L’école algérienne est à la croisée des chemins. D’un côté, les efforts de modernisation sont bien visibles avec des avancées notables dans la digitalisation et l’organisation des examens scolaires. De l’autre, des problèmes structurels majeurs persistent, menaçant l’avenir d’un système éducatif en mal de performance. C’est le constat alarmant dressé par le dernier rapport de la Cour des comptes (2021/2022, 2022/2023 et 2024). Manque de stratégie, réformes inabouties, décrochage scolaire massif… Les chiffres sont là !
Des avancées en demi-teinte : numérisation et amélioration des examens
Malgré un paysage contrasté, certains progrès sont à souligner. Ces dernières années, l’éducation nationale a entamé un tournant numérique avec la mise en place de plusieurs initiatives, à savoir :
- La digitalisation des processus administratifs : gestion des mouvements des enseignants, recrutement des contractuels, gestion du parc immobilier scolaire ;
- L’introduction du livre numérique pour les trois cycles scolaires ;
- La vente en ligne des manuels scolaires pour faciliter l’accès aux ressources pédagogiques ;
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En ce qui concerne les examens, les taux de réussite ont connu une légère progression. Pour le Brevet d’enseignement moyen (BEM), le taux de réussite est passé de 59,16 % à 60,97 %. Quant au baccalauréat, il est monté de 57,27 % à 57,84 %. Des gains certes modestes, mais qui traduisent un effort d’amélioration au sein de l’école algérienne.
Des indicateurs toujours dans le rouge : redoublement et décrochage scolaire
Si ces avancées existent, elles ne sauraient masquer les profondes lacunes du système éducatif algérien. Le rapport de la Cour des comptes met en lumière un phénomène préoccupant ! Plus d’un million d’élèves redoublent chaque année. Les taux de redoublement restent élevés, atteignant 16,5 % dans l’enseignement moyen et 14 % dans le secondaire. Une situation qui constitue un véritable poids pour les finances publiques.
Par ailleurs, 332 444 élèves ont abandonné l’école en 2022, contre 301 870 en 2021. Le secondaire est particulièrement touché par ce phénomène. Les raisons ? Une pédagogie jugée inadaptée, un manque de suivi individualisé et un environnement scolaire peu stimulant.
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École en Algérie : des enseignants dépassés et un système à bout de souffle
Derrière ces chiffres, un autre problème est récurrent. Il s’agit de l’insuffisance de la formation des enseignants. Le rapport souligne notamment un manque cruel de professeurs qualifiés pour les langues étrangères. En primaire, un enseignant de français doit encadrer en moyenne 95 élèves, tandis qu’en anglais, l’effectif explose à 198 élèves par professeur.
Au collège, l’enseignement de l’informatique peine à se déployer correctement, malgré une hausse du nombre d’enseignants (+240 en un an). Un retard qui complique l’initiation des jeunes à des compétences pourtant cruciales dans un monde où le numérique est devenu incontournable.
Infrastructures déficientes : le casse-tête des écoles surchargées
L’état des infrastructures scolaires demeure un frein majeur à une scolarisation de qualité. Plus de 10 000 salles de classe sont fermées faute d’entretien ou par manque d’élèves. Pourtant, l’afflux d’élèves reste massif, engendrant des situations d’engorgement.
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Par conséquent, en 2022-2023, 34 % des écoles primaires fonctionnaient sous le système du double shift, une augmentation par rapport aux années précédentes (31 %). Si certaines zones voient une légère amélioration, avec une réduction du nombre d’établissements surchargés, la réalité reste préoccupante. Un collégien sur sept étudie dans une classe où ils sont plus de 44 élèves.
En somme, ce rapport met en lumière un état des lieux contrasté. D’un côté, des avancées technologiques et organisationnelles. De l’autre, des lacunes profondes qui affectent la qualité de l’enseignement.
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