Il y a 7 mois déjà, la brigade économique de la Gendarmerie nationale territorialement compétente, dans la wilaya de Skikda, a diligenté une instruction judiciaire à l’encontre de la même entreprise, pour octroi de faveurs injustifies à des entreprises sous-traitantes, dont 10 d’entre ces dernières ont été passées au peigne fin. L’enquête suit son cours au moment ou nous mettons sous presse. C’est dire que la société qui a remporté l’un des marchés les plus juteux ces dernières années, estimé initialement à 1.2 milliard de dollars, est dans le collimateur des services soucieux de protéger les biens et les personnes du pays.
Un retard de plus d’une année dans la réception du projet
La société sud-coréenne, nonobstant le sérieux interrogatoire dont elle devra faire face pour détromper les enquêteurs de la Gendarmerie nationale de leur rigueur, a, dès son implantation au sein de la zone industrielle de Skikda, fait couler beaucoup d’encre et de salive sur sa gestion du projet de réhabilitation, d’adaptation et de rénovation des installations de la raffinerie de Skikda, devenue branche raffinage en 2009. Prévu pour une durée de réalisation de 36 mois, que la société sud-coréenne a promis de réduire à 34 mois, le projet devait être réceptionné au courant du premier semestre 2012. Le projet visait l’augmentation des capacités de production de la raffinerie de Skikda, de l’ordre de 15 millions de tonnes pour atteindre les 16,6 millions de tonnes/an représentant une augmentation de 10% dont 4,7 millions de tonnes de gasoil et 2 millions de tonnes d’essence.
Le premier fait, après celui de la signature du contrat de réalisation, qui l’a propulsé sur les feux de la rampe, survenu le 22 novembre 2011, n’est autre que le piquet de grève de près de 250 travailleurs algériens employés par l’entreprise coréenne KUMYANG, un de ses sous-traitants, en signe de contestation de la non perception de leurs salaires pendant 45 jours. Ce fut, faut-il le rappeler, comme interprété à l’époque des faits, le premier couac de l’avancée normale de l’avancement des travaux. Ensuite, ce fut autour d’environ 200 expatriés, originaires des Philippines, travaillant au sein de l’entreprise ITS, un autre sous-traitant de protester en signe de solidarité avec un des leurs, «victime d’un mauvais traitement infligé par un responsable de ce sous-traitant». Ils se sont indignés de voir que le travailleur puni se retrouve menacé de licenciement et d’expulsion. Le chantier d’ITS chargé des travaux de montage des structures est resté à l’arrêt toute une journée. Ce fut le 3 décembre 2011. En date du 12 mars 2012, la sud-coréenne DONGIL a fait parler, encore une fois, du chantier Samsung, à travers la revendication socioprofessionnelle de 300 travailleurs, algériens cette fois-ci. Quatre mois après, soit en juillet 2012, plus de 500 travailleurs expatriés, originaires d’Inde et travaillant comme sous-traitants, ont contribué à leur tour à la perturbation du chantier de réalisation.
Ces faits rapportés attestent de la récurrence d’un déclic des contestations : le problème des salaires. Pourtant, lors de la séance d’ouverture des plis, en mai 2009, Samsung engineering construction avait décroché le contrat à la faveur de l’offre la moins disante, estimée à 93 milliards de DA, parmi trois autres candidats ayant soumissionné, à savoir Hyundaï Engineering & Construction avec ses partenaires Hawha Engeneering & Construction et Daewoo Ltd (Corée du Sud) qui a offert 97,9 milliards de dinars (1,347 milliard de dollars), la compagnie espagnole Technica Réunidas qui a offert 105,5 milliards de dinars (1,451 milliard de dollars) et la compagnie italienne Saïpem qui a offert 103,8 milliards de dinars (1,428 milliard de dollars).Le projet a pour objet la réalisation complète de l’ouvrage par le constructeur, mais comprend aussi la conception, la fourniture des équipements et du matériel banalisé (Bulk Materiel).
Zaid Zoheir