Le père de Brahim crie «le peuple veut l’application de la peine de mort, le peuple réclame justice».
Pour Nihal, Chaima, Haroune, Brahim, Yacine, Salah Eddine, Abdelrrahim et bien d’autres, dont la vie a été cruellement ôtée, par des criminels, pour leur mémoire, pour la justice et pour leur droit, Constantine s’est mobilisée. De nombreuses personnes, à l’initiative des parents de ces enfants enlevés, séquestrés et assassinés, se sont rassemblées hier à la place de La Brèche, à proximité du jardin de Bab El Oued, juste à un jet de pierre du Palais de justice. Il était encore 9 heures quand la foule commençait à se former autour des organisateurs dans un climat plein d’émotion. Des passants se joignaient à la masse spontanément pour exprimer leur solidarité.
Des enfants portant le drapeau et des portraits des victimes étaient aussi là parmi cette foule qui réclamait justice au nom de ces anges partis trop tôt. Pour eux, leurs parents meurtris espéraient un avenir radieux, des études brillantes, de la joie et du bonheur, mais leurs souhaits se sont arrêtés à une certaine date, après de longues journées à les attendre. Ce sont ces mêmes parents dont les enfants sont morts dans les mêmes circonstances que Nihal, qui sont venus aujourd’hui revendiquer l’application de la peine capitale contre les criminels, interpeller le premier magistrat du pays pour la protection des enfants et exiger le droit à la vie. C’est un mouvement qui se veut pacifique d’où cette mobilisation discrète de la police, présente, mais restée à l’écart.
Cette peine de mort pour laquelle des partis politiques ont exprimé leur consentement à son application, semble être sujet de polémiques puisque d’autres partis souhaitent garder le droit à la vie pour les assassins des enfants. Mais loin des frustrations des politiciens, les parents des victimes demandent réparation. Leur vie est désormais un immense traumatisme, un choc, un désarroi. Incapables d’avancer ils côtoient la tristesse et s’adaptent au chagrin. C’est le père de Brahim qui crie «le peuple veut l’application de la peine de mort, le peuple réclame justice». Ajoutant «non à l’assassinat des enfants». A ses côtés le papa de Salah Eddine et de Haroune scandaient que «vive l’Algérie». Tous avaient le portrait de Nihal.
Un mouvement de solidarité certes, mais à caractère national dans la mesure où les photos de toutes les victimes étaient affichées. Celles-là avaient toutes été kidnappées, abusées sexuellement pour certaines, séquestrées, sauvagement assassinées et laissées à l’humeur de la nature. On ne saura jamais comment elles ont vécu, leurs derniers moments, on ne connaîtra jamais leurs souffrances, pleurs et peines, on ne vivra jamais leurs peurs. Plus jamais on ne les verra. Leurs assassins en ont décidé ainsi, et ne sont nullement loin, ce sont des voisins, des proches ou des amis. Attirés par les actes diaboliques, ces criminels s’approchent de leurs victimes pour un désir bestial comme pour Brahim et Haroune, pour une vengeance comme pour Chaima et Salah Eddine, ou encore pour de la sorcellerie, comme il s’avère pour Nihal, une piste prise en considération par les enquêteurs. Ces actes criminels sont souvent calculés et prémédités, leurs auteurs, des repris de justice généralement sont pris par une démence meurtrière. Mais cela reste des actes condamnables vu l’ampleur du drame.
Un drame social pour lequel «l’Etat est appelé à agir avec fermeté avec des décisions concrètes», ont aimé souligner les manifestants. Ils ajoutent, «on ne va pas rester indifférents», lance un passant qui demande aux parents de faire une pétition devant faire le tour du territoire national. Les initiateurs de ce mouvement ne comptent pas s’arrêter là, mais visent à organiser un mouvement plus large pour sensibiliser tout le pays afin d’appliquer la peine de mort contre ces monstres qui n’ont éprouvé aucune compassion envers des enfants.