Le discours officiel qui affiche la volonté de l’État de lutter contre la dilapidation des deniers publics, la corruption et la maîtrise des dépenses publiques est ainsi en décalage avec les réalités du terrain.
L’Algérie semble être le royaume de l’absence de transparence. La secrétaire générale du Parti des travailleurs a rajouté une couche dans ce dossier lors d’une réunion tenue vendredi dernier à Zéralda. Elle a pointé du doigt le fait que la Cour des comptes n’a pas rendu public le rapport annuel sur ses activités de contrôle de l’usage des deniers publics depuis trois ans. Du moins, ces rapports ne sont pas suivis de décisions au plus haut niveau, a-t-elle souligné.
Une entorse grave à la transparence. Ainsi, de façon triviale, le citoyen ignore tout de l’usage des deniers publics, ou, en d’autres termes, de l’argent de la collectivité nationale et/ou des contribuables par les entités de l’État. Cette opacité entretenue encourage la dilapidation des deniers publics, favorise la corruption et dispense les hauts fonctionnaires concernés de rendre des comptes.
Elle fait le lit de l’impunité dont jouissent certains responsables d’institutions publiques. Le discours officiel qui affiche la volonté de l’État de lutter contre la dilapidation des deniers publics, la corruption et la maîtrise des dépenses publiques est ainsi en décalage avec les réalités du terrain. Qu’on en juge, par extension, les structures de lutte contre la corruption prévues par la loi de 2006, opérationnelles bien plus tard, n’ont jamais rendu compte de leur activité. Aujourd’hui dissoutes et remplacées suivant la nouvelle Constitution par une nouvelle structure, elles laissent dans l’ignorance les citoyens sur le bilan de la lutte contre la corruption depuis 2011-2012. En fait, selon le témoignage de personnes qui ont déposé des dossiers de corruption dans l’une de ces deux structures, ces instances de contrôle n’ont jamais été loin dans leurs investigations, remplissant un rôle d’alibi plutôt que d’acteur important dans la lutte contre ce fléau. Et là, l’État a fermé les yeux.
Tout cela fait qu’aujourd’hui nous n’avons aucun bilan de la lutte contre la corruption dressée par une structure spécialisée dans ce domaine. Tout comme le bilan de la lutte contre le blanchiment, les déclarations de soupçons sont enregistrées par la Douane, la Banque d’Algérie et donnent lieu, en cas de faits probants, à des dossiers transmis à la justice. Mais là, tout s’arrête. On ne fournit pas de bilan également sur ces dossiers, ni de révélations sur ces affaires au nom de la transparence. Conséquence de ce manque de volonté de l’État pour lutter contre la dilapidation des deniers publics, la corruption et le blanchiment d’argent, le Trésor public subit une saignée annuellement. De l’argent qui aurait pu être engagé dans la création d’emplois, de logements et améliorer les conditions de vie de la population.
Une perte dans la création de richesses, une mauvaise gestion de l’argent public qui freine le développement du pays. Par ailleurs, cet environnement caractérisé par l’absence de transparence et l’impunité a favorisé les surfacturations qui pèsent sur la balance des paiements et sur les déséquilibres macroéconomiques.
De l’argent transféré à l’étranger illégalement mais que les institutions de contrôle ne cherchent nullement à recouvrer. Tout cela retarde la stabilité économique et sociale du pays et augure de sombres lendemains si on ne met pas un terme à cette opacité qui entoure l’usage de l’argent public, les transactions douteuses et, de manière générale, la gestion des affaires
du pays.