Tombé comme un cheveu sur la soupe, le dernier rapport du Forum économique mondial sur l’industrie du tourisme et du voyage intervient au moment où s’ouvre aujourd’hui le Salon international du tourisme et du voyage (Sitev), un rendez-vous qui a la prétention de mettre en valeur la destination algérienne et montrer l’état de l’art des voyagistes… Peine perdue sinon mission pénible dans la mesure où sur 141 économies mesurées, l’Algérie se classe à la 123e position, enchâssée entre le Cameroun (122e) et le Gabon (124e) et pour la seule région MENA – Afrique du Nord et Moyen-Orient -, s’adjuge le bas du tableau (14e sur 16 pays), devançant tout juste la… Mauritanie et le Yémen !
Au cœur de la sixième édition du rapport du Forum économique mondial, le TTCI – pour Tourism & Travel Competitiveness Index -, un indice dont l’objectif est de mesurer l’ensemble des facteurs socioéconomiques et des politiques qui permettent le développement durable de l’industrie du voyage et du tourisme et leur contribution à la compétitivité d’un pays, les critères de la sécurité, le degré d’ouverture du pays, la compétitivité des prix, la qualité de l’environnement, celle des infrastructures et les ressources naturelles et culturelles pour établir un score moyen. Chacun de ses facteurs est lui-même décliné en un sous-ensemble de conditions propices à l’épanouissement du secteur.
Une contribution à l’économie dérisoire
Dans le seul cas de l’Algérie, il est loin de l’être, classement et chiffres à l’appui. En premier lieu, un très faible score TTCI de 2,93 – sur une échelle de 7. D’ailleurs, l’Algérie obtient de très mauvais scores dans la plupart des « critères » mesurés. Pour preuve, dans les parties liées à une politique générale propice au développement du tourisme et à l’ouverture au tourisme – et au ne touristes – le pays obtient une note de 2,74, l’ouverture à l’étranger un « dramatique » 1,51, une infrastructure aéroportuaire évaluée à 1,98, celle liée aux services touristiques – hôtellerie, loisirs… à 2,03 et, enfin, dans la partie qui traite de l’environnement naturel et culturel, l’Algérie obtient, là encore, un petit score de 2,04. Le meilleur score du pays est réalisé dans le critère «coût de la vie » – 5,50 – mais lorsqu’on regarde de près les niveaux du taux de changes de l’euro par rapport à la monnaie nationale atteints actuellement, s’en est presque normal ! En revanche, l’incidence économique de l’industrie du tourisme et du voyage sous le prisme des calculs effectués par le rapport, la logique est respectée ! Le secteur en entier, qui a réalisé 7,1 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2013, ne compte que pour 4% dans le produit intérieur brut et emploie seulement 3,5% de la population active – 346 000 personnes en vivent directement. A la même période mesurée, le pays a reçu seulement 2,7 millions de touristes qui ont dépensé un total de 495 millions de dollars – données 2012.
L’Algérie, loin du compte
Malheureusement, même au niveau continental, représenté par 37 pays africains, l’Algérie n’a pas réussi à obtenir le moindre galon, Afrique du Sud, Maroc, Tunisie et Egypte lui faisant de l’ombre… et de loin. L’Afrique du Sud est d’ailleurs le pays le plus compétitif, obtenant un score de 4,08 points arrivant 48e au classement mondial.
Le pays est suivi des Seychelles (54e à l’échelle mondiale, avec un score de 4,0) et Maurice (56e, 3,90). Le Maroc, lui, occupe la 4e place sur l’échelle africaine (62e au classement mondial), la Tunisie est 9e à l’échelle du continent (79e au classement mondial) et l’Egypte 10e (83e).
Au niveau mondial, le nombre de touristes internationaux a augmenté de 51 millions entre 2013 et 2014 pour atteindre 1,14 milliard et ont rapporté un total de 7 trillons de dollars à l’industrie du tourisme et du voyage. Pour sa part, selon le dernier « baromètre » de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), les arrivées de touristes internationaux ont atteint 1,3 milliard en 2014, une augmentation de 4,7 % par rapport à l’année précédente. Pour 2015, l’OMT prévoit une croissance de 3 à 4 % du tourisme international, consolidant encore un peu plus la reprise économique mondiale. Sur ce milliard, l’Algérie a capté moins de 2,7 millions d’arrivées.
Et le hasard dans ces différentes indications n’y est pour rien ! Pour le Forum économique mondial, « quatre principales conclusions se dégagent des résultats de cette étude 2015, premièrement, que l’industrie du tourisme et des voyages continue de croître plus rapidement que l’économie mondiale dans son ensemble ; deuxièmement, que les pays les plus performants sont ceux qui sont le mieux préparés à saisir les opportunités des nouvelles tendances : la demande croissante des pays émergents et en développement ; les pratiques divergentes des seniors et des jeunes et l’importance croissante des services et du marketing en ligne via l’Internet mobile ». Aussi, l’institution est catégorique : le développement de l’industrie du tourisme et des voyages est « complexe » dans la mesure où il « nécessite une coordination interministérielle et des partenariats souvent internationaux et public-privé pour surmonter les goulots d’étranglement financiers, institutionnels et organisationnels », conseille-t-il. A bon entendeur !