Ils se rendent compte que leur gestion est remise en cause. Et subséquemment, leurs desseins ubuesques sont, à la faveur des réformes de Benghebrit, voués au revers.
D’où sont sorties les vipères? «C’est de l’école algérienne dépassée», disait, dans l’une de ses chansons, le défunt chanteur Matoub Lounès. Ce refrain est pris en compte par la Dame de fer algérienne, Nouria Benghebrit, qui, en sortant ses griffes, se lance dans un véritable chantier pour révolutionner l’école algérienne et la mettre au même niveau avec les écoles du reste du monde. Se présentant dans des positions certes, rigides, la ministre de l’Education nationale défend tout simplement la réforme d’une école contestable ayant formé des disciples ne pouvant plus s’accommoder ni s’acclimater avec la réalité des choses et les actuelles mutations mondiales. Des générations entières sont détruites. Il était plus que temps, sinon «mieux vaut tard que jamais», venir à bout de certains problèmes ayant spolié à l’école sa vocation initiale: l’éducation. Mme Benghebrit ne tourne pas sa langue mille fois.
Echec et mat
Ferme dans ses démarches, elle est dans une phase très avancée de la révolution qu’elle a déclenchée dans le cadre de la réparation d’un tort résultant de plusieurs décennies marquées par le laisser-aller, le laxisme et la passivité, mais surtout la permissivité «idiotisée» ayant tout simplement fait de l’école algérienne un enclos à bétail forgeant, à longueur d’année, des petits monstres se ruant dans toutes les formes de fléaux sociaux. Le produit de l’école algérienne, est de plus d’un spécialiste, inutile, ne servant plus la société. Ce sont ces lacunes auxquelles s’est attaquée implacablement la Thatcher algérienne, Nouria Benghebrit. Dans son périple oranais, la ministre a été catégorique en réunissant, «sans lassitude» ses lieutenants locaux pendant toute une journée pour les mettre au parfum de ses projets visant la refondation d’une école dépassée et sa reconstruction sur des bases solides et qui fera de l’enfant algérien un produit prêt à s’envoler pour servir la nation. C’est là le petit résumé que l’on peut tirer de son récit didactique qu’elle a adressé solennellement à ses représentants locaux. Et rien n’est difficile pour une telle femme quant à prendre la situation en main, d’autant plus que l’école algérienne est, de l’avis de tous, enlisée en faisant une chute libre.
Le constat est irréfutable. L’arabisation conservatrice ou encore l’intégrisme religieux frappant le système éducatif n’ont plus de place dans l’école du IIIe millénaire.
Le ton est à son ouverture et la libération de cette école de ces dogmes endoctrinant des élèves pour en faire des «bons à rien» pendant que ceux d’autres écoles de pays se respectant sont allés loin dans leurs études pour servir la société et non pas pour se servir de celle-ci en la putréfiant et lui faire perdre ses repères. Dure comme fer, la Thatcher algérienne a été explicite en prenant à témoin ces inspecteurs d’éducation pour leur dire fermement que le train de la modernisation et du progrès est bel et bien mis sur les rails. Tant mieux!
En finir avec l’archaïsme
On n’aura jamais vu auparavant un ministre s’adressant à ses représentants de base dont des centaines sont endoctrinés par des idéaux infects, en l’occurrence le conservatisme, le conformisme, l’arabisation sauvage, mais surtout le radicalisme fondamentaliste et l’extrémisme religieux.
L’école d’aujourd’hui ne répond-elle plus aux aspirations sociales? Benghebrit dit le contraire. Elle repose son argumentaire sur les chantiers qu’elle a lancés. A Oran, la ministre a été crue et nette en annonçant que «le système éducatif est engagé dans une dynamique au diapason des attentes sociales». A la faveur d’une telle déclaration, les partisans du statu quo se compriment davantage dans leurs «entéralgies». Car, ils se rendent compte, enfin, que leur gestion est remise en cause. Et subséquemment, leurs desseins ubuesques sont, à la faveur des réformes de Benghebrit, vouées au revers. Tant pis pour eux tant qu’ils ne veulent plus s’ouvrir sur le monde de la technologie en se figeant sur les pensées archaïques et révolues. Pour Benghebrit, le ton est à prendre en fonction de la situation selon des standards à la fois modernistes et progressistes. Plus jamais de gestion anachronique édictée par le gré des humeurs et des croyances ou encore des convictions politiques. La ministre annonce les jalons qu’elle a mis en place en déclarant en ce sens que «le défi qui se pose consiste à améliorer les pratiques managériales et pédagogiques». Une telle annonce est tellement contondante qu’elle désobligera les tenants du marasme et de la faillite de l’école.
Le fait accompli
Benghebrit achève les détracteurs de la refondation du système scolaire sans avoir froid aux yeux, mais bien au contraire en dévisageant implicitement, c’est dire sans les nommer. Elle les a ainsi invités à passer, sans se tordre, à l’action en «redoublant d’efforts pour maintenir cette dynamique». Comme elle a sommé ces inspecteurs à prendre en compte le perfectionnement dans les taches qu’ils accomplissent en les responsabilisant en tant qu’inspecteurs d’éducation. C’est l’épée de Damoclès au sens figuré. Benghebrit somme «ses» inspecteurs de procéder à «l’élaboration d’une feuille de route axée sur l’amélioration des pratiques pédagogiques et des conditions de scolarité des apprenants». Ces représentants locaux du secteur de l’éducation sont devant le fait accompli, échec et mat. Il est bien évident que de telles nouvelles mesures seront applicables harmonieusement comme une lettre que l’on glisse dans une boîte postale. Le personnel de l’éducation est dorénavant responsabilisé en prenant en compte la gestion et la valorisation du travail accompli par les enseignants. «C’est sur vous que repose le bon fonctionnement des établissements, l’atmosphère de travail, la vie scolaire, l’entente et la collaboration entre les équipes pédagogiques et administratives, et les bons rapports avec les parents», dira la ministre en s’adressant aux responsables des établissements et inspecteurs d’éducation. Le retour à la source est vertu.
Vers la performance
Une telle maxime trouve preneur. Il s’agit de la ministre qui «joint l’utile à l’agréable» en tirant les bons enseignements du passé pour s’en servir en allant de l’avant. S’adressant aux inspecteurs, elle n’a pas omis de mettre l’accent sur «la nécessité d’accompagner les enseignants, de valoriser les bonnes pratiques et de créer une véritable émulation et la concurrence entre les établissements relevant de leur circonscription». Un tel concours a bel et bien existé dans le temps, mais disparu depuis que l’école algérienne a chaviré. Dans le temps, ce procédé permettait l’évaluation des compétences des enseignants et le niveau des élèves. Et la ministre en ce sens d’inviter les chefs des établissements et les inspecteurs à faire preuve de création et de compétitivité invitant le personnel local à démontrer ses talents en s’ingéniant dans des trouvailles et mettre en place des initiatives, pour peu que cela fasse le bonheur éducatif de l’élève. Elle a donc indiqué que son département n’impose pas «l’usage exclusif d’une approche», sachant, a-t-elle expliqué, que toutes «les approches sont complémentaires, et ce, qu’elles soient axées sur «les compétences, les contenus ou les objectifs». «Il faudrait s’attendre, qu’à l’avenir, la recherche en éducation et les innovations pédagogiques proposent de nouvelles approches», a-t-elle affirmé ajoutant que «la nouveauté n’exclut pas, mais complète». «Et que «l’accumulation des expériences sur le long terme est une caractéristique de l’éducation», a expliqué la ministre. La ministre a plaidé à cet égard pour davantage d’engagement et de mobilisation» à l’effet d’atteindre les objectifs fixés, à savoir «l’amélioration des performances internes du système éducatif, des conditions de scolarité et des conditions socioprofessionnelles des personnels». Faut-il soutenir et accompagner cette Dame dans un tel chantier? Aucun des esprits bienveillants ne dira le contraire. Bon vent Madame!