Va y avoir du Sport !
Second modèle le plus vendu de Land Rover derrière le phénomène Evoque, le Range Rover Sport évolue en profondeur tout en restant fidèle à sa philosophie. Plus dynamique et plus sportif, il ne délaisse pas les aptitudes tout-terrain et se hisse au niveau de Sa Majesté le Range côté finition.
Glasgow (Ecosse) — De notre envoyé spécial
Si son succès a été dernièrement éclipsé par l’Evoque, le Range Rover Sport s’est tout de même vendu à plus de 415.000 exemplaires depuis son apparition en 2005. Mieux encore, sur un marché déprimé et peu favorable aux gros SUV, la nouvelle mouture a déjà enregistré plus de 450 commandes en France depuis quelques jours, malgré le malus important qui le frappe (5.000 à 6.000 euros selon les versions).
Pour confirmer ce succès, Land Rover n’a pas fondamentalement changé la recette : comme en 2005, pas question de faire du Sport un « petit » Range et encore moins – sacrilège ! – une version édulcorée. Le « RRS » est toujours présenté comme la déclinaison plus dynamique de l’icône maison, tout aussi statutaire mais s’adressant à un public différent, susceptible d’hésiter avec les BMW X5, BMW X6 ou encore le Porsche Cayenne.
Mais si le Sport de 2005 avait dû attendre un profond remaniement intérieur en 2010 pour se montrer digne du luxe du Range, le nouveau venu attaque d’emblée avec des prestations très haut de gamme et y ajoute même d’inédites attentions pour les familles.
UN LOOK SPORTIF MAIS ASSAGI
Ses allures de colosse sont trompeuses : le nouveau Range Rover Sport grandit certes de 62 mm par rapport à l’ancienne génération, mais il reste 15 cm plus court que le « vrai » Range Rover avec une longueur totale de 4,85 mètres. D’accord, on n’est pas encore dans l’univers des SUV compacts, mais le Sport est tout de même plus court qu’une BMW Serie 5.
Bénéficiant de la même plateforme que son grand frère (l’ancien partageait, lui, la structure du Discovery) il en reprend le même empattement. S’il ne peut renier une filiation esthétique évidente avec la Rolls des 4×4, le Range Rover Sport est plus bas et se veut plus dynamique avec des lignes moins massives.
Certains regretteront sans doute que la nouvelle mouture abandonne l’aspect un peu « bad boy » du premier Sport. Mais la marque ne cache pas qu’elle souhaite aussi attirer la nouvelle clientèle venue en concession pour l’Evoque (dont 80% des clients n’avaient jamais acheté de Land Rover auparavant) et qui souhaiterait un véhicule tout aussi ravageur esthétiquement mais plus vaste et plus familial.
INTÉRIEUR : SUR LES TRACE DU RANGE
C’est pour séduire ces familles que le Sport propose une inédite option « 7 places ». Deux sièges escamotables électriquement offrent en effet deux places d’appoint (pour 1.710 euros, tout de même) à réserver aux enfants ou, sur de courtes distances, à des adultes pour peu qu’ils ne soient pas rugbymen ou basketteurs. En configuration 5 places, le Range Sport offre un volume de coffre de 784 litres (contre 909 sur le Range) : c’est dire qu’il en restera suffisamment pour les départs en vacances…
Avec son empattement identique à celui du Range, l’habitabilité est sans surprise assez comparable : conducteur et passagers seront donc choyés à bord, avec toutefois une impression, en partie subjective, d’un relatif confinement à bord du Sport. Relatif, car mis à part le passager assis au milieu à l’arrière, les sièges (ou plutôt les fauteuils) offrent un confort exceptionnel et la place aux jambes et aux coudes est digne des meilleures routières.
Quant à la finition, on l’a dit, le premier Sport avait connu une évolution importante en 2010 à l’occasion du facelift. Cette fois, il adopte d’emblée de nombreux éléments de son grand frère ainsi que la qualité de sa finition, proche de la perfection et offrant de multiples choix de matériaux, d’inserts et de cuirs. La planche de bord bénéficie d’un design différent, plus incliné, mais les compteurs LCD, le GPS tactile, ainsi que la plupart des boutons et comodos sont repris du Range. Seule différence notable, le levier de vitesse identique à celui de la récente Jaguar F-Type remplace le sélecteur circulaire escamotable. Plus sportif, on vous dit…
PLUS LÉGER MAIS TOUJOURS BAROUDEUR
Outre les progrès en terme de finition, le Range Rover Sport suit également la tendance maison avec une drastique chasse aux kilos superflus grâce à la nouvelle structure – héritée là encore du grand Range – en aluminium. A motorisation TDV6 comparable, le gain de poids atteint 420 kilos malgré une rigidité accrue.
Trains roulants et suspension pneumatique adaptative sont également repris du L405, avec des réglages différents et la présence d’un mode « Dynamic » sur le Terrain Response. Quelle que soit la motorisation essayée, ce nouveau Range Sport s’est montré sensiblement plus ferme que le dernier Range mais également que l’ancien « RRS », avec surtout des mouvements de caisse bien mieux contrôlés.
Pas inconfortable pour autant, il offre toujours un filtrage de haut niveau, seulement moins moelleux sur les saignées et les irrégularités. Autre particularité du Range Sport, un inédit choix de transmission intégrale : si l’excellente boîte ZF à 8 rapports est au menu pour toutes les versions, il est en revanche possible de choisir entre une classique transmission intégrale permanente avec réducteur et répartition 50/50, ou une variante plus sportive, sans gamme courte, et privilégiant la propulsion (42/58) pour les clients n’ayant que faire des capacités tout-terrain.
Ce serait pourtant dommage, vu l’excellence du Range Rover Sport à ce niveau : il reprend ainsi la majorité des caractéristiques du Range Rover dont le Terrain Response automatique. La garde au sol et le passage à gué sont légèrement moins favorables, ainsi que les angles d’entrée et sortie, mais les prestations offroad sont tout simplement exceptionnelles pour la catégorie où le rival désigné, le duo X5/X6 de BMW, sera bien incapable de suivre le britannique hors du bitume.
SE DÉGUSTE EN V8…
Mais Land Rover ne se contente plus de faire la démonstration de son savoir-faire en tout terrain : il veut venir défier les références allemandes sur leur terrain, celui du comportement et des performances. C’est à l’explosif V8 5.0 Supercharged de 510 chevaux que revient l’honneur d’ouvrir le feu contre l’artillerie allemande. Un choix a priori marginal vu le contexte de traque au CO2 ambiant, mais qui représente plus de 20% des pré-commandes du nouveau Range Sport. Il est vrai que la clientèle visée est finalement peu sensible aux 6.000 euros de malus vu le tarif de base (89.200 euros) de ce V8 compressé aux performances de premier ordre. Outre une délicieuse sonorité, ce bloc propulse le Range Sport à 100 km/h en 5,3 secondes et dispense des reprises plus que percutantes.
Le châssis suit parfaitement la cadence si l’on n’oublie pas que l’on se trouve non pas à bord d’une sportive mais d’un SUV de 2310 kilos, notamment au freinage où l’attaque de la pédale manque de mordant… et où le poids fait vite perdre l’endurance des étriers Brembo de notre version Autobiography Dynamic. Quant à la consommation, les 16,7 mpg relevés à l’ordinateur de bord correspondent à près de 17 l/100, un chiffre finalement presque « raisonnable » compte tenu des performances.
Nettement plus sage, la version SDV6 de 292 chevaux s’intercale entre le TDV6 de 258 chevaux (ces deux V6 sont toujours extrapolés du 3.0 PSA/Ford) et le SDV8 de 339 chevaux, qui sera commercialisé après la version hybride en 2014. Forcément moins démonstratif que le V8 essence, ce diesel brille toutefois par sa discrétion et son aisance grâce à son couple de 600 Nm, sans trop consommer (8,5 l/100 relevés sur notre parcours). Il est toutefois encore pénalisé par un malus de 5.000 euros à l’écotaxe 2013 (199 g/km de CO«sub>2).
LES TARIFS
Peu réputé pour ses tarifs discount, Land Rover ne fait pas exception à la tradition en affichant le Range Rover Sport à partir de 60.000 euros pour une version S en TDV6 258 chevaux. La version SDV6 Autobiography Dynamic de notre essai était quant à elle affichée à 89.300 euros, et le V8 Supercharged Autobiography Dynamic réclamait 99.800 euros. A finition et équipement équivalents, les tarifs sont 13 à 15.000 euros inférieurs à ceux du Range.
Un prix élevé dans l’absolu et qui peut encore être majoré grâce à un copieux catalogue d’options et de personnalisation aux combinaisons presque infinies. Un inventaire à la Prévert qu’il serait impossible de reproduire ici, la brochure des tarifs comprenant pas moins de 56 pages. Notez toutefois que la version d’accès S se dispense notamment du GPS, des phares Xénon et même du cuir !