Regain de mobilisation populaire : Le 30e vendredi pour la confirmation

Regain de mobilisation populaire : Le 30e vendredi pour la confirmation

C’est demain vendredi que la rue marquera son 30e acte de soulèvement populaire contre le régime en place et pour l’avènement d’un État de droit. Depuis le 22 février, des millions de citoyens manifestent pacifiquement chaque vendredi pour réclamer le départ de tout le système. Les marches des étudiants, avant-hier, ont donné un avant-goût de ce que seront celles de demain. Il faut s’attendre d’ores et déjà à un raz de marée humain.

La rentrée sociale, l’obstination du pouvoir à maintenir sa feuille de route envers et contre tous, le maintien des détenus pour port du drapeau amazigh en prison… amplifient la colère citoyenne. Demain, des millions de citoyennes et de citoyens battront, encore une fois, le pavé des villes aux quatre coins du pays pour crier à la face du pouvoir leur refus de toutes solutions imposées. Le projet de loi organique relatif à l’Autorité nationale indépendante aux élections concocté et arrangé par le pouvoir et débattu, hier, par une APN dépourvue de toute légitimité, sera, assurément au cœur des manifestations de demain. La rue répondra, comme elle le fait souvent, aux manigances et aux manœuvres du pouvoir. Toujours constant dans ses positions, le mouvement populaire décidera demain du sort du scrutin présidentiel que prépare le pouvoir. Cette 30e marche sera celle de la confirmation du refus de la présidentielle dans les conditions actuelles. Comme les deux précédents scrutins avortés, celui à venir n’aura manifestement pas l’assentiment des électeurs. Un échec annoncé pour les tenants du pouvoir.

L’issue du bras de fer engagé avec une rue de plus en plus exigeante et de plus en plus mobilisatrice semble se dessiner. La rue le renouvelle chaque vendredi. Cette même mobilisation qui a mis en échec, entre autres, le 5e mandat de Bouteflika, deux élections présidentielles, saura s’opposer, toujours pacifiquement, au projet d’un système dont il réclame le démantèlement. Les marches attendues pour le 30e acte seront également une occasion aux manifestants pour exiger la libération des détenus, notamment les jeunes porteurs du drapeau amazigh, incarcérés depuis plusieurs semaines. La persistance de la mobilisation citoyenne contre le système, ses hommes et ses symboles, depuis bientôt 8 mois, ne laisse guère de répit à un pouvoir de plus en plus discrédité et isolé. Le coup de force en préparation, seule alternative des hommes du système, ne peut se satisfaire de la répression et de la fermeture des espaces d’expression pour garantir un quelconque aboutissement.

Dépourvu de toute légitimité institutionnelle et privé de tout soutien populaire, le pouvoir qui a pris le relais après la capitulation du clan Bouteflika, s’enfonce davantage. Face à la mobilisation citoyenne, son entêtement à imposer une présidentielle sans passer par la satisfaction, au préalable, des revendications de la rue, le projet du pouvoir réunit toutes les chances pour échouer. L’opération confiée au panel de Karim Younès avec sa pléiade de “personnalités” rencontrées et les propositions faites à l’Exécutif qui a vite fait de les adopter ne peut être considérée comme un gage de bonne volonté du régime à trouver la solution idoine à la crise. Tout projet qui ne prend pas en charge les revendications citoyennes est voué à l’échec. Demain, la rue réaffirmera ses intentions. Le pouvoir va-t-il se ressaisir ?

Mohamed Mouloudj