Réforme pénitentiaire Prison algérienne, surpeuplée comme à la maison

Réforme pénitentiaire Prison algérienne, surpeuplée comme à la maison

Le système carcéral algérien est l’un des plus surpeuplés au monde. Il traîne les boulets de l’époque coloniale. La majorité des établissements pénitentiaires sont hérités de l’époque de l’occupation française. L’infrastructure qui abrite les détenus a été donc conçue pour la répression tous azimuts des gens qui y étaient admis. Ce qui fait qu’aujourd’hui, il y a tout un monde entre la réalité du terrain et ce qui est proclamé dans les textes, notamment l’ordonnance n° 72-02 du 10 février 1972. La configuration carcérale, de l’aveu même du ministère de la Justice, «ne présente aucune garantie de fonctionnalité, même partielle».

Le taux de récidive est évalué à 43% environ. On comptait jusqu’à 2008 officiellement 59 000 détenus dont 700 étrangers pour la majorité des jeunes ayant un niveau primaire. Sur cet effectif, 45% sont analphabètes. Il est clair que les conditions d’une détention convenable ne sont pas encore réunies. Engagée fin 2002 par les pouvoirs publics, la réforme du système pénitentiaire tarde à se dessiner. Il s’agit d’adapter le dispositif législatif et réglementaire aux mutations nationales et internationales. Une nouvelle loi portant sur l’organisation pénitentiaire et la réinsertion sociale des détenus a été promulguée dans ce sens en 2005.

Mais les organisations humanitaires ont souvent sorti le carton rouge pour signifier leur dé-sapprobation envers la situation qui prévaut actuellement dans nos prisons. Souvent il est reproché aux responsables de piétiner la loi en recourant à la détention provisoire. Sur ce chapitre, les autorités essayent de rassurer en avançant un taux de 13%. Mais quand il s’agit de vie humaine, les chiffres évidemment perdent de leur signification. Car des gens n’ayant rien à voir avec la prison peuvent s’y retrouver. Récemment, un cadre de la Sonelgaz a payé de sa vie l’erreur de jugement qui l’avait conduit au cachot. Il mourut éprouvé par une maladie respiratoire avant même d’entendre le verdict qui devait l’innocenter. Quant aux affirmations selon lesquelles l’Algérie disposerait de lieux de détention secrets où se pratiquerait la torture contre des prisonniers, les autorités les ont toujours démenties.

Le Comité de l’ONU contre la torture a exprimé, en mai 2008, son inquiétude quant à la nature de l’arsenal juridique. Selon lui, «la loi ne garantit pas le droit à consulter un avocat pendant la période de garde à vue, et le droit d’une personne en détention à être examinée par un docteur et à communiquer avec sa famille n’est pas toujours respecté». L’administration pénitentiaire, il est vrai, s’est efforcée tout au long de ces dernières années d’humaniser les prisons. Le travail significatif mené dans ce sens est l’institution et la généralisation de l’enseignement. Pour l’année 2008-2009, on comptait 10 700 d’inscrits dans les différents niveaux. Suivre des études en prison, outre que cela permet de s’instruire, permet d’espérer un allègement des peines et à terme une insertion sociale. La récidive, selon l’administration pénitentiaire, est presque inexistante parmi les prisonniers poursuivant une formation. Un seul cas a été relevé depuis 2003. Notons qu’il existe en Algérie 127 établissements pénitentiaires répartis dans leur majorité dans les grandes villes.

Par Larbi Graïne