Qui veut couler la SNTF ?

Qui veut couler la SNTF ?

Des cartes dites de circulation viennent d’être mises en vente par la Société nationale du transport ferroviaire (SNTF).

Avec promotion de la nouvelle mesure à coups d’affiches placardées sur les vitres et murs de toutes les gares et un message dans un titre de la presse privée algérienne.

Que dit cette pub ? Grosso modo ceci : «Une carte de circulation pour ne plus avoir à subir les longues chaînes devant les guichets.»

Comme si les titulaires des cartes d’abonnement estampillées «valables uniquement dans les trains diesel» contraignaient les clients traditionnels de la SNTF à quelque pénibilité, celles de se mettre dans la chaîne ou de se limiter à l’avantage d’une seule navette et seulement en jours ouvrables, notamment.

Sans doute, la SNTF, qui n’avait pas pu imposer des prix hors de portée de ses clients, en use-t-elle pour faire payer aux usagers la mobilisation à l’origine de la révision à la baisse du prix du titre de transport dans les navettes automotrices.

Une manœuvre contreproductive déjà à l’origine d’un mécontentement généralisé. Une mesure destinée, donc, plus à faire l’unanimité contre ses promoteurs que pour entraîner l’adhésion de la clientèle. Le fait qu’aucune carte de circulation n’a encore été vendue renseigne sur le sort de cette ruse commerciale.

Car, en effet, cette carte revient plus chère qu’un titre de transport ferroviaire acheté régulièrement. A titre d’exemple, le ticket Boumerdès – les Ateliers, en aller-retour, coûte 130 DA. 22 navettes Ateliers –Boumerdès reviennent à 2 860 DA, alors que la nouvelle carte de circulation mensuelle coûte, pour un même usage, 3 500 DA.

Quel intérêt a l’usager du train à préférer cette carte au ticket quotidien ? De l’avis des usagers rencontrés au niveau de quelques gares de la capitale, cette carte de circulation n’a pas plus d’avantages qu’une carte normale d’abonnement, laquelle permet aussi de ne pas subir les files d’attente devant les guichets des gares et de voyager toute la journée librement sur le parcours acheté.

D’où la question : où est la différence entre les deux cartes si ce n’est que l’une, qui n’offre pas moins d’avantages que l’autre, est cédée à un prix deux fois plus élevé ? Lorsque la carte d’abonnement mensuelle en train diesel Boumerdès – Ateliers coûte 1 360 DA, pourquoi celles des automotrices ne coûteraient-elles pas 1 770 DA ?

Le raisonnement est d’autant plus logique qu’une simple règle de trois permet d’établir le calcul. Enfin, notons qu’une virée effectuée hier au niveau de quelques gares de la capitale a suffi de constater l’absence d’engouement pour cette nouvelle carte.

Certains chefs de gare nous ont même confié qu’aucune d’entre elles n’est encore vendue. Les usagers refusent de payer trop cher. Conséquence : ou les voyageurs recourent à un autre moyen de transport, ou ils prendront le risque de ne plus payer faute de moyens financiers. Dans les deux cas, c’est une perte sèche pour une société qui… déraille.

Mohammed Zerrouki