On connaît enfin les pays qui étaient auditionnés, hier et avant-hier à Abu Dhabi, lors des réunions de suivi des accords de l’Opep et non-Opep, consacrées à l’examen des cas des producteurs n’ayant pas respecté leurs quotas de production.
Présidées par le Koweït et la Russie, ces réunions ont traité essentiellement le cas de l’Irak, des Émirats arabes unis, du Kazakhstan et de la Malaisie, dont la contribution à l’effort de limitation de l’offre pétrolière est jugée faible et non conforme aux
accords de l’Opep et non-Opep, conclus en novembre et décembre de l’année dernière.
Peu d’informations ont filtré jusqu’ici de ces réunions, mais des sources ont expliqué à l’agence Bloomberg, habituellement très au fait des tractations et des négociations au sein de l’Opep, que les pourparlers d’Abu Dhabi se sont déroulés séparément avec des représentants d’Irak, des Émirats arabes unis, du Kazakhstan et de Malaisie. Un représentant de l’Arabie saoudite participait aux différentes sessions en qualité de président de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Quatre pays ont figuré donc au banc des accusés pour leur non-respect des quotas de production qui leur ont été fixés.
Ces accords, mis en application depuis janvier 2016, consistaient, faut-il le rappeler, à couper à hauteur de 1,8 million de barils/jour dans la production de douze membres de l’Opep et une dizaine de producteurs non Opep. Le bilan effectué à Abu Dhabi lève le voile sur une conformité irakienne aux accords qui a chuté à 29% en juin, son plus bas jusqu’à présent, tandis que les Emirats arabes unis n’ont contribué à l’effort de réduction de la production qu’à hauteur de 60% seulement.
L’Irak n’est pas à sa première infraction puisque, l’année dernière, alors que l’accord était en cours de négociation, le pays s’est plaint de certaines estimations selon lesquelles sa production montait d’un cran, dans une tentative d’anticiper un accord jugé contraignant. Face à la rébellion de certains producteurs, l’Arabie saoudite a déclaré le mois dernier qu’elle prévoyait d’augmenter la pression sur les nations qui ne se sont pas conformées à leur promesse de réduire la production d’ici à mars prochain.
Les Saoudiens à la rescousse
La conformité aux coupes est tombée à 86% en juillet, le niveau le plus bas depuis janvier. La sanction du marché ne s’est pas fait attendre ; le Brent a baissé d’environ 9% cette année sous l’effet de l’augmentation de l’offre mondiale.
Quoi qu’il en soit, on en saura un peu plus, dans les semaines à venir, sur l’effort consenti par chacun des pays signataires desdits accords, puisque les conclusions des réunions d’Abu Dhabi seront présentées au Comité mixte de suivi ministériel qui supervise l’accord visant à réduire la production. En attendant de voir la contribution des autres pays s’améliorer, l’Arabie saoudite a décidé à nouveau de voler au secours d’un accord en souffrance.
En effet, le royaume wahhabite aurait réduit ses ventes de pétrole brut pour le mois prochain à certains acheteurs asiatiques, le plus grand marché pétrolier au monde. La compagnie saoudienne d’hydrocarbures Aramco fournira des volumes de pétrole moins élevés que le montant demandé par certains clients asiatiques pour le mois de septembre.
Ces réductions totalisent 1 million de barils et concernent les clients de l’Asie du Sud et l’Asie du Sud-Est, lit-on sur Bloomberg.
Sans l’ombre d’un doute, la décision de l’Arabie saoudite de limiter ses cargaisons à destination de ses clients asiatiques, un marché de surcroît précieux et sujet à une forte concurrence, s’inscrit dans un effort supplémentaire de réduction de la production visant à éliminer une offre excédentaire. L’échec des efforts de l’Opep, l’augmentation de la production de Libye et du Nigeria et la baisse de la conformité de certains pays aux accords de l’Opep sont autant de facteurs qui ont incité le royaume wahhabite à prendre plus d’actions afin d’aboutir à un rééquilibrage du marché.