Rachid Benaïssa et Mustapha Benbada : Deux ministres à l’épreuve du Ramadhan

Rachid Benaïssa et Mustapha Benbada : Deux ministres à l’épreuve du Ramadhan

La tâche est loin d’être une sinécure face à des barons qui ont tissé des réseaux même au sein des ministères et capables d’influer sur les décisions gouvernementales.

Mustapha Benbada et Rachid Benaïssa. deux ministres aux têtes dégarnies et une mission: gérer le Ramadhan 2010 et contenir le mieux possible la flambée des prix.

Le premier a été fraîchement nommé à la tête du département du commerce et le second chapeaute l’agriculture. Ces deux membres de l’Exécutif seront donc les responsables les plus sollicités dans les prochaines semaines, une fois que la fièvre des résultats du Bac aura baissé.

La tâche est loin d’être une sinécure face à des barons de la spéculation qui ont tissé des réseaux même au sein des ministères et au point de prétendre influer sur les décisions gouvernementales. Que préparent alors les «deux B» pour rassurer les ménages algériens et que réservent-ils à la nébuleuse des spéculateurs? Pour commencer, ce couple opère par une stratégie médiatique concertée.

Elle consiste à diffuser, subtilement, des messages-avertissements à l’endroit des barons de la spéculation qui seraient tentés par le monopole d’un quelconque produit. C’est dans le cadre de cette stratégie qu’on entend dire que tous les produits qui risquent de connaître une hausse pendant le mois de Ramadhan peuvent être importés pour garantir une offre suffisante. Et que même les légumes seront concernés par l’importation puisque certains d’entre eux, comme la courgette, enregistrent une hausse vertigineuse durant le mois de carême.

A la guerre comme à la guerre, il a même été question de l’importation de la viande du Soudan, qui ne coûtera que 400 DA! Le résultat a été exceptionnel car, selon une enquête menée par le ministère de l’Agriculture, les stocks des spéculateurs ont fondu en quelques semaines. «Nous sommes prêts pour affronter les perturbations du marché durant le prochain Ramadhan» a entonné encore Mustapha Benbada devant les sénateurs.

Le ministre tire cette assurance du fait que les stocks de pomme de terre et de viande blanche sont largement suffisants pour alimenter le marché durant les pics de consommation que connaît le Ramadhan.

A cela, il faut ajouter la décision d’importer 5000 tonnes de viande rouge pour stabiliser les prix. A la lumière des expériences des années précédentes, des études de prospective ont été engagées avec le ministère de l’Agriculture pour déterminer les produits qui risquent de connaître une flambée.

Le manque de marchés réglementés aggrave la désorganisation du marché où près de 60% des fruits et légumes sont écoulés sur le marché informel.

Une quantité qui échappe totalement au contrôle. Une enveloppe de 47 milliards de DA a été allouée au ministère du Commerce pour créer des marchés de gros et de détail à travers le pays, de même, 1000 nouveaux contrôleurs seront sur le terrain pour participer à cette «bataille du Ramadhan».

Le couple semble fonctionner à merveille à en juger par la réaction concertée dans «la crise» du lait étouffée avant même qu’elle prenne corps. Aux premiers jours de cette «crise», le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, a donné le ton en accusant directement les transformateurs privés. «Les perturbations constatées ces derniers mois dans la distribution du lait en sachet étaient engendrées par une fausse tension provoquée par des producteurs privés» a-t-il incriminé.

«L’Office national interprofessionnel du lait (Onil) dispose de quantités suffisantes de poudre de lait. Ainsi, la pénurie de ce produit n’est qu’une fausse tension provoquée par des producteurs privés qui résistent aux changements», a-t-il déclaré dans un point de presse. Une journée plus tard, le ministre de l’Agriculture donne un écho aux propos de son collègue du Commerce dont il a appuyé les propos.

Rachid Benaïssa réunit en urgence le comité interprofessionnel ainsi que tous les intervenants dans cette filière et tient un discours ferme: «Ceux qui ont recours aux menaces, les provocations et la prise en otage d’une région, se trompent.»

Tout concorde à dire qu’on n’assistera pas au «c’est la loi du marché» servi par l’ex-ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, à chaque Ramadhan.

Brahim TAKHEROUBT