-up tunisienne InstaDeep, spécialisée dans l’intelligence artificielle, a fait la une en janvier 2023 lorsqu’elle a été rachetée pour un montant de 684 millions de dollars par la société biotechnologique allemande BioNTech SE qui est, selon le comparatif courtiers en ligne Brokerschart, la plus grande société biotech cotée au Nasdaq. Cette transaction a suscité l’enthousiasme au sein de la communauté des startups francophones, inspirant l’espoir chez les fondateurs.
L’accord d’Instadeep devrait être un signal fort selon lequel même les plus petits pays peuvent être le lieu de naissance de start-ups très réussies et sortir des problèmes de financement auxquels ils ont été confrontés depuis longtemps.
En Afrique du Nord, le financement total levé a dépassé pour la première fois le cap du milliard de dollars, passant de 700 millions de dollars en 2021 à 1,1 milliard de dollars en 2022, soit une augmentation de plus de 57 % d’une année sur l’autre. Si l’Égypte a dominé ce chiffre avec 820 millions de dollars levés, la Tunisie, le Maroc et l’Algérie ont largement contribué au reste, soit 280 millions de dollars. Les startups originaires de ces trois pays ont reçu un total de 82 millions de dollars en 2021.
Qui se cache derrière ce succès ?
Qui sont les personnes à l’origine de ces start-ups ? Est-ce qu’ils ont les bonnes qualifications et expériences ? Les financeurs souhaitent le savoir avant d’émettre un chèque. C’est l’une des nombreuses conditions à remplir pour obtenir des fonds pour un projet, selon les initiés.
Toute startup a besoin d’une équipe solide ; un talent technique est également un atout. Tout investisseur sérieux recherche des fondateurs qui comprennent les problèmes qu’ils abordent et sont prêts à s’adapter à l’évolution des marchés locaux. Ce profil correspond parfaitement à une nouvelle génération de jeunes brillants et diplômés, désireux de démontrer leur valeur au monde.
Le marché de l’emploi relativement restreint pousse constamment la jeune génération à regarder vers l’extérieur et à avoir une vision mondialiste de leur activité économique. Cela les amène à proposer constamment des idées de startups qui ont un grand potentiel de réussite sur la scène mondiale.
Les gouvernements de la région commencent également à comprendre cette nouvelle dynamique, en fournissant diverses formes d’aide, de financement de base et en organisant des événements pour aider à lancer ces startups.
Cependant, la capacité de l’équipe et sa réputation restent le facteur le plus important. Elle doit être capable de générer des revenus avec une traction significative, avoir la compétence de limiter ses dépenses en espèces, avoir des économies d’échelle solides et avoir repéré une opportunité sur un marché profond.
L’Afrique anglophone reste en tête du financement des start-ups
Bien que la situation de l’Afrique francophone sur le marché mondial se soit nettement améliorée, la majorité des experts s’accordent à dire que la taille du marché est un facteur déterminant dans la domination des pays anglophones en matière de financement des start-ups en Afrique. Le Nigeria, le Kenya, l’Egypte et l’Afrique du Sud, avec une population combinée de plus de 430 millions d’habitants, offrent aux investisseurs une plus grande opportunité de vendre davantage de produits et d’attirer plus de clients.
Par exemple, les investisseurs ont accès à un marché de 200 millions de personnes au Nigeria seul, vivant sous une réglementation unique, il est donc beaucoup plus facile pour eux de trouver la bonne raison d’y investir plutôt que dans les pays francophones d’Afrique.
Les barrières et les préférences linguistiques sont également des facteurs qui influencent la visibilité du marché, selon certains experts. La plupart des investisseurs de start-ups africaines sont originaires des États-Unis et du Royaume-Uni. Ils ont naturellement tendance à travailler avec des personnes de la sphère anglophone, car ils comprennent mieux ces marchés et ces cultures. Il y a encore très peu d’investisseurs français impliqués dans les start-ups africaines, et les investisseurs préfèrent placer leur argent là où ils se sentent à l’aise.
Droit photo : Proxyclick Visitor Management System on Unsplash