Rassemblement de la diaspora sur la place des victoires, à Paris : Pour un État civil et non militaire

Rassemblement de la diaspora sur la place des victoires, à Paris : Pour un État civil et non militaire

Plusieurs de ceux qui ont pris la parole considèrent que le rôle joué par le chef d’état-major ne fait pas honneur à l’ANP.

Les semaines passent mais la mobilisation de nos compatriotes en France ne faiblit pas. Ils étaient encore nombreux hier au rassemblement organisé par les associations de la diaspora, sur la place Stalingrad, dans le 19e arrondissement de Paris, pour demander le changement du régime en Algérie. Parmi les présents, beaucoup sont des habitués qui n’ont raté aucun rendez-vous depuis le début des manifestations dans l’Hexagone le 17 février dernier. “Tous les espaces que nous perdrons seront gagnés par le pouvoir”, prévient Mokrane, un retraité septuagénaire, qui s’est mêlé à l’assistance, avec dans la main une pancarte revendiquant l’édification d’un État civil.

“Les militaires ont toujours dit qu’ils ne font pas de politique. Qu’ils continuent alors en laissant le peuple souverain décider seul de son destin”, demande le manifestant. Comme lui, plusieurs personnes qui ont participé aux prises de parole organisées par différents collectifs, comme Libérons l’Algérie, considèrent que le rôle joué par l’état-major actuellement ne fait pas honneur à l’ANP. De même, ils ont dénoncé la conduite des magistrats qui, après avoir protesté contre les pressions politiques dont ils sont victimes, entérinent la répression des manifestations pacifiques.

“La justice du téléphone fonctionne toujours et nous assistons chaque semaine à l’incarcération d’Algériens pour le simple fait de revendiquer la démocratie”, a réagi une dame sur l’estrade du collectif Debout l’Algérie.  Présent de nouveau avec les manifestants parisiens, l’ex-responsable de l’association RAJ, Fares-Kader Afak, a estimé qu’il “faut arriver à libérer tous les détenus et, à leur tête, le moudjahid Lakhdar Bouregâa”. Selon lui, les Algériens de France, au-delà de leur soutien, peuvent jouer un rôle auprès du gouvernement français en le poussant “à se positionner clairement contre le pouvoir militaire en Algérie et contre la répression qui s’abat sur les manifestants dans le pays”.

“Les binationaux sont en train de faire gagner l’Algérie à la Coupe d’Afrique des nations. Votre rôle est important”, a souligné Kader Affak. Intervenant sur le même sujet, Rachid pense que les associations de la diaspora doivent aussi interpeller les autorités françaises sur les biens et les avoirs détenus par les anciens pontes du régime et ses représentants actuels. “Ils ont dilapidé l’argent du peuple.

À nous de le restituer en explorant toutes les voies légales qui existent”, a-t-il suggéré. Pour mener ce genre d’initiative, Samir, un autre manifestant, estime qu’il est primordial que les Algériens de France s’organisent plus efficacement et s’entendent sur un plan de travail clair et consensuel. “C’est en France que l’Étoile Nord-Africaine est née, car il y avait une unité, et c’est de cela que nous avons besoin aujourd’hui”, a fait savoir l’orateur. Il est à noter que le rassemblement d’hier a été précédé d’un autre, samedi, devant les locaux de l’ambassade d’Algérie à Paris.
S. L.-K.