Rassemblement de repentis lundi à Blida

Rassemblement de repentis lundi à Blida

Pour la première fois depuis leur « repentir », des éléments des anciens groupes armés islamistes (selon une pétition signée par 200 personnes) vont tenir lundi matin un sit-in devant le siège de la wilaya de Blida. Selon des informations distillées par les contestataires, il s’agirait des repentis des groupes armés de l’ancienne organisation dénommée armée islamique du salut (AIS), bras armé du parti FIS, aujourd’hui dissous, notamment des éléments des sections qui étaient localisées principalement dans deux localités à l’ouest de la wilaya de Blida, Meftah et Larbaâ durant la décennie noire et dirigées par l’ancien émir Mustapha Kartali qui régnait sur cette région.

Selon les mêmes sources, il s’agirait d’un sit-in de protestation contre « l’exclusion dont ils sont victimes dans l’élaboration des listes de bénéficiaires de logements sociaux », réclamant un « quota de logements pour leurs familles ». Ces dernières semaines, les deux villes ont connu un mouvement inhabituel avec le relogement de plusieurs dizaines de familles vivant dans des bidonvilles ou dans des habitations précaires, dont certaines sont venues des autres villes de la wilaya, comme Boufarik.

Il semble que cette action de colère de la part des anciens repentis de l’AIS serait motivée également par l’impatience suite aux nombreuses promesses non tenues, notamment sur la question du logement, de l’emploi ou de la réintégration dans les postes d’origine et de la prise en charge sociale et administrative de leurs préoccupations.

Depuis quelques années, certaines voix des anciens groupes armés islamistes repenties ne cessent de dénoncer le non respect des engagements de l’Etat, suite aux négociations bilatérales qui ont eu lieu entre les deux parties en 1997, avec notamment le premier accord de cessez le feu annoncé unilatéralement par le chef de l’AIS de l’époque Madani Mezrag, en septembre 1997, suivi ensuite par l’autre émir Ahmed Benaicha, qui était le chef de l’AIS pour la région de l’ouest du pays et Ali Benhadjar dans le centre. D’ailleurs, depuis ces « fameux accords secrets », deux grands dispositifs juridiques ont été annoncés durant les premiers mandats de Bouteflika, le premier dit de la concorde civile en janvier de l’an 2000, alors que l’autre est passé par un référendum en septembre de l’année 2005 avant d’être promulgué comme une loi sur la réconciliation nationale.

Bien que des mécanismes d’insertion et de suivi des questions liées aux conditions de vie des repentis et de leurs familles soient pris en charge au niveau des wilayas dés l’année 2006, certains leaders islamistes appartenant à l’ex FIS ou à ses bras armés réclament un « total respect des engagements et des promesses ». En juin dernier, lors des consultations sur la révision constitutionnelle menées par le chef du cabinet de la Présidence, Ahmed Ouyahia, Cheikh Sahnouni, un fondateur de l’exFIS, a déposé une série de demandes concernant cette catégorie de repentis, comme la réinsertion sociale et professionnelle, des compensations financières et prise en charge socio-médicale, le blanchiment du casier judiciaire pour les bénéficiaires de la loi sur la réconciliation, le droit aux dommages et intérêts suite à des jugements d’acquittements après des mois ou des années de détention provisoire, le droit à un quota dans la distribution des logements sociaux ou des locaux commerciaux appartenant à des collectivités locales. Certains chefs des anciens groupes armés réclament que soit banni le mot de repentir dans le vocabulaire de la presse et des médias et dans le langage même de la justice, proposant même des sanctions ou des amendes.

Rappelons qu’une autre série récente de mesures concernant ces « repentis »a été décidée par le président Bouteflika, comme la possibilité de se procurer des documents de voyages et de partir en pèlerinage aux Lieux Saints.

Enfin, des sources officieuses font état dés l’année prochaine de la création d’un nouvel organisme étatique dont la mission principale est de prendre en charge justement les aspects non résolus de la loi sur la réconciliation nationale. Les problèmes des repentis seront-ils pris en charge totalement par cet organisme public, dont on dit qu’il sera dépendant directement de la Présidence ?