Ils refusent le dialogue sponsorisé par le pouvoir et revendiquent une période de transition dirigée par des personnalités indépendantes.
Les dimanches de nos compatriotes en France se suivent et se ressemblent depuis le 17 février dernier. Cet été, la mobilisation en faveur d’un changement politique en Algérie s’est prolongée, avec l’organisation de rassemblements hebdomadaires qui ont drainé beaucoup de monde.
Hier encore, de très nombreuses personnes se sont donné rendez-vous dans l’après-midi, sur la place de la République, pour réclamer le départ du régime actuel et la mise en place d’une période de transition politique dirigée par des personnalités indépendantes. Au cours des agoras organisées par différents collectifs de la diaspora, des manifestants ont demandé à l’armée de restituer le pouvoir au peuple. “Il appartient aux Algériens qui manifestent dans les rues toutes les semaines le droit exclusif de décider de leur destin. Pas de dialogue avec la bande ni d’élections qui maintiendront le système dont Karim Younès (président du panel, ndlr) est l’un des représentants”, s’est élevé un participant au rassemblement.
Un autre manifestant de retour d’Algérie s’est montré très optimiste en faisant écho de la détermination infaillible du mouvement populaire dans le pays. “La délivrance est proche et le régime finira par plier. Je me suis rendu à Tizi Ouzou, à Alger, à Chlef et à Oran. J’ai marché avec des gens vaillants, enthousiastes et qui appréhendent l’avenir avec beaucoup d’assurance. Le régime ne peut plus berner le peuple, ni avec sa justice de pacotille ni avec ses promesses illusoires de démocratie”, a-t-il confié. Partis aussi pour des vacances en Algérie, d’autres compatriotes, qui ont pris la parole hier sur la place de la République, se sont dit revigorés par l’ambiance militante qui règne tous les vendredis dans les rues algériennes. “Des personnes de tous âges manifestent en dépit de la chaleur suffocante. Elles sont joyeuses, mais en même temps graves face aux enjeux de la bataille qu’elles livrent au pouvoir depuis de longues semaines.
Leur résistance me rend fière d’être Algérienne”, a salué une dame qui est intervenue dans l’agora organisée par le collectif Libérons l’Algérie. S’adressant au pouvoir, elle s’est montrée impitoyable, qualifiant ses agissements, ses offres de dialogue de tartuferies. “On ne peut pas se vanter de vouloir construire un État de droit en s’employant à casser l’élan populaire et en jetant des militants de la démocratie en prison. Le régime est pourri jusqu’à l’os.
La brutalité et la manigance sont ses seuls moyens de fonctionnement”, a déploré la manifestante. Comme beaucoup de présents, elle a exigé la libération de tous les détenus d’opinion et, à leur tête, le moudjahid Lakhdar Bouregâa. Le même appel a été adressé aux autorités par les collectifs qui animent le mouvement contestataire de la diaspora dans l’Hexagone. Dans un communiqué, Libérons l’Algérie a, par ailleurs, demandé “l’arrêt des intimidations et les entraves à la liberté de se déplacer et de manifester politiquement”. Le Collectif s’est dit, en outre, contre l’organisation d’un scrutin présidentiel, estimant que le régime veut se pérenniser, en recyclant le même personnel politico-administratif et en utilisant les outils de la fraude qui ont distingué toutes les opérations électorales par le passé.
De Paris : Samia Lokmane-Kheli