Hakim Ould Mohamed
Le patron du groupe français Total a indiqué, hier, qu’il s’entretiendra bientôt avec les autorités algériennes sur la reprise, par son groupe, des actifs d’Anadarko en Algérie.
Lundi, depuis Tindouf, le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, a déclaré que l’Algérie cherchait un «bon compromis» au sujet de la cession des actifs d’Anadarko à Total. Il a souligné à la même occasion que «Sonatrach doit entretenir de bonnes relations avec ses partenaires étrangers pour développer ses projets». Le discours du ministre se voulait conciliant, alors que, la veille, il a menacé d’opposer le droit de préemption à la transaction Total-Anadarko. Hier, le patron de Total a annoncé qu’il rencontrera, bientôt, les autorités algériennes pour des entretiens sur son projet de rachat des actifs d’Anadarko en Algérie. Il dit qu’il n’y a aucune inquiétude à se faire après que des rumeurs se soient répandues dans les milieux des pétroliers, faisant état de la volonté d’Alger de bloquer la transaction. « Nous rencontrerons les autorités algériennes très bientôt », a déclaré Patrick Pouyanné aux actionnaires de Total, lors de la réunion annuelle du groupe, tenue à Paris.
«Nous ne sommes pas inquiets. Il est normal que les autorités cherchent à dialoguer avec leurs principaux partenaires et Total est l’un des partenaires de l’Algérie. » Le projet de Total fait suite à un compromis conclu entre Occidental Petroleum et Anadarko. Occidental Petroleum a racheté Anadarko et l’ensemble de ses actifs et cédé, ensuite, les actifs d’Anadarko en Afrique à Total. Ils sont évalués à 8,8 milliards de dollars, répartis entre l’Algérie, le Ghana, le Mozambique et l’Afrique du Sud. Pour Patrick Pouyanné, les actifs d’Anadarko en Afrique étaient au cœur de la stratégie de Total visant à rester un acteur majeur du secteur pétrolier en Afrique et sur le marché mondial du gaz naturel liquéfié (GNL). L’accord sur le rachat des actifs d’Anadarko auprès d’Occidental Petroleum « démontre notre capacité à être opportuniste et agile», a déclaré le P-dg de Total lors de ladite réunion avec les actionnaires du groupe. «Les actifs d’Anadarko représentant environ 3 milliards de barils de réserves que nous allons acquérir pour 8,8 milliards de dollars. Ils sont clairement au cœur de notre stratégie de croissance centrée sur nos forces », a-t-il déclaré. Patrick Pouyanné a souligné sur sa lancée que cet accord renforcerait également la position de Total en tant que numéro deux du marché mondial du GNL.
Les actifs d’Anadarko en Algérie représentent une production d’environ 260 000 barils de pétrole par jour, soit plus de 25% de la production de brut du pays, estimée à 1 million de barils par jour. Le risque est que les négociations avec les autorités algériennes pourraient prendre du temps, alors que la décision finale pourrait ne pas intervenir avant de longs mois, eu égard à la situation politique que connait le pays. La négociation d’un compromis avec l’Algérie intervient à un moment très sensible pour l’Algérie, empêtrée dans une impasse politique au lendemain de la destitution d’Abdelaziz Bouteflika. Cela dit, Sonatrach et Total ont conclu des accords en 2018, portant essentiellement sur un investissement dans le domaine de la pétrochimie. Au sujet du rachat par Total des actifs d’Anadarko en Algérie, certains observateurs estiment qu’il est peu probable que l’actuel gouvernement puisse signer un compromis avec Total étant donné que ses prérogatives se limitent à la gestion des affaires courantes jusqu’au 4 juillet prochain.