La liste socialiste dans le Grand Est de la France a désobéi mardi aux instances nationales du parti en refusant de se retirer dans une troisième région pour faire barrage au Front national au second tour des régionales de dimanche prochain.
La majorité des membres de la liste PS en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine ont refusé de subir le même sort que leurs homologues en Provence-Alpes-Côte d’Azur et dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, qui disparaîtront de la scène politique régionale pendant les six prochaines années. Les règles permettent de confirmer la liste puisque seuls 71 colistiers sur 189 se sont désistés auprès de la préfecture jusqu’à 18h00 – il en fallait 95 pour que l’invalidation devienne automatique.
Les pressions du Premier ministre Manuel Valls et du premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis n’ont donc pas payé, pas plus que les appels des colistiers de Jean-Pierre Masseret. « Je demande que Jean-Pierre Masseret, en son âme et conscience, entende l’appel des militants socialistes et retire sa liste », a dit à la presse Pernelle Richardot, tête de liste départementale dans le Bas-Rhin.
La liste est arrivée en troisième position du premier tour, dimanche, avec 16,11% des suffrages, loin derrière celles des Républicains (25,83%) et du Front national (36,06%).Avant de connaître le résultat de ses appels dans le Grand Est, Manuel Valls avait de nouveau attaqué Nicolas Sarkozy. Il a accusé l’ancien chef de l’Etat de « courir derrière l’extrême droite » après le refus des Républicains de créer un front pour le second tour des élections régionales.
« Quand on a été président de la République, quand on est chef d’un parti, on prend ses responsabilités », a-t-il souligné. « On fait des choix, on ne court pas derrière l’extrême droite et le Front national, on est au clair, on ne met pas au même niveau la gauche et l’extrême droite », a-t-il déclaré.
Nicolas Sarkozy n’est pas seulement la cible des socialistes et a dû s’employer mardi à calmer ses troupes inquiètes. Il a exhorté le groupe LR à l’Assemblée au « sang-froid » et à l’unité afin de gommer la « déception » du premier tour des régionales le 13 décembre prochain, tout en concédant qu’un débat sur la ligne des Républicains, réclamé par ses rivaux, s’imposerait après le scrutin.
Si les listes de droite sont arrivées dimanche dernier en tête dans quatre régions (Normandie, Pays de la Loire, Ile-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes), elles n’ont pour l’heure que la certitude d’une victoire dans les Pays de la Loire.
En face, le Front national est en mesure de remporter au moins deux régions, celles où le PS s’est désisté, et la gauche pourrait, dans une hypothèse favorable, s’imposer dans une demi-douzaine de régions, voire plus.
En Bretagne, Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin et Corse, elle est en tête. Un bon report de voix au second tour pourrait la faire gagner en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, Centre-Val de Loire, Bourgogne-Franche-Comté et Ile-de-France.
Quant aux régions Auvergne-Rhône-Alpes, Normandie et Pays-de-la-Loire, elles pourraient basculer à droite comme à gauche mais le total des voix de gauche est potentiellement supérieur. La gauche s’est par ailleurs mise en ordre de bataille pour le second tour en concluant des accords d’union partout où c’était possible, sauf en Bretagne, où les listes emmenées par le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian et celles d’Europe Ecologie-Les Verts n’ont pas réussi à trouver un compromis.
La secrétaire nationale d’EELV, Emmanuelle Cosse, a réagi sur Twitter en estimant que Jean-Yves Le Drian ne voulait pas d’accord et dénoncé « une attitude lamentable ».
Le ministre de la Défense est quasiment assuré de l’emporter au deuxième tour en Bretagne après avoir largement devancé le candidat de la droite et du centre Marc Le Fur (23,46%) et le candidat du Front national Gilles Pennelle (18,2%).
Reuters